INSTITUT LEININGER - Ecole de Yoga du K.R.I.Y.A.
- Un bon mental, une bonne philosophie de vie, un corps souple et fort pour mieux vivre sa vie -
YOGA et indispensables prérequis (2)
Dans le
numéro 140, j'annonçais, aussi bien dans la fiche technique présentant
"Matsyâsana, le Poisson" que dans
l'article "Indispensables prérequis",
que je comptais bien revenir "très bientôt", plus en détail sur l'essentielle question des
prérequis afin d'en développer, un peu plus, certains aspects techniques et
pédagogiques ...
Voir aussi :
-
Une méthodologie adaptée
-
Nuances
- Le mouvement c'est la vie
-
Méditation et action
- Yoga et Kriya-s
-
Une très vieille tradition -
Votre séance de Yoga
-
Niveaux de pratique
- Hatha-Yoga
- Réflexions
sur le Yoga
-
Yoga et énergie/énergies
- Le Yoga est-il un sport ?
- La
posture
- Efficacité du
Yoga - Le Yoga de A à Z
-
Yoga et qualité de vie
-
Améliorer le Yoga
- Une culture du Yoga
-
Yoga, école de Conscience -
Concept de souffrance
humaine
-
Philosophies de l'Inde - Le
Yoga, voie d'autonomie
...
Chose promise étant chose due, allons-y!
Illustration :
Matsyâsana, style Van Lysebeth, années 80
Commençons par le commencement
Dans la partie consacrée aux "Indispensables prérequis" (Drish 140, page
13), je précisais qu'il n'est jamais question de forcer le corps, et qu'on ne
doit pas lui imposer quoi que ce soit de façon exigeante, mais plutôt lui
demander d'effectuer en douceur, le travail régulier qu'on lui demande.
L'idée sous-jacente est qu'il n'est nullement question de lutter contre sa
structure, car ce serait contraire au principe de "Ahimsa", la non-nuisance qui
est aussi, en positif, la bienveillance, voire, la mansuétude.
On ne contraint pas le squelette, les articulations, les ligaments, mais on doit
toujours travailler de manière respectueuse, comme le conclut l'article sur la
"Respiration yogique".
Cela implique de connaître les lois physiologiques que nous verrons lors de la
première session de l'été 2017 ("Santé par
le Yoga"). Fort de ces connaissances, on doit œuvrer avec précision et
douceur.
C'est ce qui permet d'utiliser les moyens que le corps met à notre disposition
tout en tenant compte des points faibles que nous avons toutes et tous.
La posture du Poisson décrite dans le précédent numéro, n'échappe pas à ces
principes évidents et impératifs. Nous allons, donc, pouvoir, pousser plus loin
le sujet de ce jour.
Mais, auparavant, je vais vous demander de prendre le temps
d'observer les deux clichés de la
première page et d'essayer de voir ce qui peut les distinguer, mis à part la
position de la tête et des bras ainsi que, bien sûr, ce qui peut être
superficiel : vêtements, âge, etc.
Il s'agit de "Bhujangendrâsana",
le Cobra royal photographiés en 1979 et dans les années 90 et en présentant deux
formes.
Une préparation longue et assidue
Illustration :
D'après Georges Hébert
Dans la description de la posture du Poisson ("Matsyâsana", Drish 140), je précisais qu'il est parfois dit qu'elle
permet d'ouvrir le thorax. J'ajoutais que certaines conditions sont à réunir :
ce sont les prérequis.
Certains ouvrages modernes prétendent qu'elle fait bouger les côtes dans le sens
de l'expansion et qu'elle permet une dilatation de l'appareil respiratoire.
Le dessin ci-contre est tiré de "Muscle et
beauté plastique féminine", de Georges Hébert qui, au début du XXème siècle,
a étudié, en de nombreuses contrées du monde, les positions corporelles et ce
que chacune/chacun était capable de faire de son propre corps, compte tenu que,
selon lui, ce qu'un homme pouvait faire, la femme aussi.
Mes lecteurs assidus retrouveront ce dessin ainsi que tout un développement sur
la cage thoracique dans les numéros 66 et 67-68 de la revue Drish, datant de
2002. L'article le portant avait pour titre : "Bombez le torse", ce qui n'est ni un conseil, ni une attitude à
chercher.
On peut observer, sur ces deux dessins d'Hébert, que la forme des côtes peut
être tout à fait naturelle et ensuite, optimisée ou rétrécie selon les
péripéties de la vie. La conclusion est alors aisée à poser : on est en présence
de deux formes thoraciques différentes que l'on peut associer à un mode
respiratoire plus ou moins performant.
Revenons à nos poissons
La condition pour pouvoir accéder au travail postural statique du Poisson,
exige un travail puissant permettant, comme je l'annonçais, de le rendre
pleinement efficace et bénéfique.
Illustration :
"Baddhapadmamatsyâsana"
Posture du Poisson en Lotus lié, 1979-1980
J'avais promis dans ce même numéro 140, de montrer des photos permettant de
rendre compte de la puissance du travail du Yoga, sur le corps, en particulier
sur l'appareil respiratoire.
Je pense que vous avez eu le temps, avant d'arriver à ces lignes, de voir les
deux clichés placées en page 1 de ce numéro. Alors ? Vos avis ? Vos observations
? …
La grande différence entre les deux qu'environ 12 années de travail séparent,
porte sur la forme du thorax.
Voyons les deux clichés face à face, donc dans un ordre non chronologique, afin
de mieux montrer la différence de forme de la cage thoracique sur laquelle une
pratique très assidue du Yoga traditionnel a eu un effet particulièrement
puissant et confirme ce que De Sambucy disait du poumon, qu'il est le "sculpteur
caché". L'expansion thoracique et l'agrandissement de son diamètre
antéro-postérieur est à noter.
On peut voir aussi, le redressement de la colonne vertébrale dorsale et le
rapprochement des omoplates, tous deux visibles au niveau du pli du vêtement
dans le dos (cliché de gauche).
Action !
Compte tenu de l'importance de la respiration en Yoga, il paraît logique et
évident que le travail à effectuer doit rendre cette fonction naturelle plus
aisée en même temps que plus ample, ceci dans un but de ralentissement puisque,
comme nous avons pu le voir l'été dernier, plus la respiration est ample, plus
elle est lente, plus elle est lente et plus l'oxygénation et la capacité de
concentration augmentent. On le voit, l'effet est à rechercher.
Mais, encore une fois, il ne se commande pas, ne s'impose pas. On doit donner au
corps, les moyens de bien fonctionner, de bien respirer : le Yoga y contribue
énormément.
A ce sujet, vous trouverez sur mon site, dans la partie consacrée à "Institut
Leininger", une page sur "Vos
témoignages". Une pratiquante venue pendant longtemps, a vu sa morphologie
changer et son corps se redresser, avec une position verticale autre et une
expansion thoracique différente. Ce résultat a été obtenu après plus d'un an de
travail assidu en séance individuelle.
Un travail énorme …
L'action sur le thorax est associée à celle directe sur les côtes et sur la
colonne vertébrale thoracique ou dorsale sur laquelle les premières sont fixées.
Cette vision de la liaison des côtes et de la colonne, permet de mieux
comprendre ce qui se passe au niveau physiologique. Le Yoga, par ses mouvements
et postures, agit fortement sur la libération de la cage thoracique, comme le
montrent les deux clichés du Cobra royal pris à 12 ans d'intervalle. En tenant
compte de la relative fixité de notre anatomie, on comprend que la modification
corporelle ne se fait pas en une seule séance de travail.
Seule l'assiduité se montre payante.
Aussi, l'engagement à suivre est lié à une bonne dose de patience nécessaire à
l'ensemble de la pratique du Yoga et de toute discipline quelle qu'elle soit.
Cela n'est pas facilité par nos positions quotidiennes de sédentaires qui vont à
l'encontre d'un redressement idéal du dos et de l'ouverture thoracique.
Illustr. :
Colonne vertébrale dorsale
La colonne vertébrale thoracique marque un arrondissement plus ou moins
marqué, la cyphose, qui va dans le sens de la fermeture de l'ensemble
thoracique. Quant aux côtes, elles ont la forme d'une cage qui est protectrice
du bloc cœur-poumons.
Or, contrairement à ce que l'on pourrait penser, ce n'est pas en crispant les
muscles du dos que l'on peut ouvrir le buste, mais par une action de
redressement et de mobilisation de la colonne vertébrale dorsale. Cette
ouverture présente de nombreux avantages, surtout au plan respiratoire, on s'en
doute, mais aussi au niveau énergétique, mental et psychologique. D'autre part,
elle doit impérativement précéder toute technique tendant à amplifier
l'expansion "forcée" des côtes.
… et très précis.
Par conséquent, on doit, avant toute chose, mobiliser la colonne dans sa
partie dorsale, les articulations costovertébrales, les côtes elles-mêmes. Il
faut aussi travailler à bien placer les éléments de l'anatomie corporelle qui
ont à voir avec la respiration : tête, bassin, colonne, sangle, diaphragme.
On le voit, c'est un sacré travail!
Colonne vertébrale dorsale redressée (partie)
D'autant plus que la configuration des apophyses épineuses (voir schéma
ci-contre) freine le redressement de cette portion rachidienne. On voit
nettement sur ce dessin, les apophyses dont la longueur et l'inclinaison gênent
considérablement, l'extension rachidienne. Ce travail est facilité par
l'utilisation des leviers que constituent nos deux membres supérieurs qui
permettent d'agir directement sur les côtes.
Comme je l'énonçais dans le dernier numéro de la revue, cette utilisation doit
être mesurée. C'est par le jeu des muscles et des articulations que, peu à peu,
la forme corporelle va se modifier dans le sens souhaité, sachant que ce
résultat demande de la patience, de l'assiduité, donc beaucoup de temps. Ce
n'est qu'à la condition de l'assouplissement de la colonne vertébrale
thoracique, que l'ouverture des côtes peut s'effectuer, car toutes les
articulations de la colonne sont à la fois complexes et solides, comme le
montrent les dessins anatomiques présents dans cet article et dans les
mémorandums consacrés à ce sujet.
Illustration :
Action
d'une côte sur deux vertèbres.
Des leviers naturels.
Les côtes vont agir dans ce sens recherché, en faisant levier, ce qui est
naturellement facilité par leur position accolée à deux vertèbres (schéma
ci-contre) et en contact direct avec les apophyses transverses (Cf. le schéma en
page 16) avec lesquelles elles s'articulent à deux niveaux différents.
Ainsi, une bonne expansion thoracique comme celle montrée dans la posture
Matsyasana, le Poisson (Drish 140), va nécessiter un premier travail articulaire
allant dans le sens d'une mobilisation assouplissante, puisque forcer un système
ne pouvant jouer librement demanderait une énergie énorme.
De plus, comme j'ai déjà pu l'énoncer, il serait voué à l'échec. Cet échec
serait d'autant plus grand que le soulèvement du thorax se ferait dans un plan
parallèle au sol et que la colonne cervicale subirait alors, une cambrure
totalement néfaste à sa santé.
L'expansion du thorax, le rapprochement des omoplates et la mobilité de la
colonne dorsale visible sur le cliché de la page 15 et en page 1, sont visibles
ou au moins perceptibles.
Ce n'est qu'un long travail de préparation.
Seule une action d'ensemble comme celle indiquée ici, s'étalant sur des années,
peut modifier avantageusement tout l'étage thoracique, entraînant à la fois le
confort dans certaines pratiques, l'efficacité, un maintien plus ajusté, une
ventilation de meilleure qualité, le calme mental.
Indispensables prérequis.
Cet exposé sur les prérequis s'avérait nécessaire car le Yoga nécessite
qu'ils soient acquis.
Il faut noter qu'ils ne concernent pas que la fonction respiratoire : toutes les
techniques de Yoga doivent passer par cette acquisition.
C'est la garantie d'en retirer un maximum de bienfaits tout en évitant tout
risque de mal pratiquer.
Ce n'est qu'une question de travail, comme d'habitude.
Et comme d'habitude, je ne puis conclure qu'en vous souhaitant : bon courage !