|
INSTITUT LEININGER
Yogathérapie - Thérapie holistique
- Ecole de Yoga du Centre de Recherche Indépendant de Yoga Adapté
(K.R.I.Y.A.)
Pour votre bien-être |
|
- Un bon mental, une bonne philosophie de vie,
un corps souple et fort pour mieux vivre sa vie -
Réflexions sur le Yoga et l'être
Schopenhauer, philosophe du XIXème siècle que l’on qualifiait de pessimiste
alors qu’il était simplement, réaliste, disait :
˝Ma philosophie ne m’a rien apporté, mais elle m’a beaucoup épargné˝.
Voilà qui nous parle, j’en suis sûr.
Il ajoutait qu’elles ont, je cite :
˝… à nous rappeler ce qu’il y a d’analogue dans notre culture
et que nous avons oublié; elles ont à attirer notre attention
sur ce que nous
repoussons comme sans importance, c’est-à-dire, sur le destin de notre humanité
intérieure.
La connaissance accrue de la spiritualité orientale ne doit être
pour nous que l’expression symbolique du fait que nous commençons
à entrer en relation avec ce qui nous est encore intérieurement étranger.
Le reniement de
notre propre condition historique serait une folie : ce serait le plus sûr moyen
de nous mener
à un nouveau déracinement.˝
Fin de citation.
Les ˝grands˝ de ce monde
Cette démarche de se construire une bonne philosophie de vie, trouvera encore
plus de force si l’on s'inspire, pour la suivre, de quelques ˝grands˝ de ce
monde qui ont permis à l'humanité de faire de grands pas, sachant que comme le
disait Confucius :
˝Le malheur des hommes c’est de vouloir
enseigner les autres˝.
Les sages de l’Inde se sont appuyés sur la perception du monde, de
l’environnement, de leur propre corps, pour comprendre le sens de l’existence et
en tirer une philosophie de vie assurant, à long terme, de se libérer des
turpitudes de la vie humaine. Par exemple, pour parler d’une que j’apprécie
particulièrement, celle du sage indien
Vivekananda, est surprenante, tant en qualité qu’en quantité et son enseignement
fait de tolérance et de respect, est totalement compatible avec notre monde
moderne, plus de 100 ans après sa disparition.
Et je n’oublierai
pas, surtout pas, le discours tonique et heureux de la sage indienne Ananda Moyi, si souriante qui nous encourage à cultiver la joie
tout comme le psychanalyste italien Assagioli prônait la
˝sagesse souriante˝.
Nous devons considérer
que l’un des sens du mot
˝Yoga˝ est
˝joindre˝ :
il sert à unifier l’être et ses diverses composantes décrites par la tradition
indienne et admises suite à des siècles d’échanges et de pratique poussée, tant
au niveau des possibilités du corps physique qu’aux niveaux énergétique et
mental. C’est pourquoi,
la conception indienne de l'être humain
dans sa globalité, peut guider nos choix d’ascèse personnelle
respectueuse du corps et du mental.
Une discipline heureuse
La discipline est une dimension essentielle du Yoga et n’est ni tristesse ni
mortification d’autant que les textes du Yoga évoquent explicitement et
clairement, la joie, la bienveillance, la félicité, la sympathie, l’amitié …
La manière qu’a l’Inde de concevoir la constitution et les composantes de chaque
être vivant qui n’est pas considéré comme un désordre de divers éléments
constituants mais comme un tout psychique, énergétique, corporel, spirituel,
émotionnel, cette manière, donc, amène les conditions idéales pour accéder aux
états mentaux supérieurs allant de la concentration à la méditation. C’est la
condition d’union pour enfin
comprendre ce que
˝méditer˝ signifie concrètement. Cet art nécessite de posséder les moyens
nécessaires que l’adepte doit s’attacher à acquérir de façon sûre et durable,
pour maîtriser les outils nécessaires à une méditation correcte et efficace.
˝Connais-toi toi-même !˝
Cette façon de voir la merveille
de l’humain impose de travailler au
˝Connais-toi toi-même˝
cher à Socrate, qui a son équivalent dans le Yoga. En effet, le quatrième
principe de la deuxième étape du Yoga pose la nécessité de procéder au
˝Svadhyaya˝, l’étude (˝adhyaya˝)
de soi (˝Sva˝) pour laquelle le Yoga met à notre disposition de nombreux
moyens, tant par la compréhension théorique de ce que nous sommes que par
l’expérience psychocorporelle. Ainsi,
l’étude du fonctionnement du système nerveux et de ses deux composantes (système
nerveux central et système
nerveux autonome ou végétatif), donne des éléments de compréhension de la
démarche proposée par le
Yoga traditionnel. La compréhension de la structuration cérébrale qui
s’est faite avec l’évolution des espèces et de son lien au
comportement humain, permet de compléter cette approche d’une connaissance
de soi qui éclaire de façon surprenante la sagesse des enseignements
philosophiques de l’Inde antique. En 1995 à Paris, j’ai animé un stage de
Yoga pour l’association des amis d’André Van Lysebeth et ai posé les éléments
assurant l’approche et la compréhension du thème :
˝La souffrance
est liée à l’ignorance : le cerveau est-il complice de la condition humaine ?˝
Ma démarche est la suivante : savoir comment nous fonctionnons au plus profond
de notre intimité cérébrale dont nous ne pouvons que percevoir les effets
quotidiens dans nos gestes, pensées, comportements, amène à nous rendre compte
de la lucidité des anciens Yogis de l’Inde pour lesquels l'identification des
sources de souffrance humaine, la logique d’élévation de l'être passant par
l'utilisation du corps et du mental selon le principe du
˝Mens sana in corpore sano˝, le contrôle de soi, l'action juste, la
capacité à prendre des positions fermes et douces à la fois, tant physiquement
que socialement, la définition du sens que l'on donne à sa propre vie,
l'adoption d'une nécessaire philosophie de vie et d'un idéal de vie, la
simplicité en même temps que la détermination dans ses choix d'action,
l'acceptation, l’adoption de principes et valeurs élémentaires, tous ces
éléments qui nous ont été apportés par de grands penseurs et de grands sages,
définissent un plan d'action visant au rétablissement, au renforcement et au
maintien d'un état particulièrement précieux : l'harmonie.
Une merveilleuse organisation
Il est évident qu’il est possible de faire un lien
entre les tracas de la condition humaine et la structuration de notre encéphale.
Nous en avons eu un large aperçu en été 2014 lors des sessions en Espagne au
cours desquelles nous avons étudié le rapport entre la psychologie des émotions,
le diaphragme et certains centres nerveux précis. C’est la raison pour laquelle
nous ne pouvons faire l’économie de l’approche, si ce n’est l’étude, du
fonctionnement de cette part de nous-mêmes dès l’instant où nous décidons de
nous mettre au travail pour mieux nous connaître et agir dans les meilleures
conditions en respectant les principes élémentaires de la tradition du Yoga.
Cette perspective est conforme au point de vue de Jung selon lequel, je cite :
˝C’est
uniquement en nous tenant fermement sur notre propre terrain que nous pourrons
assimiler l’esprit de l’Orient …˝
Orient et Occident
Cette connaissance est d’autant plus importante que les sensations venant de
l’environnement quotidien nous assaillent. De ce fait, nous ressentons de plus
en plus le besoin de vivre l’ici et
maintenant dans de bonnes conditions.
Il importe de mettre en relation les philosophies de l’Inde et les connaissances
que l’Orient et l’Occident mettent à notre disposition à propos des couches
psychiques les plus profondes de l’être. Car si les découvertes faites dans le
domaine du subconscient sont officiellement le fruit du travail de chercheurs
occidentaux, l’inde a, depuis très longtemps, nommé les structures inconscientes
de notre psyché la plus profonde.
Nous ne nous doutons pas qu’en nous asseyant sur notre tapis de Yoga, nous
reproduisons avec précision l’attitude de
˝Pashupati˝ trouvé dans les vieilles pierres oubliées des cités de l’Indus.
Nous pouvons décemment dire qu’il y a plusieurs milliers d’années que l’humanité
dans son ensemble, est en recherche d’explications et de solutions. Sur ce plan,
l’Inde n’est pas en reste : elle a permis la naissance, la croissance et
l’expansion de systèmes permettant à chacun de trouver des moyens répondant à sa
propre nature, à ses tendances et à son évolution. Ces moyens nous parlent, nous
Occidentaux si attirés par l’Inde et ses philosophies, sa pensée, son
originalité, sûrement tout ce qui faisait qu’André Malraux voyait l’Inde comme :
˝… l’ancien Orient de notre âme˝.
Ascèse et libération
Le but principal de chaque Indien est de se libérer de sa condition : l’ascèse
est le moyen, soutenu par une philosophie constructive, elle-même fondée sur
d’anciens principes pourtant marqués d’un caractère universel indéniable et
pouvant mener à l’harmonie.
Une des clés est qu'elle est là, présente en permanence au fond de nous-mêmes et
qu'elle s'exprime parfois, lorsqu'on lui en laisse la possibilité. Aussi, pour
qu'elle se renforce et s'exprime davantage dans les circonstances qui sont
celles de notre quotidien il importe d'accepter de voir qu'il nous faut
l'établir en nous-mêmes avant de la mettre en place avec le monde environnant,
l'établir signifiant aussi, dans certains cas, la reconstruire, ce qui demande
un travail particulièrement ardu nécessitant une assiduité guidée par celles et
ceux qui nous ont précédés.
La première étape est de prendre conscience des causes de nos dysharmonies, de
nos pensées, comportements, gestes, qui, en même temps qu’ils peuvent parfois
polluer nos contemporains, sont l'expression d'un mal-être oublié mais toujours
présent, refoulé mais toujours actif, masqué et pourtant toujours prêt à se
manifester. Notre corps, notre mouvement, l’expression de certaines de nos
fonctions vitales trahissent ces désordres et il importe d'accepter de les
prendre en considération pour les arranger, les redresser, d'autant que pour
tenter de les étouffer, l'intelligence du corps dresse des barrières, des
murailles, des blindages, des carapaces de plus en plus lourdes, de plus en plus
épaisses, de plus en plus impénétrables, de plus en plus difficiles à démonter
et aussi, hélas, nous rendant incapables de goûter aux douceurs et beautés de
l'existence.
On n’apprend pas à respirer
De plus, ces blindages qui se forgent au cours des années et des décennies ont
des conséquences terribles et indéniables qui vont nécessiter un travail de
contrôle de soi qui concerne à la fois le mouvement, le souffle, la
conscience. C’est la raison pour laquelle bien respirer ou mieux respirer est
particulièrement important, même essentiel … mais cela ne s’apprend pas. En
effet, il faut d’abord se livrer à un travail très concret sur
les moyens de débloquer le diaphragme si souvent contracté et crispé. Pour
pallier à cela, le Yoga apporte plusieurs moyens visant à détendre le muscle
diaphragmatique dont les blocages qui gênent donc la respiration, sont dus à
plusieurs facteurs d’ordre anatomique et-physiologique, psychologique,
traumatique, émotionnel. La pratique et la compréhension des mécanismes en
présence permettent de travailler à la libération de cette double coupole et
aussi de prendre conscience des causes diverses des blocages de la respiration,
afin de la délier de façon durable. Car tout est là : il est question d’une
progression assidue et continue qui ne connaisse ni recul, ni arrêt, comme nous
encourage ce vieux proverbe chinois qui dit ceci :
˝Ne crains pas d’avancer lentement, crains
seulement de t’arrêter !˝
C’est pour cela que cet apprentissage, cette nouvelle prise de contact avec
le fond de nous-même, ce cheminement, passent, pour le Yoga, par plusieurs
étapes en plus du silence qui constitue une pratique fondamentale commune à tous
systèmes initiatiques, si l’on considère que le Yoga en est un, comme je le
pense. En effet, le plus souvent, c’est un des travers de notre vie moderne de penser à se
ressourcer par un surcroît d’agitation extérieure plus que par le silence.
Silence ou dispersion ?
Or, la
régénérescence est largement aidée par la mise au repos complet des organes de
la phonation, ce qui influe sur le mental, sur l’attitude corporelle et apporte
une grande paix intérieure. C’est pour cette raison qu’il est si bon de faire sa pratique du Yoga en silence.
Le Yoga amène à découvrir le fond de soi par le ressourcement dans le
retrait décidé, la solitude choisie, le silence verbal établi sans contrainte.
Les moyens de nous régénérer sont en nous-mêmes, dans la recherche de ˝l’Etre˝,
non du ˝Faire˝. La pratique décidée du silence passe par le contrôle de la
parole et, par voie de conséquence, du geste, ce qui génère un impact
insoupçonné sur le mental ainsi que sur l’attitude corporelle tout en apportant
une grande sensation de paix intérieure rarement connue.
Réapprendre à ne pas parler, à contrôler sa parole, à maîtriser son expression :
voilà un programme utile en ce qu’il est l’occasion d’une sérieuse économie
d’énergie nerveuse et psychique : c’est le message de la session sur l’énergie
de Janvier 2016 et du numéro spécial de la revue portant sur l’énergie et parue
fin 2013. En effet, l’air inspiré donne
deux carburants : ce que les Indiens nomment prâna et l’Oxygène.
Le Yoga enseigne à équilibrer les énergies (Vâyu)
et aussi à s’économiser plus qu’à se disperser. S’ajoutent à cela le
silence des mains et des pieds comme nous avons pu le voir en
Mai 2014 et comme nous le verrons cet été. Il y a dans cette maîtrise des sens
de quoi retrouver le calme en soi et éviter le stress.
Au-delà ou en plus de ce silence évoqué, je reviens aux étapes de
l’apprentissage, à peine mentionnées ci-dessus.
Le commencement
La
première est que tout être humain peut prendre en considération une sorte
d’insatisfaction de s propre existence, aux causes parfois inconnues. Pour les
philosophies de l’Inde dans leur ensemble, elle n’est due qu’à certaines
conditions extérieures : les êtres vivants, humains et animaux, les variations
liées au ciel à quoi s’ajoute surtout, ce qui fait le caractère humain de notre
condition.
L’Ignorance et les tracas qui en découlent à savoir le rejet, l’attachement, la
peur de la mort, l’ego mal placé ou mal dimensionné, sont à identifier avant
d’avancer sur la voie d’un pas (˝pada˝
en sanskrit) sûr. En ce qui nous concerne, la voie passe par l’utilisation du
corps et de tout notre être comme d’un outil efficace en même temps qu’il est à
découvrir à chaque instant et à entretenir, d’autant que le souffle étant lié au
mental, nous disposons là d’un merveilleux assemblage d’une incomparable
utilité.
Toujours sur ce chemin et avec cet objectif, la deuxième étape est de se
préparer physiquement et mentalement sur la voie d’une ascèse non mortifiante et
non destructrice, mais structurante et puissante menant à l’équanimité qui n’est
autre que l’égalité d’âme prônée par tant de sages, aussi bien en Inde et en
Chine qu’en Occident.
Puis vient la troisième étape qui est de choisir des principes pouvant
constituer une vraie philosophie de vie dont je parlais en commençant mon
propos, mais une philosophie de vie non pas gouvernée par une personne
extérieure, car rien ne vaut mieux pour chacun, ˝…
sa propre loi d’action …˝ (voir la citation de la Bhagavad Gîtâ dans
chaque numéro de la revue de Yoga, au bas de la page 3), mais décidée par soi et
choisie dans l’immense richesse des philosophies tant d’Orient que d’Occident,
tout en faisant en sorte que pensée, parole et action soient en accord et que
notre attitude dans l’existence soit, le plus possible, conforme au message
profond de la voie choisie.
Bienveillance, joie, sympathie, contrôle des mots et des gestes, exaltation de
la vie et préparation à la mort, rectitude, connaissance de soi, sont là pour
nous assurer un idéal de vie. Le contrôle des sens et le détachement, le don de
soi et le contentement parachèvent cette voie que chacun peut encore enrichir et
compléter selon ses valeurs profondes et selon la nécessité d’une loi d’action
juste et inflexible, toujours dans l’esprit de liberté et d’indépendance qui est
propre aux yogis de l’Inde, depuis des milliers d’années, selon le principe de ˝Svaraj˝
qui n’est que le gouvernement de soi par soi-même, ce qui est en accord avec nos
valeurs occidentales de liberté et d’action.
Il ne reste plus alors qu’à œuvrer au quotidien dans le sens de
˝sthirasukham˝ développé dans Drish
131 : la douceur devient alors un précieux guide, couplée à la force, les deux
fonctionnant selon une harmonie qui va permettre de retrouver la sérénité, la
plénitude, la fluidité de l'existence et aussi une attitude de bienveillance et
de respect, de justice et de compréhension, de détachement et de communication
avec soi, avec les autres et avec ce qui nous entoure.
Merci de votre attention.
Retour à la page d'accueil