INSTITUT LEININGER
Centre de Recherche Indépendant de Yoga Adapté (KRIYA) Thérapie holistique - Yogathérapie - Ecole de Yoga du K.R.I.Y.A. Ecole de Yoga - Pour votre bien-être |
- Un bon mental, une bonne philosophie de vie, un corps souple et fort pour mieux vivre sa vie -
L'efficacité du Yoga et de la Yogathérapie
associés à l'approche holistique
de l'Institut Leininger
Par périodes, le Yoga connaît, dans les médias et dans l'esprit des gens, un
regain d'intérêt qui passe et revient avec une certaine régularité.
C'est une question de communication, de modes, de courants plus ou moins
fluctuants en fonction des demandes et besoins du public, sachant que c'est très
souvent et parfois même, tristement, avant tout, le pouvoir médiatique qui
influence et oriente les choix en laissant croire qu'il fournit toutes les
données nécessaires à leur maturation.
Voir aussi :
-
Yoga, philosophie de vie
et harmonie
-
Contrôler le mental
-
"Shaucha" (Drish
137-138)
- Mon expérience -
Le Yoga taoïste
- L'esprit de
l'école de Yoga - Les stages proposés
- Stages de l'été
prochain
- Charte de
l'enseignement
- Prochains rendez-vous - Gill-Eric Leininger
Molinier -
Cours réguliers
de méditation
Le texte qui suit correspond au contenu de la conférence toulousaine assurée récemment, dans le cadre d'un salon sur la santé dont le thème était : "Yoga et philosophie du bien-être".
L'efficacité du Yoga
Voyons quelques exemples qui vont permettre d'asseoir cette idée d'une
communication parfois excessive.
Le premier concerne le Taï Chi Chuan, la "boxe de l'ombre", art martial chinois
qui est une sorte de gymnastique lente en relation au souffle.
J'ai été initié aux prémices de cette discipline, en 1979 et l'ai enseignée en
1984 dans une salle privée du centre de Toulouse.
Il y avait, à cette époque, peu d'amateurs. Peu à peu, la communication a fait
son travail et tout le monde (c'est une façon de dire …) connaît le "Taï Chi",
au point que ceux qui en parlent, rencontrant quelqu'un qui ne le connaît pas,
sont prêts à lui dire : "… Comment, tu
connais pas le tai-chi ?..."
Il est devenu un élément de notre culture, tout comme le Chi Kong qui sera,
ici, mon deuxième exemple.
Yoga chinois
Comme j'ai pu l'exprimer dernièrement (Drish n°125 et 135), le Chi Kong dont
le nom est parfois orthographié autrement, n'est appelé ainsi que depuis des
temps assez récents.
Il est à remarquer que la transition de l'ancien au nouveau, s'est faite dans
une discrétion totale, au point que peu de gens savent aujourd'hui, ce que fut
ce système devenu très en vogue.
Le Chi Kong est le nouveau nom du
Yoga chinois dont vous connaissez certaines
techniques pour les avoir pratiquées lors de certaines de mes séances ou de
certains stages.
Il fut la première forme de Yoga à laquelle je me suis mis de manière régulière,
en même temps que je faisais connaissance avec le Yoga indien.
Ce que le
Yoga chinois a de chinois, concerne ses origines. Il est né à Shaolin
et son autre appellation est : Kung-Fu interne ou Nei Chia. Il constitue la
partie du Kung-Fu par laquelle ceux qui s'exerçaient au Kung-Fu Wu Shu ou
Kung-Fu de combat, devaient renforcer leur corps.
Les exercices de Kung-Fu Wu Shu et du Kung-Fu interne ont été développé par
Boddhidharma, un prince indien arrivé en Chine au Vème-VIème siècles de notre
ère.
… et la "sophro", dans tout ça ?
Quant à la sophrologie dont on entend souvent parler et qui est parfois mise
en parallèle avec le Yoga, elle sera mon troisième exemple.
Elle présente au moins deux points communs avec le Yoga : la relaxation et le
travail mental.
Son inventeur, Caycedo, a eu l'occasion de goûter à la pratique du Yoga, en Inde
et n'en a conservé qu'une partie seulement, délaissant de nombreuses composantes
qui donnent au Yoga, son caractère de complétude.
On peut donc dire très justement que la sophrologie est issue du Yoga sans en
avoir conservé tout ce qui en fait sa force.
J'ai déjà pu dire que si le Yoga n'était considéré que comme une sorte de
gymnastique, Il serait dépassé par d'autres techniques, dont beaucoup sont
occidentales et, pour la majorité, nées en France (Mézières, Hébert …).
Mais heureusement, le Yoga est bien plus qu'un ensemble de mouvements : pris
dans sa dimension globale, dans son intégralité, c'est ainsi qu'il apporte de
nombreux effets dont je parlais tant en ce qu'ils sont prévisibles que dans leur
aspect totalement inattendu (Cf. Drish 120, article : "Yoga
quotidien-Papy s'entraîne tous les jours").
Un ensemble d'axes
C'est parce que l'être humain est complexe, du fait des diverses composantes
qui l'animent, qu'il importe d'agir sur chacune d'elles pour avoir un bénéfice
global.
Ainsi, si on désire avoir une action sur le corps, il est aussi important de
mettre en jeu les aspects psychiques, mentaux, énergétiques de l'être, ainsi que
de prendre en considération les aspects comportementaux, philosophiques. De même
pour agir sur l'énergie, il faut mener une action sur le mental ainsi que sur le
somatique. L'action sur le psychique et le mental demande de toucher à l'énergie
ainsi qu'au corps : on le voit, tout se tient.
Certes, il est tout à fait possible d'agir sur une seule composante : l'effet
recherché sera bien moindre si on n'agit pas aussi sur les autres parties de
notre être.
Indivisé
Nous sommes des individus, c'est-à-dire des êtres indivisés.
J'y vois deux sens, au moins.
Le premier est que loin d'être un agglomérat, chacun de nous est une unité
pouvant s'exprimer, sentir, agir selon l'une ou plusieurs des fonctions en
place.
La spécialisation des sciences a amené à ne considérer qu'une part de
nous-mêmes, en oubliant ou délaissant les autres.
Pour se saisir d'un exemple concret, je reprendrai une illustration choisie par
André Van Lysebeth qui disait que lorsqu'on souffre du foie, il ne vient pas à
l'esprit du spécialiste de la science médicale, de se demander si le mouvement
de la respiration est correct, puisque le diaphragme crée environ 15 fois par
minute, le massage de cet organe.
La planche anatomique de la page précédente, montre une représentation rare
tirée d'un très vieux manuel d'anatomie, où le système digestif est représenté,
avec le diaphragme par-dessus.
J'ai pu exprimer le point de vue de plusieurs auteurs, dont précisément, Von
Uexküll et K. R. Pelletier à propos de la question de la psychosomatique et des
conséquences de la spécialisation du domaine médical, dans mon livre qui traite
de la psychosomatique et du lien entre la santé, la psychologie, la philosophie
et la spiritualité ("La santé par la bonne
humeur" publié aux éditions Dervy).
Le Yoga ne court pas ce risque en ce qu'il s'adresse à l'être tout entier.
Une situation concrète à vivre sera celle proposée lors des séances des stages
de l'été prochain, au cours desquelles nous verrons qu'on ne peut agir sur la
colonne vertébrale sans mettre en jeu la respiration, et qu'on ne peut améliorer
la fonction respiratoire si on n'agit pas sur la statique de l'axe rachidien.
Encore une fois, tout se tient.
Tout se tient.
Claude Bernard l'avait discerné au XIXème siècle, avant que la science
préfère prendre en considération, non plus le terrain, mais les résultats des
travaux de Pasteur impliquant une préférence donnée aux germes microbiens en
tant que responsables des déficiences de la santé.
Les nouvelles médecines dites naturelles et aussi celles alternatives, font un
retour nuancé et efficace vers une vision plus holistique dans laquelle le
terrain est largement pris en compte.
Le travail sur l'estime de soi et la confiance en soi que j'anime au sein d'une
agence d'insertion toulousaine, identique à celui que je propose dans le cadre
de l'Institut, repose sur l'association de trois éléments :
-
accompagnement
- travail martial
- Yoga
Les séances antistress du Mardi soir, suivent cette logique de plusieurs axes
de travail permettant d'obtenir des résultats supérieurs.
Il importe de noter que les pratiques martiales ne sont pas étrangères au Yoga :
certaines de ses techniques sont issues du monde des guerriers, puisque tirées
des pratiques effectuées au sein de la caste des Kshatriya-s, les guerriers
indiens, à laquelle appartenait Bodhidharma nommé plus haut, ce prince indien
qui fut le premier patriarche Tch'an (le bouddhisme chinois) et qui fit à
Shaolin, sa réputation bien répandue.
Plan physique
Sur le plan corporel, les yogis indiens jouissent d'une belle mobilité
intervertébrale (il n'a pas sûrement pas échappé au lecteur que j'ai bien écrit
"mobilité" et non "souplesse"). Il est difficile d'en dire de même pour les
Occidentaux dont l'existence se déroule le plus souvent et le plus longtemps
dans une immobilité assise avec peu d'activation de l'organisme.
Un certain travail sur la respiration peut permettre d'obtenir des bénéfices au
niveau du dos, comme indiqué plus haut, de même pour agir de manière durable sur
l'amélioration de la respiration, il est indispensable de faire travailler son
dos et sa colonne, comme nous pourrons le voir lors des semaines d'été. Il
suffit pour s'en rendre compte, de considérer la forme et les mécanismes du
thorax et de la colonne vertébrale dorsale.
Le lien existant entre l'axe rachidien et le souffle apparaît, alors, de manière
évidente : la fixation des côtes sur les espaces intervertébraux, celle des
muscles inspirateurs sur le rachis, l'appui du diaphragme sur la colonne
lombaire en constituent les principaux (voir planche ci-contre).
Alors ?… Le Yoga ?…
Ceci étant posé, comment peut-on s'expliquer l'efficacité du Yoga ?
Si, sur un plan purement corporel, d'autres courants techniques peuvent être
supérieurs au Yoga, ce dernier pris dans son intégralité donne des résultats
surprenants. Mais comment l'expliquer ? À quoi est-ce dû ?
Avant d'évoquer les aspects agissants propres à la voie indienne, il importe de
voir que l'une des raisons de son efficacité est liée à son objectif, son but.
Le Yoga est à la fois une méthode et un but.
C'est avant tout, un but.
Un but, car il est un "darshana",
c'est-à-dire un "point de vue", ce qui
est la traduction de ce mot sanskrit. L'Inde en connaît six principaux, six
points de vue différents mais contenant des éléments communs, parmi lesquels
l'objectif de permettre par une démarche personnelle, de se libérer de la
condition humaine et d'échapper, enfin, aux causes de la souffrance humaine et à
la loi du karma, en cessant d'en produire.
En plus d'être un but, comme nous venons de le voir, le Yoga traditionnel est
une méthode. Cet objectif vital demande de travailler sur le contrôle du corps,
du souffle, du mental et, bien sûr, du comportement, ce qui exige la mise en
place d'une méthode. On comprend mieux pourquoi et comment les pratiques d'ordre
psychologique, corporel, énergétique, mental permettent d'accéder au contrôle de
soi dans l'ensemble des dimensions composantes de chaque être.
Nous allons y revenir un peu plus loin, d'autant que c'est ce qui va expliquer
l'efficacité du Yoga.
On devine qu'avec une pareille motivation, le travail ait des chances d'être
efficace, puisqu'il transcende l'existence humaine.
La méthode.
Nous l'avons vu, le Yoga est à la fois méthode et but : nous venons de
considérer ce dernier aspect. Voyons maintenant en quoi la méthode présente
suffisamment d'originalité pour expliquer son efficacité.Comme indiqué plus
haut, les transformations de notre être sont bien plus largement établies si on
veille à travailler sur plusieurs de nos composantes puisque la libération de la
condition humaine est l'objectif et qu'elle ne peut passer que par le changement
du tempérament comme le dit le texte sacré de la Bhagavad Gîtâ (XVII, 15) :
"Une
joie claire et calme du mental, la douceur, le silence, la maîtrise de soi,
l'entière purification du tempérament,
telle est l'ascèse du mental".
Aussi, bien avant le travail postural qu'il propose et qui est la partie la plus
connue en Occident, le Yoga enseigne dix règles à suivre dont l'impact sur les
étapes suivantes (posture, énergie, concentration, méditation…) est énorme.
Cinq "Yama-s".
Le premier principe est "Ahimsa",
que l'on traduit très souvent improprement par "Non-violence", mais dont l'étymologie indique que "ne
pas tuer, ne pas nuire" sont plus justes à le définir (voir la revue Drish,
n°115). Ahimsa concerne directement toutes les étapes de la pratique puisqu'on
doit, en permanence, travailler sans se nuire, donc dans l'aisance, le confort,
le bonheur, ce mot étant la traduction de "sukham"
qui qualifie le travail postural.
"Satyam" que nous avons étudié dans la
revue Drish 117-118, est la vérité, la sincérité, la véracité, peut être associé
à l'honnêteté ("Asteya" ; Cf. Drish
122-123). Ces deux principes amènent à être vrai en ce monde, aussi bien avec
son environnement qu'avec soi-même et aussi … sur son tapis.
Le contrôle de soi qui est une traduction du mot "Brahmacharya" (Cf. Drish 126), est en permanence présent sur
l'espace de Yoga, tout comme il doit l'être dans l'existence.
Enfin, vient le détachement ("Aparigraha",
Drish 132-133). Ce cinquième principe est important à respecter en faisant du
Yoga, afin de se libérer des éventuelles ambitions que l'on pourrait nourrir par
rapport aux techniques de Yoga qui peuvent être, parfois, si séduisantes à
reproduire. Avec lui s'achève la première étape du Yoga, celle des cinq
principes constituant les "Yama-s".
Ainsi, même si elles ne sont pas directement nommées en séance de Yoga, ces cinq
règles sont bien présentes dans notre pratique à partir des injonctions
prononcées par l'enseignant : ne pas forcer, faire ce que l'on peut, ne pas
chercher un but précis, travailler en douceur et bien d'autres encore, sont
autant de sentences entendues par les pratiquants dans un cours et qui
correspondent à cette première étape de la tradition.
Cinq "Niyama-s".
La deuxième étape du Yoga traditionnel est celle des "Niyama-s".
Nous nous situons, là encore, avant la partie concernant les postures. Cette
étape enseigne elle aussi, cinq valeurs à mettre dans sa vie et dans son Yoga.
Il s'agit de principes individuels, alors que les cinq "Yama-s" précédemment vus, sont à respecter tant par rapport à soi
que par rapport aux autres.
Le premier Niyama est "Shaucha" qui
désigné la pureté : pureté en pensée, parole et action, pureté des attitudes et
aussi de son corps (voir cliché ci-contre) et de ce qu'on absorbe (voir plus
loin dans ce même numéro de la revue).
Le contentement, "Santosha", qui est
la deuxième valeur de cette étape, est fondamental, aussi bien par rapport à
l'existence qu'à ce que le corps peut faire, sans que ce soit de la résignation
ni une acceptation passive.
L'esprit de pureté recherchée pour le corps que l'on tente d'optimiser, comme
l'enseigne le Tantra, incite à pratiquer la pureté dans son quotidien. De la
même manière, se contenter des capacités de son corps, amène un contentement
général qui permet de se satisfaire de sa propre existence.
Yoga quotidien.
Les trois derniers "Niyama-s"
constituent, selon la tradition, le 'Kriya-Yoga"
que l'on appelle "Yoga quotidien" ou "Yoga de l'action", mais qu'il ne faut pas
confondre avec le Karma Yoga qui est le Yoga de l'action désintéressée.
L'ascèse qui est le fondement du Yoga, "Tapas" en sanskrit, doit être mesurée et respectueuse de l'être
puisque son but est de le faire évoluer, de le faire grandir. Cet esprit de
l'ascèse qui n'a rien de mortifiant mais de sage et mesuré, vient poser son
empreinte sur tout l'être et dépasse le cadre rectangulaire de la surface de
pratique.
"Svadhyaya" est parfois écrit avec un
"w" à la place du "v" : il s'agit de l'étude de soi qui trouve, tout à fait, son
utilité dans la pratique corporelle, surtout en Occident si pauvre dans la mise
en place d'apprentissages corporels. Mais cette étude de soi ne concerne pas que
le corps et va au-delà : c'est avec sa propre énergie, son souffle, son mental,
et aussi son impatience, son découragement, ses limites, que le pratiquant fait
connaissance quand il aborde la discipline indienne.
Connais-toi …
On comprend aisément en quoi la pratique amène une réelle connaissance de
soi au cours des mois, des années, voire des décennies d'engagement dans la
pratique. Cette étude de soi est encore plus marquée si elle s'accompagne de la
connaissance des philosophies de l'Inde et d'ailleurs.
Enfin,
"Ishvarapranidhana", le don de soi, est-il présent dans la pratique
? En un sens, oui, puisque ce moment que l'on s'accorde est un peu de son temps
que l'on sacrifie. Il est gratuit et non "productif", pour parler en langage
moderne.
Ainsi, les techniques du souffle sont considérées, en Inde, comme "Prânahotra",
c'est-à-dire le sacrifice du souffle que l'on accomplit chaque fois que l'on
devient pleinement conscient de sa respiration, de son rythme, de son mouvement,
de son amplitude et aussi chaque fois qu'une technique respiratoire est
effectuée, toujours dans le respect du principe de "Ahimsa" vu au début de
l'article.
Ce don gratuit, cette offrande, a un impact sur notre attitude, ensuite, en nous
amenant à disposer de notre temps et à le donner, de même que notre énergie.
La posture.
Les dix principes que l'on vient de voir, sont présents dans chaque moment
de la séance sans qu'ils y soient nommés : la pédagogie de l'enseignant amène
l'élève à se disposer de manière conforme à ces dix valeurs qui constituent le
fondement du Yoga. Le fait d'apprendre par la façon de tenir son corps, de le
faire travailler, de devenir conscient de ses muscles et articulations, de ses
mouvements, de son souffle, tout ceci contribue à se connaître soi-même et à
mettre en place une attitude respectueuse des fondamentaux du Yoga qui, ensuite,
vont se traduire tout naturellement dans l'attitude quotidienne.
C'est ce qui explique que la seule
pratique du Yoga puisse apporter des effets parfois imprévus, voire inespérés,
comme j'ai pu les évoquer dans la revue (Cf. Drish 120 cité au début de
l'article).
De la pratique au comportement.
Ainsi, lorsqu'on pratique de façon confortable et agréable, on se respecte
tout à fait, on ne se nuit pas, ce qui correspond au premier pas dans le Yoga
considéré plus haut ("Ahimsa").
De même, être vrai dans son travail, être honnête avec soi-même est un gage de
réussite sur son tapis de Yoga : en effet, ne pas s'accepter avec ses
imperfections, ses limitations propres, serait se mentir et ne pas être en
probité avec soi. Il ne s'agit pas ici d'une question de "morale" : travailler
en ne tenant pas compte de ses points faibles et en les niant, a pour
conséquence de provoquer, de la part du corps, la mise en place de moyens de
défense automatiques et impossibles à déconnecter puisqu'ils participent de
l'intelligence du corps (je pèse mes mots) qui assurent au corps de conserver
son intégrité, parfois malgré nous.
L'intelligence du corps.
Contrôler ses sens est important dans le cadre de la nécessité de se
concentrer, mais c'est aussi la maîtrise des impulsions, des envies, voire des
velléités et autres zèles mal placés qui pourraient nous faire courir les mêmes
risques que ci-dessus et déclencheraient les défenses naturelles de l'organisme.
Ces défenses sont simples : par une action indépendante de la volonté, la
réponse médullaire, c’est-à-dire organisée directement et immédiatement au
niveau de la moelle épinière, sans passer par le cerveau qui n'est prévenu
qu'une fraction de seconde plus tard de ce qui a été décidé et mis en place en
dessous de lui et de façon réflexe, commande la contraction et la fixation des
éléments corporels menacés par un excès de volonté d'aller plus loin.
Ainsi, il est impossible, normalement de dépasser ses propres limites puisque ce
système de sécurité est infaillible. A condition, toutefois, de ne pas forcer
sur les leviers du corps et d'éviter les effets martelants de répétitions
forcenées sur ses muscles et articulations …
Enfin, le détachement est, on s'en doute, un excellent moyen de se déconnecter
d'un but quelconque à atteindre et de se défaire complètement d'un mauvais
esprit de compétition par rapport aux autres ou à soi.
Le corps nous guide.
Ainsi, il est facile de se rendre compte que le comportement que nous
entretenons avec nous-même au moins une fois par semaine et plus, ce qui est
encore mieux et préférable, par la relation avec la matérialité même de notre
propre corps, engage progressivement le développement d'une attitude qui va
devenir peu à peu tout à fait naturelle.
C'est là un des grands bénéfices du Yoga qui, non seulement, permet de
travailler au contrôle de soi et de le développer, mais en plus, installe petit
à petit, une habitude de comportement vis à vis de nous-mêmes qui va se traduire
aussi vis-à-vis du monde environnant, à savoir, les êtres, les situations, les
choses, les événements …
C'est donc, par l'unité du corps et de l'esprit que nous acquérons
progressivement un mieux-être envers nous-mêmes et envers le monde qui nous
entoure, permettant d'accéder à un état d'harmonie de plus en plus marqué, de
plus en plus présent, de plus en plus fort.
Cinq autres principes.
Ceci étant posé pour le lien entre les cinq Yama-s et le travail postural,
voyons maintenant, la correspondance entre celui-ci et les cinq Niyama-s nommés
plus haut.
La première règle de la deuxième étape du Yoga traditionnel, est la pureté :
elle doit s'exprimer en pensée, en parole et en action. On peut se demander en
quoi la pratique des mouvements du Yoga peut bien jouer sur ce plan.
Le fait d'activer son corps permet d'en prendre soin, de lui conserver un état
de santé qui se détériorerait si on ne faisait absolument rien. D'autre part,
certaines observations ont amené à conclure que les personnes qui pratiquent le
Yoga, ont une tendance naturelle à faire attention à ce qu'elles consomment …
C'est ainsi que le Yoga peut aider dans l'arrêt du tabac, mais aussi par rapport
au poids, ne serait-ce que du fait que bouger son corps est plus aisé si sa
pesanteur reste acceptable.
Il est évident que les précautions prises
quant à sa santé, ne mettent pas à l'abri des "pépins" de l'existence :
cependant, il est intéressant de noter que s'adonner à la pratique avec
régularité, permet une récupération meilleure et plus rapide.
Il y a une logique dans cette correspondance : mettre son corps en action pour
son bien-être et sa santé, serait en complète opposition avec des attitudes
néfastes pour la santé.
Pureté et contentement, ascèse …
Concernant le premier Niyama, "Shaucha",
qui doit se pratiquer en pensée, parole et actes, il est largement facilité par
le travail de concentration que propose la pratique régulière et par le respect
porté à l'organisme dans son entier.
On peut, beaucoup plus facilement, contrôler ses pensées ainsi que ses gestes,
et aussi et surtout, les orienter de manière à ce qu'ils restent fidèles aux
valeurs énoncées plus haut qui composent la première étape du Yoga : ne pas
nuire, sincérité, contrôle de soi, et.
Le doux nom de "Santosha", le
contentement, doit nous guider dans la pratique et nous permet d'apprendre à
accepter nos limitations et obstacles. Il faut remarquer qu'il ne s'agit pas
d'un contentement passif et fataliste, mais une satisfaction de ce qu'il nous
est possible de faire à un moment précis, tout en souhaitant travailler encore
pour nous améliorer.
Une discipline douce
Ce travail s'inscrit dans la troisième valeur de cette deuxième étape du
Yoga : "Tapas", la discipline,
l'ascèse, doit être mesurée et respectueuse de l'être.
Or, le travail corporel fait partie de cette dimension inséparable de la
tradition du Yoga puisqu'il permet d'accéder à l'immobilité par le contrôle du
corps, de la musculature, du souffle et du mental.
C'est aussi ce qui permet de mieux se connaître, encore une fois.
Mieux se connaître ?
Justement, l'étude de soi ("Svadhyaya")
est la valeur suivante qui ajoute à l'efficacité du Yoga par le fait de laisser
le moins possible de zones d'ombre dans la connaissance de soi. Celle-ci passe
par la prise de conscience du corps et de son fonctionnement physique,
physiologique, énergétique, mais aussi psychique sans oublier l'anatomie que
l'on découvre en la sentant et en la vivant, comme j'ai pu en parler dans Drish
135.
Le champ corporel, la dimension mentale
et le souffle qui fait le lien entre les deux, sont des sujets de découverte
immenses à explorer lors de chaque séance, à chaque posture et même au
quotidien.
Le dernier Niyama, le don de soi, l'esprit de sacrifice, d'offrande, est
important en ce qu'en se donnant du temps pour le travail à effectuer sur soi
par la discipline et l'accession progressive à une meilleure connaissance de
soi, on apprend à utiliser le temps de manière gratuite, sans profit.
C'est un bon moyen d'apprendre à gérer son temps, mais aussi son énergie pour ce
que l'on veut, ce que l'on choisit, sans être prisonnier de schémas classiques
ou d'automatismes plus ou moins stressants.
Et … c'est tout ?
Ce n'est pas tout : il nous reste à "boucler la boucle".
Au fur et à mesure que le travail se fait avec régularité et que le comportement
vis-à-vis de son propre corps, se modifie, évolue en se portant aussi sur
l'environnement, ce changement d'attitude revient enrichir la pratique sur le
tapis, laquelle contribue à renforcer l'attitude vis-à-vis des autres, des
événements et de ce qui nous entoure … Ainsi, non-nuisance, sincérité, droiture,
contrôle de soi, détachement, pureté, contentement, ascèse, étude de soi, don de
soi imprègnent de plus en plus le quotidien, au niveau de la pensée, des paroles
et des actes …
La pratique s'en ressent à son tour, puisque l'état d'esprit va s'appliquer au
corps, au souffle et au mental lorsqu'on va se retrouver sur le tapis de Yoga,
lors de chaque séance, que ce soit en groupe ou chez soi, en solo.
Et ainsi de suite.
La voie est là …
Le respect des valeurs élémentaires du Yoga devient une seconde nature et
ensoleille l'existence puisqu'il est de plus en plus présent au niveau du
comportement général et dans toutes les situations qui peuvent se présenter,
qu'elles soient agréables ou non, ce que prévoit le texte sacré de la Bhagavad
Gîtâ (verset VI, 7) qui annonce :
"Dans l’homme victorieux et pacifié, l’Ame suprême demeure recueillie au milieu
du froid et du chaud,
du plaisir et de la douleur, des honneurs et de
l’opprobre."
On le voit, il y a une sorte de
"magie" qui s'établit par le travail sur un simple tapis de Yoga et qui vient
"transpirer" au point que les attitudes qui en résultent, peuvent sembler
étranges à l'entourage …
Œuvrer en conscience sur son corps en suivant une façon de faire respectueuse,
assure de mettre en place, peu à peu, séance après séance, des répercussions qui
vont bien au-delà du simple résultat de détente et de bien-être.
C'est tout notre être qui en bénéficie et les résultats se traduisent dans
chaque moment de l'existence. C'est ce qui explique les effets inattendus du
Yoga et le bien-être général que l'on peut parfois percevoir après une longue
période assidue de pratique du Yoga.
Ainsi, c'est tout l'être qui s'est peu à peu imprégné des effets de la pratique
qui, pourtant, ne portaient au début, que sur le corps, en apparence, en tout
cas.
Mais le Yoga ne s'intéresse pas aux apparences.
Autres perspectives …
Enfin, il faut savoir aussi que le travail d'étirement modifie la structure
des muscles, comme nous avons pu le voir lors de la dernière session des 2-3
Avril, sur le thème de "Force et souplesse".
Il influence notablement leur capacité de réactivité.
Et puis, sur le plan du comportement, si le conditionnement par répétition, a
son action sur notre personnalité profonde, les changements qui apparaissent,
pourraient être liés à une raison plus profonde encore. En effet, selon
Évelyne Heyer, Professeure
d’anthropologie génétique au Muséum national d’histoire naturelle, les
frontières symboliques et culturelles entre les groupes contribuent à façonner
le profil génétique des groupes humains.
Il n'y a plus qu'à espérer et … travailler!
Bonne continuation.