INSTITUT LEININGER
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Calme mental et contrôle de la pensée
(article
paru dans la revue de Yoga 162-163 de mai 2021)
Voilà un état vers lequel beaucoup de monde aspire, si ce n'est tout le monde.
Ce thème a été annoncé plusieurs fois dans Drish, entre autres fois lors de la
présentation de la fiche technique développée dans le numéro spécial 157-158 :
"Laissez-vous respirer"... (suite ci-après)
Voir aussi :
-
-
Le prânâyâma, le travail
sur le souffle -
STAGES de l'année
... et... -
Rendez-vous
prochains -
Améliorer les
postures
-
Mental et psychologie -
Etre conscient -
Agitation
mentale courante -
L'ego et le mental -
"Faire le vide"
Dans ce même numéro qui présentait une page technique concrète, je précisais que
l'on n'intervient pas dans le mouvement ou la profondeur du souffle quand on se
laisse respirer, ce qui a pour conséquences une oxygénation normale suffisante
et une certaine tranquillité mentale, encore elle.
Le discours mental
Je précisais aussi en page 16 de ce même Drish, que le discours mental est
parfois trompeur et que nous y reviendrions dans un numéro spécial de Drish
consacré au mental : c'est le moment d'en parler.
Avant toute chose, nous devons accepter une évidence : le "job" de notre mental
est de rechercher tout ce qui peut être utile et aussi de veiller à ce qui peut
être une menace, une gêne. Nos cinq sens nous en informent. C'est aussi d'être
en lien avec tout ce qui se passe dans notre univers intérieur afin d'agir comme
il le faut, parfois à l'insu de notre propre conscience C'est la raison qui fait
que la Nature l'a mis en lien avec 10 fonctions qui permettent de percevoir le
monde et d'y agir : ce sont les 5 sens et les 5 fonctions que sont
parole, préhension, locomotion,
excrétion et procréation. Le psychologue et philosophe américain William
James (1842-1910) connaissait le lien entre eux.
Question de détachement
Une des clés permettant d'arriver au calme mental est, comme le dit le plus
vieux texte du Raja-Yoga, de détacher les sens de leur fonction. Ainsi repliés,
ils vont participer de la nature de l'esprit sans être attirés par les
sensations, ce qui amène le calme mental.
Leur
obéissance à la conscience vient de cet état.
Très concrètement, fermer les yeux permet de ne plus avoir d'information
visuelle et de ne plus être distrait, sachant que le contrôle de l'œil est
difficile et pourtant indispensable (Cf. Drish 46, 104 à 112-113, 120 à 124 et
surtout 116 et 117-118).
Sur ce cheminement particulier, il importe de bien poser tous les éléments pour
bien comprendre et donc, bien agir.
La psychologie d'Occident dont les préoccupations sont tout autres que celle
développée par les yogis-penseurs de l'Inde antique, ne s'est pas assez penchée
sur cette question. D'autre part, méditer nécessite de contrôler d'abord, le
mental et les pensées, ce qui est loin d'être aisé.
Être pleinement conscient, voilà le problème posé car c'en est un du fait
que des pensées sont toujours présentes que l'on a du mal à contrôler, à
arrêter.
Peut-être faut-il se poser certaines questions élémentaires avant de poursuivre,
afin de bien définir la problématique de ce numéro spécial : que signifie "être
conscient" et qu'est-ce que la conscience ? Qu'est-ce que la pensée ? Voyons ce
sujet et nous reviendrons sur la conscience un peu plus loin.
La pensée
Il faut distinguer "la pensée" de "une pensée". Lorsqu'on évoque la
première, il s'agit de la pensée en général en tant que phénomène mental alors
qu'une pensée est un élément de la pensée au sens global.
Le plus souvent, la pensée désigne tous les phénomènes de la conscience, de
toutes natures, le mot "conscience" n'ayant pas ici de sens moral. Les idées,
les sentiments, les sensations sont saisies par l'esprit. C'est aussi la pensée,
la volonté, ce qui va décider et causer des actions ainsi que le pouvoir de se
déterminer personnellement vis à vis des choix à effectuer.
L'imagination et le raisonnement font partie des fonctions accomplies par la
pensée : la philosophie
indienne apporte une nuance de taille en précisant qu'il faut distinguer la
connaissance vraie de celle erronée car même la connaissance fausse est vraie
pour celui qui la croit. L'exemple de la croyance que la Terre est plate et que
les étoiles sont des luminaires accrochés au ciel en est l'illustration. Cette
opinion fut un savoir tenu pour vrai avant les découvertes effectuées grâce au
développement de la science astronomique. Cette opinion considérée comme juste à
l'époque, peut faire sourire maintenant.
Autres aspects de la pensée
De manière plus restrictive et plus spécifique, la pensée est la
connaissance de type rationnel, la faculté de comprendre, l'entendement, le
pouvoir de connaître et d'ordonner les connaissances. C'est aussi le bon sens et
la capacité d'apprécier certaines choses sans être passé par le vécu ou
l'expérience de ces mêmes choses.
Le
texte de base du Yoga royal, les Yoga-Sutra-s évoquant le fonctionnement de la
pensée dit des choses utiles et particulièrement intéressantes lorsqu'on décide
de contrôler le mental. Ainsi, alors que deux choses sont normalement les mêmes,
elles peuvent paraître différentes simplement du fait de notre état de
conscience. Le Yoga royal a ainsi repéré la dimension subjective de notre
capacité de perception.
Le chapitre IV du même écrit apporte une autre information tout aussi
importante. En fonction de l'intérêt de notre mental, un
objet peut être perçu ou non. Encore une fois, c'est notre propre objectivité
qui est remise en question.
L'avantage de ce constat est de nous amener à plus de prudence quant à nos
certitudes et d'affiner de plus en plus notre conscience et nos outils de
perception en plus de chercher à calmer le mental pour que ce ne soit plus sa
dimension agitée qui nous gouverne et qu'il ne soit plus le maître.
Nous voilà dans le monde du Yoga.