INSTITUT LEININGER
Yogathérapie - YOGA - Thérapie holistique
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- Un bon mental, une bonne philosophie de vie, un corps souple et fort pour mieux vivre sa vie -
Yoga et logique
article paru dans la
revue Drish n°156 du 1er trimestre 2020
Comme indiqué dans les articles
Yoga et épistémologie ou encore
Yoga, indépendance et liberté, il importe que les Ocidentaux que nous sommes
se posent la question du lien existant et devant exister entre ces trois
éléments.
Il concerne aussi la didactique, c'est à dire l'appropriationde la science du
Yoga, comme la nomme I. K. Taimni ainsi que la logique que l'on retroue dans
plusieurs systèmes de pensée indiens.
La raison, la logique et l'esprit de l'épistémologie doivent guider
le pratiquant,
l'enseignant et aussi et surtout le formateur, sur la voie du Yoga.
Voir aussi :
- Cours
réguliers de méditation
-
Yoga, philosophie de vie
et harmonie
-
Contrôler le mental - L'esprit de
l'école de Yoga
-
L'esprit de l'école de Yoga
- Les stages proposés
-
Pierre Bayle
- Mes engagements
-
Mon docteur
indien
- Yoga et
professionnalisme
- Prochains rendez-vous
- Qui suis-je
?
-
Méditation : fuite ou construction ? -
Yoga,
indépendance et liberté
Yoga et logique
La logique a-t-elle à voir avec le Yoga ? Réponse : OUI !
Illustrations liées au texte
On la trouve aussi bien dans les Yoga-Sutra-s de Patanjali vieux de 2.400 années
que dans le système Nyaya, entre autres. Elle est aussi présente dans la
construction de la pratique et dans le fonctionnement corporel qui est
physio-LOGIQUE, est-il nécessaire de le rappeler.
A
≠ non
A : le retour !
Suite à l'article "Histoire de
logique" paru dans Drish 152-153, un lecteur m'a fait part de son
interrogation quant à la présence de ce contenu dans la revue et quant au sens.
D'où le "retour" à cette question.
Dans le dernier numéro, le spécial 155 portant sur
"Yoga, culture et tradition", il
était question de culture. Elle ne peut se construire que par un travail
intellectuel qui est une capacité typiquement humaine.
Elle suit ce principe qui est : "A
≠ non
A" qui se traduit par : "A n'égale
pas non A". Cette règle mathématique s'impose à nous et permet, depuis que
nous nous sommes ouverts au monde, dès la toute petite enfance, à classifier et
ordonner les informations venant de l'extérieur.
En clair, lorsqu'on apprend ce qu'est exactement "A",
cela rejette complètement toute autre définition. A n'est ni B, ni C, ni E …
etc., même si A peut s'articuler avec elles, justement grâce à cette singularité
de chacune d'elles.
Illustration :
1=1 et 2=2 mais 1≠2≠3≠4≠5… etc.
Ainsi, si je prends un exemple simple, une table n'est pas une chaise
ni une chaise un tabouret, même si rien n'interdit de s'asseoir sur une table ou
de poser son assiette sur une chaise si on mange assis en tailleur à même le
sol.
Une voiture n'est ni un bus ni un train, même si celui-ci est composé de…
voitures.
De même 1 n'est pas l'égal de 2 ni 2 l'égal de 3. Pour revenir à la formule
ci-dessus, 1 n'égale pas tout ce qui n'est pas 1, idem pour 2 et pour chaque
chiffre qui est unique dans sa valeur.
Allons plus loin …
L'un des problèmes que l'on rencontre quelquefois dans l'acquisition d'une
culture est celui des préjugés et des automatismes. Ils sont inévitables et pour
cela, nous devons y veiller particulièrement. Les premiers permettent de classer
et catégoriser les connaissances tandis que les seconds assurent un
fonctionnement à l'économie en usant de systèmes dont nous ne sommes pas
conscients mais qui facilitent le classement de ce que nous enregistrons.
Tous deux peuvent nous induire en erreur, ce qui arrive régulièrement sans
gravité réelle car notre magnifique cerveau rétablit très vite le réalisme de ce
que nous captons.
La didactique préalable à la pédagogie se fonde sur la logique simple et
rigoureuse ainsi que sur l'exactitude et la précision toutes deux si importantes
dans la formation et la transmission. Cela permet d'éviter le "suivisme", le
"moutonnisme" et demande de construire un système de connaissance vrai et propre
à chacune et chacun sans soumission ni confiance aveugle (Cf. le 150ème
Drish).
La sagesse d'Occident et les voies orientales sont complémentaires : on ne peut
faire l'impasse d'ignorer l'une ou l'autre, ni les tronquer ou les amoindrir.
Et c'est là que revient cette formule mathématique qui est aussi un principe de
communication.
On doit faire l'effort de penser contre son cerveau comme nous y encourageait
Bachelard (ci-contre) et vraiment penser par nous-mêmes sans nous laisser
"piéger" par les automatismes et préjugés cités plus haut. C'est toute la
démarche didactique qui sous-tend celle pédagogique qui vient en suivant, toutes
deux empreintes d'une nécessaire liberté.
La difficulté est de sortir du charme oriental, de ne pas se laisser séduire par
lui ni par les merveilleux premiers résultats ni par les discours enjôleurs ni
par les visions fantasmatiques et chimériques non réalistes : même les textes
antiques nous mettent en garde sur ce point. On doit se défier de la première
opinion comme nous y invite Gaston Bachelard et étudier, étudier encore…
Le Yoga n'est pas tout…
Je prenais comme exemple les lettres et les chiffres qui ont chacune et
chacun, une valeur propre. Mais un chiffre isolé ne signifie rien de même une
lettre seule. Il en est de même de l'approche du Yoga qui ne peut être complète
que si on lui adjoint les éléments qui vont en renforcer la dimension didactique
et en assurer une transmission et une pratique de qualité.
Pour reprendre l'exemple des chiffres et lettres, le Yoga est un, mais il n'est
pas tout. Il importe pour se l'approprier et en enrichir sa propre culture (Cf.
Drish 155) de se nourrir de toutes les sciences humaines en lien avec ses
diverses dimensions.
Donc, le Yoga est une tradition seule mais pas isolée puisque indissociable des
systèmes de pensée indienne que nous étudierons l'été prochain.
On doit plonger dans le Yoga et dans les systèmes qui le jointent ainsi que dans
les philosophies d'Occident qui développent des points de vue convergeant avec
lui et aussi dans les sciences humaines puisque c'est à l'être humain que le
Yoga s'adresse dans toutes ses composantes, de la plus matérielle –le corps- à
la moins dense –le spirituel.
Tout comme on plonge dans le Gange : ce cliché a été pris en Janvier 1990, juste
avant mon premier bain dans le fleuve sacré, à Bénarès.
Encore A
≠ non
A
On doit donc penser à dépasser le seul domaine du Yoga pour l'apprendre
comme il doit être appris, c’est-à-dire en nourrissant ses propres connaissances
en sciences humaines indispensables à son adoption et sa pratique.
En plus d'être pratiquant de Yoga, professeur ou formateur de professeurs de
Yoga, l'Occidental ne doit pas "jouer un rôle" ni camper la stature d'un yogi
indien retiré du monde, complètement indifférent à ce qui s'y passe et
insensible à ce que vivent réellement ses concitoyens. Il doit aussi accomplir
ses devoirs de famille et envers la société : même ce point de vue est enseigné
par les textes du Yoga et par le sage Shivananda qui dans ses 8 principes
intégrait le service aux autres.
En aucun cas le Yoga na doit être un retrait du monde dans lequel nous vivons.
Au contraire, le fait d'être renforcé par ce moyen implique notre devoir d'être
davantage à l'écoute de ce et ceux qui nous entourent afin d'agir au mieux en
fonction des valeurs dont le Yoga est porteur.
Donc…
Pour en revenir à l'item "A
≠ non
A", le Yoga n'est pas ce qui n'est pas le Yoga : une gymnastique, une
religion, un retrait du monde etc. Il n'est pas que physique, que psychique, que
spirituel ; ignorer ces domaines serait une erreur.
Voici la logique : le Yoga dans son approche complète et juste, doit être
considéré sous tous ses aspects de même que 1 tout seul n'est rien s'il n'y a
pas 2, 3, 4 et les opérations possibles de même que A n'est rien s'il n'existe
pas B, C, D, etc. ainsi que toutes les associations possibles de ces lettres
permettant de construire des mots, des phrases, une communication précise et,
partant, une réelle transmission.
Les moyens didactiques ne doivent pas s'exclure les uns les autres mais être
associés : c'est la condition idéale permettant vraiment et utilement de
travailler avec l'être humain dans sa complexité et sa complétude en tant
qu'individu, c’est-à-dire indivisé, donc en vivant l'équilibre entre toutes ses
composantes.
Concrètement…
L'article de départ paru dans Drish 152-153 avait pour but de présenter mon
Institut tel que je l'ai conçu avec les compétences que j'ai voulu y développer
pour servir toute personne ayant besoin de se retrouver, de se connaître
soi-même, de se développer, de s'améliorer, d'ouvrir sa propre culture à la voie
orientale du Yoga et pas seulement.
Je suis professeur de Yoga (A=A)
mais pas seulement, ce qui veut dire que ce n'est pas exclusif et implique que A
puisse inclure des relations avec B, C, D, etc.. Ainsi, je dois préciser que
certains domaines refusent l'inclusion d'autres, justement parce que le principe
"A
≠ non
A" amène le risque d'ostracisme et donc d'enfermement. En voici
quelques exemples.
Dans le monde occidental du Yoga, il arrive que l'on rejette les sciences au
profit d'une "intuition" parfois empreinte d'autre chose de la part de ceux qui
la mettent trop souvent en avant et aussi que la Psychologie ne soit pas la
bienvenue. Pourtant, alors que la discipline indienne concerne la psyché et les
émotions, j'ai fait le choix de devenir spécialiste aussi en ce domaine au fur
et à mesure que j'en ai ressenti l'impérative nécessité au milieu des années 80.
Pédagogie, doxa, épistémologie…
Il en est de même de la pédagogie. Son approche n'est pas toujours jugée
indispensable ce qui a pour conséquence qu'elle manque souvent dans la formation
des professeurs et que certains risques définis dans
mon livre sont encourus par
les pratiquants confiants, sur tous les plans : physique, psychologique et même
spirituel.
Illustration : Psy : Un symbole
magique… Où est le corps ?…
La pédagogie demande de cultiver des connaissances dans de nombreux domaines
afférant à celui choisi et un positionnement vis-à-vis de l'épistémologie, de la
doxa et l'adoption du principe de Confucius (Cf. p2).
Quant aux "Psy", il arrive qu'ils n'aient pas les pratiques corporelles en
sympathie, surtout utilisées à des fins thérapiques comme je le fais
régulièrement comme me le permet ma formation de clinicien spécialisé en
psychothérapie médiatique.
Les professeurs de Yoga pratiquant les arts martiaux et/ou les sports de combat
sont rares et certains vont jusqu'à les rejeter parce qu'ils les jugent
violentes alors qu'ils complètent admirablement le Yoga traditionnel. Ils
apportent une touche de Yang, de tonus mental, un réalisme physique, ce que
n'ont pas oublié les yogis indiens qui ont intégré des techniques martiales dans
leur pratique. Les effets sont aussi une réelle connaissance du fond de soi-même
dans le sens de l'étude de soi ("Svadhyaya",
Cf. page 36). Il faut rappeler que
Svadhyaya est la quatrième règle de la deuxième étape du Yoga, à pratiquer
avant les postures et les techniques de souffle et donc, bien avant les étapes
méditatives. Sans cela, on court le risque d'être sans cesse perturbé par le
mental dont la dimension inconsciente était connue des yogis depuis les origines
du Yoga.
Un professeur de Yoga occidental qui se ferait passer pour un yogi, sans plus,
un "A" excluant toutes les autres dimensions de sa vie, de son existence, de sa
personnalité, etc., ne saurait enseigner correctement et complètement la belle
science du Yoga, comme la nomme Taimni puisque le Yoga est une pratique
quotidienne pas seulement physique, mais aussi comportementale demandant
d'assumer nos devoirs de société.
Ainsi, si la logique "A
≠ non
A" est bien juste, il m'est apparu très tôt nécessaire de ne pas
rester enfermé dans "A" et d'aller vers B, C, D, etc. afin d'enrichir ma
personnalité et construire un vrai système de connaissances aussi complet que
possible pour accomplir mon travail du mieux possible et acquérir une solide
expérience dans ces domaines afin de rassembler des atouts complémentaires au
service de chacun(e). Je puis ainsi, répondre à plusieurs types de demandes car
comme je l'ai déjà écrit, je suis avant tout un pédagogue dans plusieurs
domaines d'expertise dans l'objectif que je me suis fixé.
Si "A
≠
non A", il importe de le mette en relation avec tout ce qu'il n'est pas,
donc, l'ensemble de l'alphabet complet sans lequel le message ne saurait être
construit. D'où la nécessité de ne pas se poser de limites et d'aller fouiller
aussi hors de ce qui semble borner les domaines de connaissances sans se
disperser, bien sûr et avec l'objectif de construire.
Espérant que ces précisions vous auront été utiles.
Bonne réflexion… logique.
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