INSTITUT LEININGER
Yogathérapie - YOGA - Thérapie holistique
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- Un bon mental, une bonne philosophie de vie, un corps souple et fort pour mieux vivre sa vie -
Yoga, indépendance et liberté
Article "Dessine-moi un mouton" paru dans la
revue Drish dans les numéros :
87-88, 89, 90 de 2006, 91 et 95 de 2007, 99 de 2008, 101 et 102-103 de 2009.
Souvent, se pose la question du guide, de
l'enseignant, sur la voie du Yoga.
Il importe de bien voir que pour l'Occident, la liberté est une valeur, un
devoir, un droit. Il importe donc de la conserver, à tout prix.
C'est la raison de la parution, dans la revue de Yoga, d'articles sur ce sujet,
répartis sur plusieurs numéros.
Voir aussi :
- Cours
réguliers de méditation
-
Yoga, philosophie de vie
et harmonie
-
Contrôler le mental - L'esprit de
l'école de Yoga
-
L'esprit de l'école de Yoga
- Les stages proposés
-
Pierre Bayle
- Mes engagements
-
Mon docteur
indien
- Yoga et
professionnalisme
- Prochains rendez-vous
- Qui suis-je
?
-
Méditation : fuite ou construction ? -
Yoga,
liberté et action
Dessine-moi un mouton
Dans son Quart Livre, Rabelais cite Aristote décrivant le mouton comme ...
le plus sot et le pus inepte animal du
monde ... et ajoute que le naturel
du mouton est de toujours suivre le
premier, quelque part qu'il aille. (Quart Livre Chap VII et VIII).
Définition
Au-delà du mammifère ruminant
à l'épaisse toison frisée, au cri caractéristique, élevé pour sa
laine, son lait et sa viande (d'après
mon fidèle dictionnaire), le mot mouton est utilisé pour d'autres occasions, en
plus des expressions mouton enragé et
mouton à 5 pattes ; écume au sommet
d'une vague, petit nuage, petit flocon de poussière, compagnon de cellule mis en
place pour gagner la confiance d'autres détenus, grosse pièce de bois, le terme
mouton désigne aussi une personne trop
soumise et dépourvue de sens critique.
Et puis, il y a le mouton de Panurge
qui désigne une personne qui imite stupidement les autres, sans réfléchir.
Là nous retrouvons Rabelais, tout en nous éloignant de la magnifique histoire de
la rencontre de St Ex et du Petit prince. La simplicité et l'authenticité des
propos de ce dernier ne peuvent laisser insensibles ; mais si je lui ai emprunté
"Dessine-moi un mouton", c'est
simplement dans le but d'en utiliser un mot : celui de mouton.
Mouton viril ?
Il est intéressant de remarquer que le mouton est un bélier castré : le fait
de nommer mouton, celui qui reste dans les rangs en suivant mollement, a-t-il un
rapport avec ce qui serait de l'ordre d'un manque de virilité ? Dans le langage
courant, on dit de quelqu'un qu'il en a,
lorsqu'il est capable de courage et qu'il sait braver le danger ou s'exposer à
la tempête, sans lâcheté ni laisser-faire.
La langue sanskrite désigne par le mot VIR aussi bien le caractère viril que
celui du héros : le contraire du mouton est-il le héros, celui qui se distingue
par l'initiative et l'action ? Ou bien est-il nécessaire d'adopter une attitude
héroïque pour ne pas passer pour un mouton ?
(à suivre ...)
Dessine-moi un mouton (2)
Dans le premier article de cette série, paru dans DRISH 87-88, nous avons pu
voir que le mot mouton couvre plusieurs définitions. Depuis l'histoire de
Panurge, il désigne une personne qui imite les autres, sans réfléchir.
Panurge
Revenons un instant au mouton de Panurge pour en comprendre l'histoire, tout
en nous souvenant que le nom de Panurge vient du grec, et signifie "le rusé,
apte à tout faire". Alors qu'il vient de se disputer avec un marchand, on les
retrouve tous deux en train de boire ensemble, en signe de réconciliation.
Mais Panurge ne semble pas avoir oublié l'épisode et demande au marchand de lui
vendre un de ses moutons. Après avoir vanté sa marchandise, ce dernier accepte
et demande une forte somme pour l'animal que Panurge pourra choisir à son gré.
Panurge choisit alors un bel animal, le plus beau du troupeau qui se trouve sur
le bateau du marchand. L'ayant payé, il jette alors l'animal bêlant, à l'eau :
les autres animaux se mettent à le suivre et s'en vont se noyer tandis que les
membres de l'équipage sont impuissants quant à freiner cet élan des moutons
suivant leur chef.
L'avis de La Fontaine
Cette histoire, dramatique pour les animaux, permet de comprendre ce qu'est
le mouton : une personne soumise et ne faisant pas usage de son sens critique au
point de paraître sans consistance, et de suivre l'avis général. C'est en cela
que Jean De La Fontaine évoquait, dans le fable L'abbesse malade, ce qu'il
désignait sous l'expression la
moutonnière bande. Il y reprend l'histoire de Panurge :
Qu'un seul mouton se jette en la rivière,
Vous ne verrez nulle âme moutonnière
Rester au bord, tous se noieront à
tas.
La Fontaine connaissait bien les animaux et aussi et surtout les travers
humains. Cette perception de ces aspect commun et courant chez l'humain, lui
fait dire ensuite :
Brebis sont la plupart des personnes;
Qu'il en passe une, il en passera
cent,
Tant sur les gens est l'exemple
puissant.
Je le répète, et dis, vaille que
vaille,
Le monde n'est que franche
moutonnaille.
Plus proche de nous, le chanteur Alain Souchon interprétait il y a quelques
années, la chanson "C'est comme vous
voulez", dans laquelle il entonnait "Où
vous irez j'irai", tout en évoquant à plusieurs reprises le
mouton suiveur qu'est l'obéissant
p'tit boy qui a
suivi pour l'honneur, l'horreur... et
qui n'est, finalement, qu'un mouton
soumis, docile et sans rébellion, tout juste capable de dire
bêê, bêê, je suivrai la guerre ou la paix...
Mais où est le problème, pense peut-être le lecteur, et quel rapport existe-t-il
entre le mouton et le Yoga ?
Du fond des âges ...
Depuis ses origines, l'humanité oscille entre deux tendances : le besoin
d'indépendance et celui de suivre un guide. Lorsque nos ancêtres ont quitté
l'abri protecteur des forêts pour s'aventurer en ces lieux à découvert
que sont les savanes, risquant à chaque instant de se trouver face à des
prédateurs carnassiers plus dangereux, ils ont fait preuve d'une initiative
osée, musclée, dangereuse sûrement, et aussi, vitale.
C'était le commencement de la liberté ...
Mais dans le même temps est apparu le lien social, le sens de l'appartenance à
un groupe sans lequel chacun ne pourrait vivre : dans les espaces de la savane
primitive, le groupe devait s'organiser pour voir dans toutes les directions et
aussi pour se mesurer avec plus d'efficacité à l'appétit des animaux sauvages.
Avec ce lien social a perduré la nécessité de se référer à un leader, à un chef
reconnu par tous ou en tout cas par la majorité ...
A cette lointaine époque, nous sommes probable-ment encore loin de la démocratie
fondée sur l'idée de justice : la force a sûrement primé dans le choix par le
groupe de celui qui allait le diriger.
Explication neurologique
La complication vient du fait que cette reconnaissance d'un "chef" dépend de
structures cérébrales archaïques : les mammifères ont le sens du groupe inscrit
en eux et l'humain est issu de ce rameau.
La liberté, la décision d'autonomie exigent une autre démarche neurologique, et
l'appel à des aires plus évoluées, plus élaborées : si certains animaux peuvent
donner l'impression d'être libres, ils n'en sont pas moins prisonniers de leurs
instincts et ont un comportement limité à ces automatismes et une capacité de
décision tout aussi limitée.
Il faut attendre l'apparition de l'homme, avec son redressement, sa verticalité
pour que naisse une nouvelle structure cérébrale, faite de réflexion sur
l'espace et le temps, et incluant des notions d'organisation avec une vision à
long terme.
Dès lors, l'autonomie devenait une réalité.
Pour résumer, les structures plus anciennes, celles constituant ce que l'on
nomme le cerveau reptilien, assurent les fonctions vitales, parmi lesquelles
celles permettant le maintien de la survie. Le reconnaissance d'un chef, la
soumission au plus fort,
appartiendraient à cette formation archaïque que nous partageons avec les
animaux terrestres depuis les reptiliens.
Par contre, c'est la lente évolution de la vie qui a amené le développement du
cerveau, qui a, du même coup, permis un fonctionnement cérébral propice à
l'indépendance sans laquelle il ne peut y avoir ni autonomie, ni liberté.
Avec les structures cérébrales des mammifères, est apparu l'instinct
d'appartenance à un groupe, tandis que le développement du cortex, la partie la
plus massive de notre encéphale, a permis l'émergence de la notion de liberté et
de la mise en place des moyens pour la rechercher et l'établir.
De récentes recherches semblent démontrer que les éléphants sont capables de
compassion et ont un réel sens de l'entraide en groupe, bien au-delà du simple
comportement animal classique.
Revenons à nos moutons ...
... si l'on peut dire. Si en effet, la question du comportement du mouton se
pose, elle questionne sur la nécessité de rébellion, d'action, de justice, même
dans le monde du Yoga ...
Et je sens le lecteur se demandant où est-ce que nous allons ainsi ...
(à suivre ...)
Dessine-moi un mouton (3)
Panurge dont le nom vient du grec "le
rusé, apte à tout faire", a choisi le plus bel animal du troupeau, et
l'ayant payé, le jette à l'eau. Le troupeau le suit ... C'est pourquoi le mouton
désigne une personne sans consistance, soumise et ne faisant pas usage de son
sens critique, ce que La Fontaine avait repéré comme défaut humain. Mais l'être
humain a besoin de deux choses : indépendance et confort de suivre un guide,
dicté par des structures cérébrales anciennes.
Et le Yoga, dans tout ça ? ...
Ceci étant connu et posé, quel rapport entretient-il avec le Yoga et sa
pensée ? Cette double attitude faite des deux composantes ci-dessus, la liberté
et la dépendance au guide, qui ne sont pas vraiment opposées, est typiquement
humaine et ne pose aucun problème : chacun de nous alterne de l'un à l'autre et
goûte sa liberté tout en se soumettant à des règles, des lois, des principes,
voire une personne faisant office de mentor, d'enseignant, de guide.
Pour revenir au Yoga, on imagine généralement le Yogi comme un être doux,
presque imperceptible, loin de ce monde, voire sans consistance ou inexistant,
insipide et sans saveur ... Et ce d'autant que la notion de Karma, propre à
l'esprit de l'Inde et à laquelle le Yoga adhère, est souvent mal comprise et
correspond, pour certains Occidentaux, à une acceptation molle et passive, du
fatalisme. Partant de là, comment peut-on vraiment associer Yoga et rébellion ?
Ou bien le Yogi est-il un simple mouton satisfait jusqu'à l'indifférence, de
tout ce qui se passe autour de lui ?
Ce qui est souvent ignoré en Occident,
c'est que le mot même de Karma désigne à la fois la conséquence de l'action, qui
va déterminer les vies futures, mais aussi l'action elle-même, ce qui est bien
la démonstration de la nécessité d'agir et de ne pas laisser faire sauf ... si
on décide volontairement et après réflexion, de ne pas agir.
Yoga au quotidien
L'été dernier nous a amenés à nous plonger dans le Yoga au quotidien qui est
la dimension supérieure et complète du Yoga traditionnel. Or, la tradition
hindoue nous montre ces deux attitudes :
1/ une prise en compte de sa propre liberté, qui n'est surtout pas le fait de
faire ce que l'on veut, sans obéir à des règles précises,
2/ l'obéissance au maître et aussi à des
règles et aux textes sacrés.
Avançons encore ...
La tradition indienne désigne quatre grands Yoga-s : le Raja Yoga, dont vous
avez pu lire une présentation dans le dernier numéro de DRISH (DRISH 87-88, Le
Yoga traditionnel, pages 60 à 63), le Jnana-Yoga, ou Yoga de la connaissance,
qui est en rapport avec le système philosophique du Vedanta, qui tente de se
tourner vers l'Absolu, le Bhakti-Yoga qui a une forte connotation dévotionnelle,
et enfin, le Karma-Yoga ou Yoga de l'action, où l'on retrouve cette idée d'agir
que nous venons de voir.
Or le Yoga de l'action, le Karma-Yoga, en dehors du principe majeur de l'action
désintéressée, a deux principes intéressants pour notre propos. D'abord, il
n'est pas question de se soustraire aux conditions de vie qui nous sont données.
En un mot, chacun doit assumer ses responsabilités, et accomplir ce qu'il doit
accomplir. Le second principe est fondamental : il dit qu'on ne peut pas ne pas
agir, et que ne pas agir est aussi une action, puisque en n'agissant pas, on
laisse se faire la situation.
Autre chose importante dans le Yoga, permettant de montrer à quel point le Yogi
hindou est loin d'être un mouton ou un être ayant décidé de rester passif, c'est
bien le choix qu'il fait dans la pratique de la discipline du Yoga, dans
laquelle il intègre ce qui lui sert de moteur : le refus de vivre comme le
commun des mortels. Toute la pratique du Yoga et même des Yoga est fondée
là-dessus. Pour ce qui est du Yoga traditionnel, ou Raja-Yoga, il s'agit de :
1/ ne pas bouger comme tout le monde puisqu'on contrôle ses mouvements, en
tentant de maîtriser sa musculature et l'envie de bouger propre au commun des
mortels
2/ ne pas respirer comme tout le monde, de façon désordonnée, mais au contraire
d'organiser son souffle afin d'arriver à des états de conscience supérieurs par
des techniques respiratoires possibles, car les Yogis ont depuis longtemps noté
le lien entre la dispersion mentale et l'irrégularité respiratoire
3/ ne pas penser comme tout le monde et travailler au contrôle e la pensée pour
ne pas se laisser déborder par les Yogachittavritti, c'est à dire les
tourbillons de la pensée en général difficilement contrôlables
4/ ne pas vivre comme tout le monde, en tentant de prolonger la durée de vie
liée à un rythme de vie plus régulier
5/ ne pas créer de Karma qui générerait de nouvelles existences
6/ respecter et pratiquer certaines règles fondamentales afin de ne pas se
laisser aller aux comportements humains classiques
: non-agression, non-vol, contrôle des sens, détachement, contentement,
connaissance de soi, don de soi, discipline ...
On le voit, le Yoga est loin d'un conformisme passif ou d'une soumission laxiste
: il est fait de décision et d'action. Or, comme nous le verrons, les
composantes neurologiques et psychiques expliquent nombre de nos comportements
de révolte ou de soumission.
Dessine-moi un mouton (4)
Le yogi hindou ou européen, immobile sur son tapis, que l'on imagine dans un
état de contemplation sans regard pour le monde extérieur, correspond-il à la
réalité du fait, ou bien est-ce là une simple création imaginaire faussant et
masquant la réalité ?
En un mot, ce méditant est-il un inactif détaché de ce monde au point d'être
indifférent à ce qui se passe autour de lui, et sans action concrète par rapport
aux événements qu'il perçoit ? Le yogi, comme nous l'avons vu la dernière fois,
refuse de vivre comme le commun des mortels, ce qui se traduit par un choix de
comportement différent au niveau des diverses composantes de son être.
Le yogi, anti-conformiste ?
Avant de dire si le Yogi est anticonformiste, il nous faut définir le sujet
de réflexion. Qu'est-ce que le conformisme ? C'est l'adhésion à un environnement
pouvant aller jusqu'à la soumission liée à l'influence de la majorité. Au-delà
du sens propre à nos voisins britanniques, le conformisme désigne, selon mon
petit dictionnaire, l'attitude de ceux
qui, par manque d'esprit critique, se conforment à ce qui est communément admis.
Très prisé en psychologie sociale, ce concept a été particulièrement étudié et
il concerne le moment où un individu change son comportement pour le mettre en
adéquation avec le comportement d'un groupe majoritaire.
On notera avant toute chose que ce phénomène se déroule au sein même d'un
groupe, qu'il est le résultat d'une pression implicite, en ce sens que le groupe
n'a pas une volonté explicite d'influencer un de ses membres, et aussi que
l'individu n'est pas toujours conscient qu'il est influencé, et enfin, que les
membres du groupe ont le même statut, et qu'aucun rapport hiérarchique n'existe
entre l'individu influencé et le groupe, contrairement au phénomène d'obéissance
dont nous serons amenés à parler plus tard.
Une expérience étonnante ...
On doit à Solomon Asch, dans les années 1950, à l’université
Carnegie-Mellon, à Pittsburgh, aux Etats-Unis, la mise en place d'une expérience
démontrant jusqu'à quel point l'individu peut changer d'avis dans le but
d'adhérer à celui soutenu par la majorité du groupe.
Pour mener cette observation, on réunit 7 à 9 personnes au courant du but de
l'expérience, autour d'une autre personne qui sera sans le savoir le sujet
"naïf" de l'expérience. On demande alors aux membres du groupe, de donner à
haute voix, et à tour de rôle, une réponse à un test de perception visuelle : il
s'agit de comparer la taille de quelques lignes tracées sur une feuille de
papier : plus grandes ou plus petites ? Un exercice qu’un enfant pourrait
accomplir sans difficulté. Le sujet "naïf", centre de l'observation, croit que
le test est lié à cette appréciation des longueurs des lignes et sera
l'avant-dernier à répondre. Une variante de l'expérience consiste à distinguer
si une pastille est verte ou bleue. Dans la figure présente ci-dessous, il
s'agit de définir quelle est la ligne A,B, ou C qui est de même longueur que
celle de gauche.
Il y a 18 tâches comme celle-ci : sur ces 18, à 12 reprises, le groupe donne 12
mauvaises réponses, en sachant qu'il le fait volontairement, ce que le sujet
"naïf" ne sait pas.
Le résultat, stable et maintes fois démontré est surprenant : dans 33% des cas,
ce dernier va changer d'avis et se rallier à la mauvaise réponse du groupe.
Renouvelée plusieurs fois, avec des personnes différentes, l'expérience démontre
de manière régulière que la personne qui est le sujet de l'expérience, change
une fois sur trois son avis, dans le but de se ranger du côté de la majorité.
On voit là en quoi le comportement du mouton est dicté par des processus
courants, dont on va voir qu'ils obéissent à des fonctionnements psychologiques
précis.
Pourquoi ?
Si l'expérience renouvelée de très nombreuses fois, amène au même constat, à
savoir qu'un individu change d'opinion pour suivre celle du groupe dans lequel
il se trouve, la question reste posée : pourquoi en est-il ainsi ?
Et comment expliquer le conformisme qui amène à choisir un avis faux en
contradiction avec ce que l'on pense, dans 33% des situations, 1/3 des cas ?
Une fois l'observation effectuée, Asch s'est attelé à comprendre les raisons de
ce changement et a demandé aux participants pourquoi ils avaient abandonné leur
avis personnel.
Les réponses qu'il a obtenues sont de deux ordres :
1/ les sujets "naïfs" avaient peur du
ridicule et de la désapprobation sociale,
et d'être rejetés par le groupe,
2/ ils en venaient parfois à douter
de la validité de leur propre appréciation.
Le conformisme s'explique aussi par deux types de conflit interne.
Le premier, le conflit dit "cognitif", concerne l'envie pour le sujet "naïf",
d'avoir des informations venant du groupe, afin de vérifier si sa propre réponse
est exacte à partir des réponses des autres participants.
C'est ce que l'on nomme l'influence informationnelle ; elle est particulièrement
importante quand on est confronté à une tâche que l'on ne maîtrise pas.
Le second type de conflit est dit "motivationnel", en ce sens que l'individu
sujet de l'expérience, cherche seulement à se rallier aux normes établies par le
groupe.
On l'observe surtout lorsque le groupe est important pour nous, lorsqu'il est
composé de personnes que l'on sera amené à revoir.
Autres déterminants
Bien entendu, certains facteurs peuvent influencer les réponses et agir sur
le conformisme, tels que les caractéristiques de difficulté ou d'ambiguïté de la
tâche, les caractéristiques du "sujet naïf" ; les caractéristiques personnelles,
telles que la confiance en soi, en ses propres compétences, l'estime de soi, les
caractéristiques sociales (culture collectiviste ou individualiste, sexe...),
les caractéristiques de taille et d'unanimité du groupe, et enfin, les relations
entre la personne observée et le groupe (attrait par rapport au groupe, statut
de l'individu au sein du groupe, interdépendance de l'individu et du groupe),
sont aussi des éléments déterminants.
Aspect neurologique
Si ce comportement conformiste s'explique de façon psychologique, il est
étonnant de considérer, comme le raconte David Servan- Schreiber, qu'il existe
une correspondance organique, donc cérébrale. C'est grâce à la science et à
l’imagerie cérébrale fonctionnelle, qu'on a pu se rendre compte d'un phénomène
surprenant.
Greg Berns, de l’université Emory d’Atlanta, aux Etats-Unis, a étudié ce qui se
passe dans le cerveau au moment où l’on décide de « faire comme tout le monde »
et de se ranger à l'avis du groupe, pourtant contraire à ce qu'on pense, comme
dans l'expérience décrite ci-dessus.
Modification cérébrale
Il s'avère que lorsqu'on voit que le groupe choisit une réponse de façon
unanime, la perception même de l’objet se trouve modifiée, chez le sujet "naïf".
Cela est visible au niveau des aires sensorielles qui ont en charge de mesurer,
jauger, évaluer le monde extérieur : cette perception est changée du fait du
choix du groupe, même s'il est contraire à la réalité que l'on perçoit en
premier. C'est exactement comme si le sujet de l'expérience n'avait plus de
perception exacte de ce qui est, et avait une perception convaincue et
définitive alors qu'elle a été modifiée par l’opinion des autres.
Si par contre le sujet reste sur son point de vue premier et ne se range pas à
l'avis du groupe, et prend alors le parti d'être en désaccord avec lui, alors,
ce sont d'autres zones cérébrales qui entrent en action : celles de la peur,
situées dans le cerveau émotionnel.
Tout se passe dans ce cas, comme s'il y avait un réel danger à affirmer une
évidence, face à un groupe qui n'est pas de cet avis.
Connaissance et ... action
Sachant cela, connaissant ainsi l'influence d'un groupe sur un individu
seul, allant jusqu'à modifier sa perception de la réalité, il ne reste plus qu'à
cultiver la vigilance et la prudence dans ses appréciations et ses propos.
Et aussi la détermination et la force de caractère, car ces qualités doivent se
montrer supérieures à la simple peur du rejet par le groupe.
David Servan-Schreiber rappelait que les grands noms de la science, Galilée,
Darwin, Freud, Einstein, et dans d'autres domaines, tels Luther ou Martin Luther
King, ont décidé de s'opposer aux idées admises et se sont engagés, malgré les
pressions réelles exercées sur eux. C'est
pourtant, semble-t-il, le prix à payer pour connaître la paix de sa conscience,
et évoluer dans un monde plus juste et plus intègre.
Clairvoyance et philosophie
De nos jours, nous avons l'impression d'être libres et de ne pas agir comme
des moutons. Cependant, à la lumière de ce qui précède, nos choix de vie
sont-ils vraiment nos choix de vie ? Et le Yoga n'apparaît-il pas, sous cette
perspective, comme une voie d'autonomie, ce qu'il prétend depuis des milliers
d'années ?
Nous entrerons dès la prochaine fois dans des considérations philosophiques
concrètes, elles aussi payées très cher par leurs auteurs qui ont décidé de ne
pas se ranger à la majorité et de chercher en des voies plus difficiles mais ô
combien plus justes et plus exaltantes.
(... à suivre ...).
Au-delà du conformisme expliqué et démontré dans
DRISH 91, et afin de mieux saisir ensuite quelques éléments philosophiques, il
importe d'aborder ici un autre aspect du comportement du "mouton", celui lié à
l'obéissance.
Définitions
Comment définir cette notion au moins aussi importante dans nos
comportements, que celle, déjà vue, de conformisme ? On parle de soumission ou
obéissance à l’autorité lorsqu’un individu modifie son comportement afin de se
soumettre à l’ordre qui lui vient d’une autorité légitime.
Cette définition implique deux choses :
1/ la première est que la soumission à l’autorité renvoie à une pression
explicite, à un ordre direct de la source d’influence,
2/ la seconde, est qu'il existe une différence de statut entre la source
d’influence et le sujet, au sens d’autorité légitime et de relation
hiérarchique.
I comme Icare
C'est au chercheur Milgram qu'on doit les travaux sur l'obéissance, et il
est probable que vous les connaissiez car certains ont illustré un film avec
Yves Montand : "I comme Icare". On y voit un home installé à un pupitre à partir
duquel il envoie une décharge électrique à une autre personne assise sur
laquelle on a branché des électrodes.
L'élève -->
<-- le sujet chargé d'envoyer les décharges
électriques depuis son pupitre
L'intensité des décharges envoyées varie en augmentant, puisque à
chaque erreur, le maître donne une décharge de plus en plus forte tandis
que des inscriptions sur le pupitre indiquent la dangerosité des décharges et
leur caractère mortel ; 30 boutons étiquetés de 15V à 450V, sont accompagnés de
commentaires tels que "choc léger", "dangereux", "mortel", le dernier étant
indiqué XXX.
Dans et par cette expérience, Milgram cherche à savoir si des individus sont
capables d’infliger des douleurs considérables par des chocs électriques allant
jusqu’à 450V, à des individus innocents et ceci simplement parce qu’une
autorité, un expérimentateur sensé faire une expérience scientifique, le leur
demande.
Précisions
Bien évidemment, on s'en doute, il n'y a pas de courant au bout des
électrodes et le sujet de l'expérience n'est pas la personne assise qui doit
retenir une liste de mots, mais bien celle qu'on installe au pupitre. En effet,
c'est volontairement, que "l’élève" fait des erreurs, tandis qu'il est demandé à
l'autre d'appuyer sur les boutons commandant l'électrocution. L'élève simule des
nuances de douleur : à 75 Volts il gémit, à 120 Volts il crie et dit que ça fait
mal, à 150 Volts il veut s’arrêter mais est attaché, à 270 il émet un cri proche
de l’agonie, à 300 Volts il gémit et ne donne plus signe de vie, et enfin,
à 350 Volts il perd conscience et s'évanouit.
Dans certains cas, la personne au pupitre refuse de continuer. L’expérimentateur
qui se tient à côté la relance à trois fois de façon de plus en plus forte :
plus l'hésitation est grande et plus l’ordre est sévère, allant de
"SVP, c’est essentiel pour
l’expérience!..." à "... vous êtes
obligé car vous vous êtes engagés!". Dans plus de 60% des cas, les
sujets sont pleinement soumis jusqu’au bout (450V). Parallèlement, des
sujets choisissent eux-mêmes l’intensité et donnent alors des chocs très légers.
On peut voir là que la grande majorité des personnes n'a pas tendance à résister
aux exigences de l’autorité même quand elle est dans son tort. N’importe quel
ordre émanant de cette autorité est suivi ... c'est ce qui permet d'expliquer
les suicides collectifs, ou encore l'extermination de toute une population, lors
de la deuxième guerre mondiale.
Variantes
Si l'expérience a été tentée de multiples fois avec le même résultat,
Milgram l'a refaite en modifiant certains paramètres afin de voir quelles
seraient les variations des comportements. Lorsque la victime est dans une autre
pièce et ne se manifeste qu'à 315 V, ou lorsqu'elle est reliée par Interphone
avec la personne au pupitre, ou lorsque celle-ci peut voir sa victime à quelques
mètres seulement ou encore lorsqu'elle lui maintient la main sur la plaque
électrique, on peut enregistrer des changements que l'on peut résumer ainsi :
plus la proximité est grande et plus le taux d'obéissance diminue.
Il faut tout de même remarquer que même dans le cas du contact physique, il
subsiste encore 30% de taux d'obéissance.
D'autres variations ont été reproduites, amenant encore d'autres comportements,
mais l'essentiel est l'évidence de l'obéissance à l'autorité.
Pourquoi ?
Milgram a tenté de savoir s'il existait un type de personnalité particulière
responsable de cette obéissance : en fait, les différentes personnalités de ceux
qui obéissent n'ont pas permis de faire un "portrait-type". Les sujets
obéissants aux ordres ne le font pas de gaieté de cœur. Il s'agit donc d'un
contexte particulier et pas d'une question de
personnalité ni de trait de caractère.
L’état d’autonomie d'un individu se caractérise par sa liberté de choisir le
comportement qui correspond le mieux à ses idées, ce comportement étant dicté
par sa propre conscience. Mais il peut arriver, dans une structure hiérarchique,
par exemple, que l’individu perde son autonomie, et qu'il se trouve réduit à
l’état d’agent. Dans ce cas précis, il en vient à considérer tout naturellement
que ses supérieurs hiérarchiques, qui représentent l'autorité, qui sont les
"Maîtres", sont responsables de ses actes à lui. Les ordres émanant des chefs
vont guider son propre comportement. Face à cette autorité, la personne ne se
considère plus que comme l’instrument de la volonté d’autrui, perdant ainsi
toute responsabilité dans ses actes : elle n'a plus à juger si ses comportements
sont bons ou mauvais puisque c’est l’autorité qui les dicte et qui juge.
Hypothèses
Un chercheur, Lerner, a démontré qu'en même temps que la personne se soumet,
elle subit une situation dans laquelle
elle est blâmée. L'autorité pense que le monde est juste et qu'elle a la mission
de l'organiser, et aussi que la victime est dans cette situation parce qu'elle
la mérite, ce qui ressemblerait à un notion mal comprise de Karma. Ceux qui sont
"en-dessous", le sont parce qu'ils le méritent et qu'ils n'ont pas fait ce qu'il
fallait pour être mieux placés. Donc, ils méritent leur situation, c'est ainsi
que pense ceux qui jouent avec cette autorité, selon ce chercheur ...
Il y a encore d'autres explications à cette soumission à l'autorité : toute
notre éducation (parentale, scolaire, sociale ...), nous a amenés à considérer
comme une norme sociale cette obéissance à l'ordre. Tous les ordres qui nous ont
été donnés, ont été accompagnés de l'idée qu'ils l'étaient dans notre intérêt.
L'obéissance est parfois due au fait que le réel objectif n'est pas clairement
défini dès le début.
Un autre chercheur, Gilbert, a démontré la véracité de ce que l'on appelle le
pied-dans-la-porte. Cela consiste à faire accepter un petit acte, au début :
lorsque le sujet accepte, il est pris dans l'engrenage et ne peut plus reculer.
C'est paraît-il une technique utilisée par certains commerciaux. Une fois le
premier choc électrique donné, il devient difficile de revenir en arrière.
Autre théorie, celle de Kiesler, qui s'est rendu compte que le sujet placé au
pupitre perçoit son comportement comme bon, puisqu'il punit des incorrections,
et de façon très légère (qu'est-ce que c'est que 15 Volts ?), et que son action
est valorisée par l'expérimentateur qui se tient près de lui.
L'impossible refus
La question reste : comment se fait-il que les sujets qui souhaitent
arrêter, ne le font pas ? Tout se passe comme si une puissance magique les avait
faits passer de l'état d'autonomie que nous connaissons tous, à ce que l'on
nomme l'état agentique (ou état d'agent).
On peut trouver au moins deux explications. La première pourrait se trouver dans
l'orgueil de la personne : s’arrêter maintenant serait reconnaître que ce qu’on
a fait jusque là était mal ...
La seconde est que se retourner contre l'autorité n'est pas à la portée de tous
: assumer cette position n'est pas facile du tout. En restant un instrument
d'exécution, le sujet est déchargé de toute responsabilité : sa rébellion lui
fait endosser à nouveau ses responsabilités. Les chercheurs expliquent :
«Le soldat tue parce qu’on lui dit de tuer et qu’il estime de son devoir d’obéir
aux ordres. Le fait d’infliger des punitions douloureuses à la victime ne vient
pas de pulsions destructrices des participants mais de leur intégration dans une
structure sociale dont ils sont incapables de se dégager.»
Phénomène gourou
Un vieux principe oriental dit que " Quand l'élève est prêt, le maître
paraît ". Mais qu'est-ce qu'un "Maître" ? Est-ce celui qui se dit "Maître", ou
bien celui qui est considéré par les autres comme tel ? La tendance de certains
"Maîtres" est de vouloir voir une seule tête, tous en même temps, respirer en
même temps, enfermant ainsi ses adeptes dans un conformisme dont il leur sera
très difficile de se libérer par eux-mêmes.
En Inde, le terme même de "gourou" a un rapport sémantique aux ténèbres et à la
lumière : le gourou fait passer des unes à l'autre.
Mais le maître n'impose pas : il guide, il accompagne ...
Donc pas question de se laisser aller au suivisme, au gourouisme. D'autant que
cette position de suivre un gourou est confortable pour les deux pôles : le
gourou en retire un réel avantage , et celui qu'y se plie à sa volonté, n'a pas
d'effort à faire pour décider de sa vie et n'a qu'à s'en remettre aveuglément à
l'autre qui décide pour lui. Cette situation de dépendance de l'un par rapport à
l'autre explique la solidité du lien.
Nous avons tous eu des maîtres dans notre vie : nos parents, nos enseignants,
toutes les personnes qui nous ont encadré, que ce soit en milieu sportif,
associatif, professionnel ... Et nous rencontrerons toujours des "Maîtres", car
nous sommes tous à la recherche de la vérité. D'ailleurs chacun de nous est un
"Maître" : il suffit de voir où est le domaine dans lequel nous excellons, car
nous avons tous certaines qualités particulières qui nous permettent d'être
particulièrement efficients dans certaines situations. Ce qui signifie que
rencontrer un "Maître", n'est pas chose rare, et que cette rencontre ne doit pas
nous amener à nous soumettre, puisque nous sommes aussi, quelque part ailleurs,
possesseurs de compétences ou de valeurs tout aussi importantes.
S'il est plus facile et confortable d'avoir un maître et de suivre ses
enseignements que d'agir, car dans ce cas il devient une idole, cette situation
n'est pas souhaitable, surtout lorsqu'elle en vient à vous faire admettre ce
qu'il faut faire, exprimer, penser, manger, voter ...
Nous verrons dans le prochain numéro de DRISH, les éléments philosophiques
d'Orient et d'Occident pouvant nous servir dans cette quête.
Bonne pratique et bonne réflexion.
(... à suivre ..)
Si les attitudes d'acceptation menant à l'obéissance et au conformisme
correspondent à des mécanismes psychologiques bien observés et bien étudiés, il
y a, heureusement, des moyens d'action.
Il
n'est pas question de s'enfermer dans un refus de l'autre composante de
nous-mêmes correspondant à cette part de notre personnalité très humaine : sa
négation n'arrangerait rien. Il importe d'être bien conscient de ces tendances
naturelles qui sont les nôtres, et partant de ce constat, de construire une
réelle réflexion.
Questions
Un certain nombre de questions restent, toutes ayant leur correspondance en
réponses claire et précises.
D'abord, alors que nous portons tous en nous l'exigence d'un maître exemplaire,
qui sont-ils et que sont-ils, ces maîtres ? J'ai rencontré bien des gens qui
croyaient une chose parce qu'elle était dite ou confirmée par le gourou, le
lama, le Swami, le professeur ... Or, ces gens-là ne sont, selon un terme
utilisé en Psychologie moderne, que des
Sujets Supposés Savoir, c'est à dire des personnes auxquelles nous prêtons
un savoir ou une connaissance qu'ils n'ont peut-être pas, la véritable
connaissance se trouvant du côté du sujet en recherche ...
Illustration : Où est la
connaissance ?
Et même en admettant que le Sujet Supposé
Savoir soit en possession d'une connaissance réelle, on ne devrait jamais
être soumis aux swamis. Les réflexions sur le Gourou (DRISH 97-98) sont, je
pense, suffisamment éloquentes sur le sujet.
La logique
Nous sommes des homo sapiens sapiens,
ce qui veut dire que nous pensons et que nous sommes conscients de notre faculté
de penser. En Orient, la réflexion et la capacité de logique entrent dans la
formation des maîtres (cela explique la présence des intégrammes dans le
Mémorandum qui vous est remis lors des séminaires) ... Le Yoga, le bouddhisme,
et le Nyaya, système philosophique abordé en Juillet dernier à Collbato,
évoquent la question de la connaissance juste et de la logique.
Illustration : la réflexion
...
Nous devons, nous Occidentaux, repenser la technique, la pédagogie et voir
quelle adaptation de la philosophie indienne est possible. Il s'agit de recréer
son yoga, et pas seulement de l'absorber sans le digérer.
Montaigne, Rabelais
Montaigne et Rabelais ont montré la voie de cette relation vraiment
pédagogique de celui qui reçoit et celui qui enseigne. Ces deux auteurs français
sont particulièrement importants, au point que je les aie intégrés dans le
système de formation de mon école de Yoga. En effet, les sessions animées dans
le cadre du Centre de Recherche KRIYA obéissent aux concepts de Rabelais et Montaigne et les
développent : c'est la condition de la qualité de la formation des futurs
enseignants de Yoga qui auront un jour, à prendre en charge des groupes. C'est
le même esprit qui m'anime depuis 1979, année de mise en place des premières
sessions de Yoga.
Cet échange entre l'enseignant et l'enseigné qui intègre les éléments et ne se
contente pas de seulement les mémoriser sans les faire siens, est possible du
fait de la capacité de l'humain à s'enrichir intellectuellement, spirituellement
et même au plan comportemental et psychologique, à tout âge.
Une relation pédagogique vraie
On doit à Carl Rogers, psychologue américain décédé dans les années 80, ce
concept de growth, qui signifie la
croissance, en anglais, et dont le sens est ici que chaque individu, quels que
soient son âge, ses conditions de vie, est capable d'évoluer. Cette idée a
permis à la psychologie moderne de faire un grand pas.
Illustration : La voie
orientale n'exclut pas les points de vue occidentaux ...
L'autre idée fondamentale que l'on doit à Rogers est celle de la relation d'aide
: elle signifie que lorsqu'une personne cherche à évoluer, on doit l'amener à
faire le travail elle-même, on peut lui montrer le chemin, mais on doit éviter
de le faire à ca place. On doit éveiller en elle les moyens de s'en sortir seule
: grandir se fait à cette seule condition de cheminer seul, par ses propres
moyens, l'accompagnant se contentant alors de montrer le chemin si nécessaire,
et surtout de ne pas intervenir dans les moyens que celui qui veut s'en sortir,
met en place.
La non-directivité
De nombreux gourous et maîtres en tout genre retireraient de nombreux
avantages à se pencher sur l'œuvre de Carl Rogers ...
Enfin, c'est à Rogers que l'on doit le concept de non-directivité : loin d'être
un laisser-faire sans structure, la non-directivité est la liberté laissée à
l'autre dans son moyen d'atteindre son but dans un cadre précis. Il importe de
laisser à chacun la possibilité d'ériger sa vérité.
(... à suivre ...)
Nous savons à présent que certains éléments psychiques identifiés sont en lien
avec notre comportement, et que le maître est souvent un Sujet supposé savoir,
selon un jargon utilisé dans le domaine de la psychanalyse. Nous savons aussi, à
présent que si les systèmes philosophiques orientaux donnent une certaine
importance à l'intuition, ils exaltent aussi la réflexion et la logique qu'ils
ne laissent pas de côté. Montaigne, Rabelais et Rogers, nous l'avons vu, vont
aussi dans le sens d'une appropriation de la connaissance dans les conditions
d'une relation pédagogique vraie.
Ces conceptions sont en rapport direct avec le Yoga, d'abord parce qu'elles
conditionnent totalement sa transmission, mais aussi parce qu'une des idées
développées par le texte indien de la Bhagavad-Gîtâ, enseigne le principe du
Swadharma, le devoir individuel.
Le swadharma
On ne peut définir correctement le
swadharma si on ne s'est pas d'abord penché sur la notion de
Dharma. Il s'agit d'un terme sanskrit
commun à l'hindouisme et au bouddhisme, intraduisible du fait de pluralité et de
subtilité de ses significations.
Inséparable des principes du Karma (action et conséquence de l'action) et du
Samsara (série des réincarnations), comme nous avons pu l'étudier cet été, qui
représentent l'action et ses conséquences ainsi que le cycle des naissances et
des morts, il vient du sanskrit Dhr
qui veut dire tenir, porter, le
Dharma sous-tend toute réalité matérielle ou morale
: il est la loi, la norme de tout ce qui existe, la Loi qui soutient & régit
l'univers tout entier.
Particulièrement développé dans les épopées hindoues (dans le Râmâyana :
l'histoire d'amour de Rama et Sîtâ est étroitement liée au Dharma, tout en
symbolisant l'union de l'âme et du divin ; dans le Mahâbhârata, récit de deux
clans qui vont s'affronter ; dans la Bhagavad-Gîtâ où le Dharma justifie le
droit, et même le devoir d'agir), le Dharma est ce qui constitue notre Vraie
Nature.
Illustration :
Le Dharma est censé guider le Yogi dans
sa pratique et dans sa vie
C'est aussi la droiture, le fondement de la morale et de l'éthique humaines. Le
Dharma est la loi naturelle de l'univers et, pour les Hindous, la base de toute
religion, en ce sens qu'il est la conformité à l'ordre cosmique.
Dharma et Rta
En ce sens, le terme Dharma est venu remplacer l'ancien
rita. Ce mot, qui est à l'origine de
celui de rite, ou de celui de rituel, recouvre un concept né de l'observation
des saisons, des moussons, de la périodicité des pluies, du retour périodique
des astres, laissant entendre qu'un ordre véritable existait (c'était à l'époque
védique, il y a plus de 2000 ans), ce qui allait influencer l'agencement du
sacrifice, déterminer un calendrier astronomique fixant les dates des opérations
rituelles.
De l'ordre cosmique (avec sa vision cosmologique), le Dharma a rejoint l'ordre
moral (le Swadharma, en rapport à la
caste), et aussi l'ordre religieux : d'où un rapport à Satyam (vérité
intérieure), car la loi ne peut s'appuyer que sur la vérité.
4 buts de l'homme
Il est à noter que l'hindouisme prévoit que la vie humaine comporte 4 buts :
Dharma, Artha, Kama, Moksha qui désignent plaisir et amour (Kama), gain et
intérêt (Artha), rectitude, vertu, disposition sociale & psychologique (Dharma),
Moksha étant la libération du cycle des naissances.
Enfin, être hindou, c'est suivre le Dharma, c'est à dire les grandes règles de
l'univers ainsi que son propre Dharma (qui est fonction de la condition de
chacun), les deux liés ; d'ailleurs ce que nous nommons
hindouisme est un mot occidental
construit à partir du mot Inde, lui-même issu du nom de la rivière Indus. Les
Hindous ne nomment pas leur religion hindouisme, mais
Sanâtana dharma, ce qui signifie
l'ordre éternel ou permanent.
La transgression du Dharma défait l'ordre du monde, d'où, pour les Hindous,
l'importance des rituels et des pratiques.
Au-delà de ce principe général du Dharma, chaque être a son Dharma particulier
dont il doit tenir compte.
Le plaisir est aussi un des buts de
l'existence, mais il n'est pas l'ultime.
Revenons à notre swadharma
Le guerrier a son devoir à accomplir.
Mais le combat n'est pas qu'à l'extérieur ...
Le Swadharma est le devoir individuel ; ce devoir de chacun se définit en
fonction de sa disposition naturelle Swabhâva. Ainsi, la tradition indienne
divisant ses sujets en castes, donne à chacune d'elle des droits et des
interdits. Ainsi, le Kshatriya (prince, guerrier) a son devoir propre qui est de
combattre pour défendre son pays et les personnes.
Si la caste des prêtres ne doit pas boire de vin mais doit connaître les textes
sacrés, dont les Veda, les basses castes peuvent boire du vin, mais il leur est
interdit strictement de lire les livres sacrés.
La notion de Swadharma, de façon plus large que dans sa restriction de caste qui
reste à nos yeux un système totalement injuste, puisque il est impossible de
"monter" en caste supérieure, du moins dans cette vie, mais on peut descendre de
caste, se retrouve dans cette phrase présente en page 2 de la revue DRISH :
"Mieux vaut pour chacun sa propre loi d'action, même imparfaite, que la loi
d'autrui, même bien appliquée. On n'encourt pas de faute lorsqu'on agit selon sa
propre nature"
Et en Occident ?
Le texte ci-dessus est tiré d'un texte sacré nommé la Bhagavad Gîtâ que nous
retrouverons au cours de la session prochaine de Juillet 2009 à Collbato, en
Espagne. Il date d'environ 2000 ans.
Mais si l'Orient semble si en avance par rapport à cette liberté de penser,
qu'en est-il en Occident ? Serions nous en reste par rapport à l'Inde ?
L'école de Yoga du KRIYA, dans la transmission du Yoga telle que je la conçois,
s'appuie sur les enseignements de philosophes ayant marqué aussi bien leur
génération que leur pays ou encore l'humanité entière en ce qu'ils ont apporté
comme message d'amélioration de la condition humaine.
L'Occident a eu ses grands hommes prêchant ainsi une intégration de
l'information et la liberté de choix en fonction de sa conscience : nous avons
déjà évoqué Montaigne, Rabelais, Carl Rogers.
Illustration :
Le but du Yoga est aussi de se conformer
au Dharma et au Swadharma
Concernant cette liberté, j'évoquerai ici Pierre Bayle, philosophe français
du XVIIème siècle.
Professeur de philosophie, apôtre de la tolérance, il personnifie encore de nos
jours, l'esprit critique.
Pierre Bayle
Né à Carla-Bayle (Ariège) en 1647, dans un contexte d'instabilité politique
et économique, de renaissance et de jaillissement d'idées nouvelles, Pierre
Bayle est d'abord protestant, puis il se convertit au catholicisme. Enfin, il
redevient protestant. De ces faits, il est accusé d'impiété et d'athéisme et
exposé à de sévères sanctions.
La persécution de son frère par les calvinistes renforce son engagement.
Illustration :
Pierre Bayle : l'anti-mouton
En 1682, il exalte le libre examen critique, le développement de l'esprit
scientifique, l'appui sur l'expérience :
... le témoignage d'un homme ne doit
avoir de force qu'à proportion du degré de certitude qu'il s'est acquis en
s'instruisant pleinement du fait.
On se doute des réactions belliqueuses des traditionalistes bien pensant
utilisant le savoir à des fins d'exploitation de la crédulité, de soumission
d'autrui dans une logique obscurantiste.
Vous avez dit "Autorité" ?
Il faut dire que ce bon sens prôné par Pierre Bayle critique et dénonce
l'Autorité et la Tradition sur lesquelles se fonde la manipulation des esprits
dans les domaines spirituel et religieux. Son point de vue est clair : il faut
pour chacun ...
... qu'il cherche la vérité le plus
soigneusement qu'il pourra et que, croyant l'avoir trouvée, il l'aime et y règle
sa vie.
Chercher la vérité, tout est là, en sachant que personne ne peut prétendre
la détenir. Ce qui importe est la conviction et la nécessité de s'y tenir.
Partant de là, il serait facile de réduire ...
... le suffrage d'une infinité de gens à
l'autorité de deux ou trois personnes qui, ayant débité une doctrine que l'on
supposait qu'ils avaient examinée à fond, l'ont persuadée à plusieurs autres par
le préjugé de leur mérite.
La question est là : est-ce que les opinions enseignées ont bien été vérifiées
pleinement et sérieusement ?
La voie de la facilité
Le reste s'explique par le fait que plutôt que vérifier ce qu'on leur
disait, les gens ont préféré la facilité et ...
croire tout d'un coup ce qu'on
leur disait qu'à l'examiner soigneusement.
A partir de là, la masse des crédules fait pression sur les indécis. Et les
moutons suivent, toujours en vertu de cette facilité : c'est ...
... un nouvel engagement aux
autres hommes de se délivrer de la peine
d'examiner une opinion qu'ils voyaient si générale.
Les nouveaux convaincus le sont aussi par le fait qu'ils supposent
la solidité des raisons desquelles on
s'était servi d'abord pour établir cette opinion.
La psychologie s'en mêle
Suite à cela, la pression sociale fait son effet bien connu en Psychologie
moderne :
... on s'est vu réduit à la nécessité de
croire ce que tout le monde croyait, de peur de passer pour un factieux (un
révolté, ndlr) qui veut lui seul en
savoir plus que tous les autres et contredire la vénérable Antiquité.
La phrase selon laquelle :
... un homme habile qui ne débite
que ce qu'il a extrêmement médité et qu'il a trouvé
à l'épreuve de tous ses doutes, donne plus de poids à son sentiment que
cent mille esprits vulgaires
qui se suivent comme des moutons, et se reposent de tout sur la bonne foi
d'autrui ...... est à méditer et à ne pas oublier.
Autre
modèle : Socrate
Socrate fait aussi partie des inspirateurs du Centre de Recherche KRIYA, en ce sens qu'il
refusait d'asséner des vérités, mais préférait, en vertu d'une pédagogie
adaptée, permettre à chacun de construire son système de connaissances et de
croyances, l'amenant à examiner par lui-même et à l'aide d'un questionnement
précis, le fondement de ses opinions et croyances.
C'est ce que Socrate nommait la Maïeutique, l'art d'accoucher les âmes,
s'appuyant sur l'exemple de sa propre mère qui était sage-femme. Il prétendait
n'avoir aucun savoir ; par contre, ses opinions étaient fouillées.
Le simple choix d'agir en fonction de cette maïeutique, exclut tout matraquage
consistant à asséner des pseudo-vérités pas toujours vérifiées. L'avantage de
cette démarche adaptée et hautement pédagogique est dans le fait que chacun
construit lui-même son système de connaissance et apprend ainsi à connaître ses
vérités, les choisir, sans se les voir imposer par l'environnement.
(suite et fin dans le prochain DRISH)
"Le monde n'est que franche moutonnaille"
disait La Fontaine, et nous avons pu voir, au début de cette série d'articles,
diverses définitions du terme mouton,
en référence à la belle et triste histoire de Panurge (ce nom signifiant aussi
le rusé).
Nécessité de liberté
Nous avons vu le besoin et la nécessité pour chaque être humain, de trouver
sa liberté, et dans le même temps, de suivre un guide, quel qu'il soit, ces deux
comportements en apparence contradictoires (mais n'est-ce pas le propre de
l'humain d'être ainsi pétri de contradictions ?) étant gérés par des centres
cérébraux repérés et précis.
A partir de là, nous avons envisagé l'indispensable rébellion contre ces
structures tendant à nous faire nous soumettre, et en particulier à ne pas
accepter ce qui nous semble être une fatalité.
Le Yoga est une voie sur laquelle il n'est pas question de faire comme tout le
monde, et nous pouvons apprécier son côté non-conformiste, même si la douceur
qui lui est nécessairement liée, pouvait faire quelquefois penser que ses
pratiquants laisseront faire n'importe quoi. C'est se tromper lourdement, à
moins de considérer qu'il ait un lien indéfectible avec le fatalisme.
Un constat terrible
A côté de ce constat lié à la tradition du Yoga,
nous avons envisagé les thèses de Asch et de Milgram tirées de leurs
études sur l'obéissance et le conformisme.
Il est remarquable dans tous les cas étudiés, que l'être humain a largement
tendance à se ranger du côté du plus fort ou du plus nombreux, et que les
changements de comportement et de décision correspondent aussi à une réelle
modification cérébrale ...
Illustration :
Le
conformisme fait changer d’avis …
Ce constat purement scientifique, donc expérimenté, vérifié et confirmé de
multiples fois, doit inciter à la prudence vis à vis des influences quelles
qu'elles soient, d'autant qu'il n'y a pas un type psychologique précis
d'individus ayant ce comportement de soumission, et que celle-ci s'observe dans
un très grand nombre de cas, même lorsque les conséquences dangereuses sont
immédiatement perceptibles, ce qui signifie que nous sommes en présence d'un
impossible refus.
La question du maître
Tout ceci doit amener une réelle position critique de ceux qui se disent
maîtres : ne peut être maître que celui qui est désigné ainsi par les autres, à
condition que cette désignation ne soit pas un phénomène de moutonnisme comme
l'évoquait sans le nommer ainsi, Pierre Bayle, décrivant cette dispense de
réflexion que l'on trouve chez ceux qui suivent aveuglément l'avis du plus grand
nombre. Et puis, nous devons garder en mémoire, toujours, qu'un maître reste un
Sujet supposé savoir.
Le problème, dans l'univers du Yoga, est que bien des enseignants de Yoga
réfutent toute démarche ou étude scientifique, estimant que le langage du cœur
et l'intuition sont supérieurs à la pensée (je ne les rejette surtout pas mais
déplore l’abus qui en est fait), ce qui les amène dans leur logique
obscurantiste, tout simplement, et à tort, à rejeter toute étude
scientifiquement prouvée. De même, ils rejettent toute réalité psy, ce qui
explique en partie qu'en Occident on se réfugie très vite dans le Yoga du corps
tout en délaissant le plus important : les aspects comportementaux et mentaux.
De même, d'ailleurs, qu'il m'est arrivé de rencontrer des personnalités du monde
psy qui affichaient une sorte de phobie du corps ...
Et la logique dans tout ça ?
Ces professeurs de Yoga qui éjectent ainsi toute démarche scientifique, de
ce fait, se coupent aussi de la logique qui peut être pourtant, d'une aide
importante, et de la réflexion, sa compagne formelle sans laquelle
l'enseignement du Yoga devient un danger (Cf
Le Yoga est-il dangereux ? dans DRISH
98-99).
Illustration :
La
discipline n’exclut pas la liberté …
Sur ce point, je proposerai au lecteur, un peu plus loin dans ce même numéro, le
texte Yoga et action, rédigé il y a
une dizaine d'années en conclusion d'un travail de recherche sur l'art-thérapie
: il concerne encore plus directement cette conception traitée dans cette série
d'articles, appliquée au monde du Yoga et de sa transmission.
Illustration :
Soumis,
le yogi ? …
Des guides ...
Heureusement, de nombreux penseurs ont incité l'humanité à prendre position
de façon ferme et déterminée par rapport à la soumission trop complaisante :
mais ils ne sont pas toujours connus, ce qui est dommage, et encore plus chez
nous où la notion incontournable de Liberté est
une réelle valeur républicaine fondamentale.
Le devoir de liberté
Socrate, Rabelais, Montaigne, Rogers, Bayle, et bien d'autres encore, sans
parler des penseurs orientaux ou des textes classiques de l'Inde qui recherchent
l'autonomie et nous incitent à suivre cette voie, sont là, pour nous redire
encore que cette démarche n'est pas seulement un droit : elle est un devoir
individuel par rapport à la vie elle-même, trop précieuse pour être gaspillée en
suivant la voie de quelqu'un d'autre ce qui ne peut avoir pour effet que de nous
détourner confortablement, certes, mais nous détourner quand même de notre
propre chemin.
Illustrations :
Pierre
Bayle - Socrate
Au travail ...
L'action
est le propre de l'homme, certains diront le travail, et c'est à cette condition
que le développement de chacun pourra se faire harmonieusement afin qu'il trouve
sa place dans l'édifice humain, au service des autres, mais pas d'un seul qui ne
serait que profiteur ou prédateur intéressé, le maître mot étant sûrement celui
de la Bhagavad-Gîtâ que vous connaissez depuis que DRISH existe :
"Mieux vaut pour chacun sa propre loi
d’action, même imparfaite,
que la loi d’autrui, même bien
appliquée.
On n’encourt pas de risque quand on
agit selon sa propre nature".
En conclusion ...
Alors, soumis, l'adepte du Yoga ? Non, surtout pas, pour les raisons
d'autonomie évoquées ci-dessus, mais aussi parce que les principes du Yoga,
ceux-là même qui constituent ce que je nomme la culture du Yoga, ces principes
directeurs inévitables si on désire vraiment pratiquer le Yoga comme il le faut
sont là pour nous guider sur cette voie orientale comme dans notre quotidien.
Illustration :
L’enseignement
de la Bhagavad-Gîtâ …
Et là, il n'est pas question d'agir en mouton ni de se laisser agir, mais de
prendre son existence précieuse en main, et de suivra son propre chemin, éclairé
par ces principes indispensables qui, contrairement à ce que l'on pense,
n'empêchent pas la liberté, mais bien au contraire en accroissent la perception
tout en donnant de plus grands moyens d'action par le simple pouvoir que l'on
acquiert sur soi-même.
Rendez-vous pour une ultime réflexion sur le sujet en page 40.
Bonne pratique et bon courage.