INSTITUT LEININGER    
        Centre de Recherche Indépendant de Yoga Adapté (KRIYA)
   
Ecole de Yoga - FORMATION de professeurs de YOGA.
      
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- Un bon mental, une bonne philosophie de vie, un corps souple et fort pour mieux vivre sa vie -

                                                       
     Yoga, œil et action                          
                                                           

Voir aussi :
       - Yoga et Conscience                                   - Méditation et action
                                   - La méditation : savoir se concentrer d'abord ...                                          - Sculpture et mental
       -
Méditation : fuite ou construction ?          -  "Méditation : fondements et pratique'                            
                                     

L’œil et le Yoga
On ne peut que s'émerveiller à considérer l’être humain dans l’ensemble de ses composantes. Il y a de quoi s’extasier devant l'œil : ce cadeau de la nature nous donne une image précise de ce qui nous environne, malgré le point obscur de la tache aveugle que j’ai déjà évoqué lors des premiers articles sur ce sujet.

L’œil et l’enseignant
En plus de voir, l'œil nous sert dans l'équilibration, ce dont on se rend compte lors des séances de Yoga ou dans la pratique des Arts martiaux, de la Danse cités dans Drish 116 ou encore de la Gymnastique aux appareils.
Car il s'agit bien de cela : à l'approche des systèmes orientaux, nous devons utiliser notre œil, le lier à l'entendement et expérimenter en conservant notre libre-arbitre comme nous y invite Pierre Bayle dans ses écrits sur l'indispensable tolérance et sur la nécessité d’ouvrir l’œil, justement, afin de ne pas tomber dans une obéissance aveugle (!) à des principes qu’on voudrait nous faire suivre sans réflexion. Et je n’oublierai pas Tolstoï et son souci de conserver à l’apprentissage son  caractère de liberté qu’il considérait comme le seul critérium de la pédagogie.
Je dois dire que je comprends tout à fait que ce discours puisse surprendre : non plus ceux qui me connaissent et sont habitués à mon parcours et à ma manière originale, respectueuse et efficace de travailler, mais plutôt ceux avec lesquels je m'entretiens sur la transmission du Yoga et ses pratiques.
Car il s'agit bien de cela : à l'approche des systèmes orientaux, nous devons utiliser notre œil, le lier à l'entendement et expérimenter en conservant notre libre-arbitre comme nous y invite Pierre Bayle dans ses écrits sur l'indispensable tolérance et sur la nécessité d’ouvrir l’œil, justement, afin de ne pas tomber dans une obéissance aveugle (!) à des principes qu’on voudrait nous faire suivre sans réflexion. Et je n’oublierai pas Tolstoï et son souci de conserver à l’apprentissage son caractère de liberté qu’il considérait comme le seul critérium de la pédagogie.
Je dois dire que je comprends tout à fait que ce discours puisse surprendre : non plus ceux qui me connaissent et sont habitués à mon parcours et à ma manière originale, respectueuse et efficace de travailler, mais plutôt ceux avec lesquels je m'entretiens sur la transmission du Yoga et ses pratiques.

Une vision juste
II y a longtemps, dans une école de Yoga en région Sud-Ouest, j'exposai des notions de pédagogie de base à de futurs enseignants qui n'en avaient jamais entendu parler, parce qu'hélas! habitués d’une part, à l'absence d'attitude pédagogique réelle de la part de leur professeur, et d’autre part à sa présence statique et immobile, presque virtuelle et aveugle, alors qu’il est normalement en situation active d’animer. En me voyant ainsi prononcer des mots dont le contenu était, pour eux, une nouveauté, ils n'en croyaient pas leurs … oreilles : occupant une place centrale dans les outils pédagogiques de l'enseignant de Yoga, je plaçais l'œil, celui-là même qui avait motivé l'appellation de Drish dès la conception de son idée, en 1985.

L’œil du ‘maître’
L'œil de l'enseignant conscient de sa charge et de la nécessaire humilité liée à sa propre imperfection, devrait être l’œil du ‘maître’ ou encore l’œil de l’expert dont la fonction est associée aux connaissances anatomiques, physiologiques, techniques, humaines, expérientielles.
Il doit savoir apprécier la justesse du vécu du pratiquant, et sentir si ce vécu est complet, correct, juste.
L'œil est accompagné dans cette action, de la voix, la main et le pied. Donc, ouvrons l'œil !... Et ouvrons l’œil, aussi, sur l’usage que nous faisons de cet organe si précieux.

Œil et posture inversée.
Il y a quelques années, au cours des sessions, André Van Lysebeth avait coutume de décrire le test suivant : on parcourt les pages d'un journal en essayant de lire les petits caractères, puis on pratique la pose sur la tête.
Enfin, on reprend le journal et il s'avère qu'on lit mieux, qu'on arrive à percevoir plus précisément et avec plus d'acuité, les caractères jusque là difficiles à voir.
Dans son premier livre "J'apprends le Yoga", André Van Lysebeth décrivait l'amélioration nette de la vue comme effet surprenant de Shirshâsana et de Kapalâsana (de shirsha = tête, et de Kapala = crâne).
Il les conseillait aux personnes souffrant de troubles d'acuité et indiquait toute les affections pathologiques constituant des contre-indications. Dans les deux cas, Il s'agit de la posture inversée, en appui sur la tête, qui n'est pas exempte de danger (Cf Drish 104), en plus de ce qui suit.

Dear Prudence...
Hormis ces problèmes connus de ceux qui les subissent, le Yoga présente-t-il des risques pour les yeux ? Une rencontre d’il y a une quinzaine d’années m'a permis d'y voir plus clair si je puis dire, dans ce domaine. Un chirurgien ophtalmologiste exposait lors d’une conférence, les effets de la pratique du Yoga au plan visuel. Lui-même, ancien pratiquant ayant suivi certains de mes séminaires de Yoga, ne pensait pas qu'il pût y avoir un danger à prendre certaines postures. C'est sous l'insistance d'un confrère qu'il s'est mis en quête d'informations sur ce sujet. Car en effet, selon lui, a priori, les poses du Yoga et celles à l'envers ne présentaient rien qui fût potentiellement dangereux pour la vue. Il s'est avéré qu'il a du revoir son point de vue à la lumière de parutions étrangères spécialisées.

Vue et... revues
On trouve dans l'Indian Journal de 1989, l'indication selon laquelle le Yoga améliore le temps de réaction visuel et auditif après 6 semaines d'entraînement à raison d'une heure par jour, ce qui semble être lié à plus de décontraction et de réceptivité, comme le préconise la méthode Bates régulièrement étudiée dans ces pages.
Cette séance quotidienne comportait des techniques dont les appellations vous diront quelque chose : lotus, tête de vache, cobra, chandelle, charrue, pince, triangle, tête de cheval, relaxation …

Jusque là … ça va !
Par contre, l'American Journal Ophtalmology de 1992 donne quant à lui des aspects négatifs indiquant des varices conjonctivales et une thrombose associées à une pratique de 10 minutes de pose inversée 10 fois par jour.
A noter qu'une varice est une dilatation pathologique permanente d'une veine ; la conjonctive est la muqueuse recouvrant l'oeil. D'après le Petit Larousse de la Médecine, la thrombose est la formation d'un caillot sanguin obstruant la lumière d'un vaisseau.


Détail anatomique.

Ces problèmes se sont révélés chez un professeur de Yoga qui ne se plaignait nullement des yeux. Mais des varices orbitaires se sont créées, avec accumulation, dilatation puis thrombose, car la nature n'a pas prévu de valves dans les veines oculaires, permettant d'éviter une stagnation de la circulation dans l'œil, comme celles que l'on trouve au niveau des veines des membres inférieurs.
Les varices, déformations du système veineux, situées en général au niveau des jambes, sont dues à une circulation veineuse déficiente, un manque de tonicité des parois veineuses, la difficulté pour la masse sanguine de remonter vers le cœur, et souvent associées à un mauvais fonctionnement des valvules.
C'est pourtant ce qui se passe au niveau de l'œil lors du maintien de la posture inversée : une stagnation apparaît.

Autre particularité.
En avant du cristallin de l'oeil, se trouve l'humeur aqueuse (formée d'eau et de sels minéraux) dont l'excès s'échappe au niveau de l'angle formé par l'iris et la cornée, semblable à celui des deux
plans du mur et du plafond.
Or, ce même American Journal Ophtalmology indiquait, en 1985, la possibilité de déclenchement d'un glaucome par la fermeture de l'angle irido-cornéen
 délimité par la face avant de l'iris et la face postérieure de la cornée (Cf. dessin ci-après) et l'augmentation de la pression intra-oculaire, au cours des postures inversées.
En 1984, il donnait, dans l'article Yoga and Glaucoma, des mesures précises selon lesquelles la pose inversée augmente la tension oculaire : après seulement 10 à 20 secondes de pratique, la tension monte de 16 mm de mercure à … 36, et ce aussi bien chez les sujets normaux que chez ceux atteints du glaucome. Ainsi, 20 minutes de pose inversée par jour peuvent entraîner une atteinte du champ visuel.
Il y a risque d'hémorragie en rétinopathie si les vaisseaux deviennent anormaux par surpression, ou même à pression normale.
Ayant une fonction circulatoire importante, située entre la rétine et la sclérotique (tunique la plus externe de l'oeil), la choroïde est une sorte d'éponge vasculaire qui assure l'irrigation de la rétine. Sous l'effet de la pression, elle prend plus de place et repousse l'oeil en avant, modifiant tout son fonctionnement et le mettant en danger.
On se rend compte que l'oeil, merveilleux outil que la nature a confectionné en aménageant deux pédoncules nerveux directement reliés à l'encéphale, pour nous permettre d'avoir une image précise du monde extérieur, cet oeil est en même temps d'une grande adaptabilité et d'une grande fragilité, dès l'instant où on le soumet à des conditions de fonctionnement non prévues par la nature.

Et alors ?

En conclusion, le spécialiste informait sur les dangers potentiels dans les cas de traumatismes ou plaies oculaires récentes, d'antécédents d'occlusion veineuse rétinienne, de néo-vaisseaux, qu'ils soient de l'angle irido-cornéen, rétiniens ou choroïdiens. Il précisait que plusieurs centaines de milliers de personnes, en France, étaient prédisposées sans le savoir à des problèmes de ce type. Il ne put répondre à ma question sur les éventuels risques des autres postures inversées, chandelle ou flexions en avant en position debout, car les observations ne se sont faites que sur la pose sur la tête.
Raison de plus de l’éviter, mon choix depuis … 1979 ou 1980.
Et nous, quelles conclusions pouvons-nous tirer de ces avis ?
D'abord, que les très fameuses Shirshâsana et Kapalâsana sont à bannir pour nous, Occidentaux, pour des raisons que j'ai pu évoquer dans une série d'articles (Drish 31 à 38, et ma nette prise de position reprise dans l’article sur l’épistémologie de Drish 111 paru début 2011). Sont préférables, de loin, la Chandelle, Sarvangâsana et ses variantes.
On pourra donc sans risque, conserver des positions inversées douces, celles où la tête se trouve en dessous du niveau du tronc, mais sans trop de distance entre le point du corps le plus bas et celui le plus élevé. D'après le principe d'hydrostatique et celui de Pascal, la pression est proportionnelle à la hauteur de la colonne de liquide. Donc, plus le corps est tendu verticalement et plus la pression sur le point le plus bas sera forte. L'impératif confort sera à nouveau respecté et suivi scrupuleusement, bien que cela ne suffise pas. En effet, il semble que l'altération du champ visuel se fasse sans qu'on s'en rende compte …
Donc, prudence et au moindre signe, consultez un spécialiste en précisant éventuellement les indications de cet article que peu de spécialistes connaissent.
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