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INSTITUT LEININGER
Centre de Recherche Indépendant de Yoga Adapté
(KRIYA)
Yogathérapie
- YOGA - Thérapie holistique
Ecole de Yoga du
K.R.I.Y.A.
Pour votre bien-être
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- Un bon mental, une bonne philosophie de vie,
un corps souple et fort pour mieux vivre sa vie -
Yoga, liberté et action
Souvent, se pose la question du guide, de
l'enseignant, sur la voie du Yoga.
Il importe de bien voir que pour l'Occident, la liberté est une valeur, un
devoir, un droit. Il importe donc de la conserver, à tout prix.
C'est la raison de la parution, dans la revue de Yoga, d'articles sur ce sujet,
répartis sur plusieurs numéros.
Voir aussi :
- Cours
réguliers de méditation
-
Yoga, philosophie de vie
et harmonie
-
Contrôler le mental - L'esprit de
l'école de Yoga
-
L'esprit de l'école de Yoga
- Les stages proposés
-
Pierre Bayle
- Mes engagements
-
Mon docteur
indien
- Yoga et
professionnalisme
- Prochains rendez-vous
- Qui suis-je
?
-
Méditation : fuite ou construction ? -
Yoga et liberté
Yoga
et création
Nous voici à la fin de ce sujet rarement abordé et pourtant si important sur le
thème Dessine-moi un mouton
dont vous retrouverez l'intégralité en
cliquant
ici.
Suite à la série des 8 articles, je vous propose le texte qui constitua la
conclusion du mémoire de fin de recherche rédigé en 2000 en conclusion de ma
formation en Psychothérapies médiatiques, sur le thème
Yoga et Création.
L'ensemble de ce travail concerne encore plus directement les conceptions
traitées dans cet article en 8 parties que vous avez pu découvrir, appliquée au
monde du Yoga et à sa transmission avec, en filigrane, la créativité, dimension
typiquement humaine dont les avantages sont énormes dans le domaine de
l'adaptation.
Bonne lecture.
Deux exemples de créativité en Inde :
• Le miniaturiste, gravure indienne …
• Khajuraho inscrite au patrimoine mondial de l’humanité …
Yoga et création
L'élévation de l'esprit humain a inspiré, initié, et engendré des œuvres d'art
reconnues universellement. Toutes les civilisations ont élevé des temples avec
pour seul moteur leur foi. Pour qui s'intéresse au subcontinent indien, la
richesse philosophique et spirituelle de cette contrée est une marque de grande
créativité.
Le Yoga, sans dogme ni dieu, ni lieu précis, propose une démarche qui peut aider
au développement de la créativité personnelle, bien qu'il reste entendu que
lorsqu'elle s'exprime, il ne semble guère possible de définir avec exactitude
quelle en est la cause directe. Les potentialités s'expriment, elles sont là,
inconnues et méconnaissables quant à leur(s) origine(s) possible(s). Ma
conclusion ne dira donc pas : Faites du
Yoga, vous serez un créateur!... même s'il peut y aider. Je préfère que mes
derniers coups de ciseau sur cette sculpture verbale structurée fassent l'éloge
de l'esprit créatif dans la pratique et l'enseignement d'un Yoga adapté et
repensé.
Ce projet peut sembler ambitieux lorsqu'on considère le caractère codifié de ce
point de vue (Traduction du terme sanskrit darshana, qui désigne chacun des six
systèmes philosophiques indiens parmi lesquels le Yoga, le Samkhya, le Vedanta
...) oriental défini par quelques textes précis. Et il est d'autant
nécessaire que ceux qui se placent dans une relation maître-disciple ne
s'accordent généralement aucune liberté de repenser la tradition comme le leur
aurait conseillé Pierre Bayle.
Ils devraient se donner le droit d'apprécier si le Yoga est vraiment applicable
à l'Occident, si les pratiquants ont le temps, l'esprit, les moyens de cette
pratique qu'il s'agit de revoir et d'adapter. Ce n'est pas vraiment un problème
puisque le mot lui-même de Yoga a une valeur polysémique, ce qui signifie qu'il
est possible de faire en sorte que le Yoga serve plutôt que d'asseoir le
"maître" sur un piédestal en provoquant l'assujettissement de l'élève, la
transformation de sa confiance en aveugle naïveté, de son assiduité en fidélité,
de sa fidélité en obscur asservissement dans lequel il ne peut plus se rendre
compte que la lumière qu'on lui propose exige de lui qu'il laisse à son insu,
libre arbitre, esprit critique, sens de la réalité.
Je propose au lecteur un tour d'horizon de quelques domaines en rapport avec le
Yoga, dans lesquels existe un véritable vide, et où l'esprit créatif a largement
sa place car l'enseignement du Yoga peut être un art, dans le sens de
l'utilisation des facultés créatrices.
Le premier de ces domaines est celui du statut de l'enseignant de Yoga. La
législation, pauvre en ce domaine a adopté un texte en 1977 (n° 77/1404) auquel
la FNEY a ajouté depuis longtemps un code de déontologie (Cf Le centième DRISH)
proposant aux enseignants de respecter certaines règles concernant leurs
relations avec le Yoga, avec eux-mêmes, avec les pratiquants, avec les autres
enseignants, avec le public, avec l'environnement.
Face à cette situation peu aisée, l'attrayant choix de l'enseignement clandestin
encore trop courant est celui pour lequel n'opte pas l'enseignant soucieux de
servir ses clients, et de le faire au grand jour, en professionnel responsable.
Cet autre choix est moins confortable, plus exigeant, plus honnête, plus social
et plus respectueux vis à vis du monde du Yoga dans son ensemble puisqu'alors,
en acceptant ces règles, l'enseignant va se donner les moyens d'être avant tout
au service des autres, ce qui, on s'en doute, au vu des conditions, exige de
mettre en œuvre le potentiel créateur de chacun pour résoudre une situation non
plus basée sur le principe de plaisir, mais sur celui de la réalité.
Etre au service des autres, passe par le tri à faire dans la formation qu'il
reçoit et d'y définir ce qui est applicable et ce qui ne l'est pas. Il importe
comme l'enseignait Montaigne, de faire
passer cela par ses étamines et de
faire sien, ces leçons, ce qui est bien supérieur à la simple mémorisation de
cet acquis. Ce choix nécessite la mise en action de ses propres capacités
intellectuelles pour la compréhension et l'assimilation de ces données, de son
libre-arbitre et de ses facultés créatrices pour permettre une traduction et une
adaptation applicables aux pratiquants de base.
Les mêmes qualités seront exigées si, décidant toujours de servir son public et
non de l'asservir, on fait le choix de lui adapter le Yoga et non l'inverse
désastreux. Cela nécessite de solides connaissances en sciences humaines, et un
véritable vécu corporel fondé lui aussi sur la créativité. Si la pédagogie
connaît quelques bases "théorisables", sa pratique exige la vigilance créative
de chaque instant pour que tout pratiquant qui rencontrerait une difficulté
quelconque sur son tapis, puisse, dans l'instant, se voir offrir une variante
possible, plus adaptée à ses compétences du moment.
Mais alors que le Yoga se définit comme une voie vers l'autonomie, la tendance
est grande, pour l'atteindre, de se soumettre au
gourou sans le vouloir nécessairement, sans le chercher pour autant.
Cette dépendance évite les responsabilités, infantilise et met à l'abri
temporairement en apportant une réassurance maternante (voir
Le Yoga est-il dangereux, DRISH 97-98,
pages 45-46, 58-59).
L'autre choix, celui de l'éveil de la libre pensée, celui du libre-arbitre, si
tant est qu'il soit possible, celui de l'autonomie, justement, c'est celui que
ne peuvent faire ceux qui viennent se soumettre confortablement au gourou, au
groupe, voire à la secte, puisqu'on sait qu'en Occident, à une époque, nombre de
mouvements sectaires proposaient des séances de Yoga et de relaxation pour mieux
appâter leurs victimes potentielles.
Il faut d'ailleurs remarquer que si le mot est le même,
secte désigne, chez nous, la fermeture et l'emprisonnement
idéologique et dogmatique alors que pour l'Orient, c'est la liberté de pensée
qui y prime. Secte vient de sequire,
et j'ai donc envie, envers et contre tous ceux qui ne pensent pas comme moi et
dont la tendance est de dénigrer le "je", de suivre qui je veux, quand je veux,
où je veux et bien sûr, si je
veux.
... Aucune chapelle ou école n'a la vérité unique ; la Tradition est en marche
et notre devoir est de l'adapter à notre monde, à notre époque, à notre public
et ses difficultés, où l'on remarque une fois encore, le secours possible de la
créativité. Bien entendu, le gourou n'est pas toujours prêt à entendre ce
discours, surtout s'il est exploiteur de la crédulité humaine, esclavagiste et
autoritaire, s'il mesure sa "maîtrise" au nombre de ses adeptes, s'il dirige une
chapelle en faisant en sorte que ses disciples ne soient que sa copie conforme,
s'il se pose en modèle alors qu'il n'a à gérer en ce monde ni vie de famille, ni
obligations professionnelles, ni vie sociale, ni questions financières.
Je pense que le maître est avant tout bienveillant et bienfaisant (traduction de
Shiva, qui est aussi Mahâyogi, le grand Yogi). Il est un éveilleur d'esprit, un
libérateur soucieux de donner à ses élèves les moyens et l'envie de voler de
leurs propres ailes tout en leur permettant de trouver liberté, autonomie, en
plus du bien-être physique, mental et spirituel. C'est ce même maître qui,
exerçant sa créativité, utilise sa connaissance et son savoir pour mener sa
réflexion et reprend la notion d'illusion pour mesurer la probabilité de celle
de la recherche du maître, car bien des questions restent : et si la recherche
du mieux était une illusion ? Et si l'Orient voyant notre goût pour tous ces
systèmes après lesquels nous courons, n'était qu'un fournisseur de systèmes et
non un dispensateur de sagesse, comme on le voit de par le monde où de nouvelles
formes de Yoga apparaissent régulièrement avec de nouvelles étiquettes plus
attirantes les unes que les autres mais obéissant plus à un phénomène de mode et
d'activité commerciale qu'à une réelle tradition pourtant bien existante ? Et si
ceux que l'on considère comme des sages n'en étaient pas ? Ou en tout cas pas
complètement ? Et si tout ceci n'était qu'une illusion de l'illusion, à savoir
un système diabolique faisant miroiter la dispersion de l'illusion par des
moyens qui ne feraient que l'alourdir, l'épaissir, la rendre encore plus
tamasique (Tamas
désigne la lourdeur, l'obscurité, la densité, alors que Rajas est la lumière,
l'action et Sattva la perfection : on retrouve ces trois composantes dans tout
ce qui existe) ? Car, peut-être la libération de l'individu se trouve-t-elle
dans l'accomplissement banal de sa vie quotidienne, en toute simplicité, en
toute sacralité, car pour l'Hindou, tout est sacré.
Simple jeu d'esprit, pensez-vous ? Pourtant la mythologie enseigne que, bien
qu'Hindouisme et Bouddhisme soient opposés, le Bouddha est un
avatar (En Inde, un avatar est le fait pour un dieu, de prendre forme humaine
(ou animale, parfois), généralement pour sauver l'humanité en danger.) de
Vishnou ; mais Vishnou aurait pris cette forme pour dérouter les croyants et
tester leur foi ...
Si ces pages ont fait naître en vous le doute, alors qu'elles soient une
véritable injonction aux enseignants comme aux pratiquants de base, à utiliser
leur propre créativité pour conserver leur liberté de penser, respecter les
principes de la démocratie, refuser tout dogme, se méfier des faux prophètes,
avancer avec prudence, rester vigilants, ne pas confondre tolérance et
laisser-faire, et rester des humains respectables et respectueux.
Ce n'est qu'à cette condition indispensable que la Tradition peut continuer à
servir l'homme et à le faire grandir et éviter qu'elle soit utilisée à des fins
d'un haïssable asservissement des individus comme on le voit hélas trop souvent
en matière de religion ou de spiritualité en général.
GillEric Leininger
Molinier
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