INSTITUT LEININGER
Yogathérapie - YOGA - Thérapie holistique Centre de Recherche Indépendant de Yoga Adapté (KRIYA) Ecole de Yoga du K.R.I.Y.A. |
- Un bon mental, une bonne philosophie de vie, un corps souple et fort pour mieux vivre sa vie -
Confort du corps, du souffle et du mental
La question du confort dans la pratique du Yoga est essentielle et
exigeante à la fois.
Elle obéit à des lois de fonctionnement qui gouvernent une
pratique et un enseignement bien pensés.
Le pratiquant doit trouver son aise au niveau de ces trois dimensions de son
être : son corps, sa respiration, son mental.
Cet article vous permettra de comprendre comment fonctionner et du mieux
possible.
Confort du corps, du souffle, et du mental |
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˝Sthirasukhamasanam˝
veut dire que la posture doit être ferme et agréable et on trouve aussi d’autres
traductions comme : forte
et confortable.
Dans son ˝Les Yoga-s pratiques˝, Le
sage indien Vivekananda le traduit ainsi :
˝La posture doit être stable et
agréable˝.
En langue ancienne de l’Inde,
˝Sthira˝ vient de : ˝Sthâ˝,
qui veut dire : ˝se tenir
fermement˝ et de ˝Sthiti˝
qui est l’immobilité, la fixité, la stabilité tandis que
˝Sthita˝ veut dire : "debout,
immobile"
ainsi que "ferme, établi" …
Quant à ˝Sukha˝, c'est le contraire
de ˝duhkha˝ qui désigne
l’insatisfaction, la souffrance. "Sukha"
veut dire : "plaisant, agréable, heureux" ;
c'est la joie, le bonheur, le plaisir. ˝Sukh˝
veut dire : ˝éprouver
du plaisir˝
et
˝Sukham˝ :
˝faire
plaisir, rendre heureux, donner du plaisir˝.
Si nous revenons à la phrase sanskrite de Patanjali, elle énonce
simplement que la posture et tout l’ensemble du travail du Yoga doivent donc
être aisés, plaisants, agréables, heureux, et aussi donner du plaisir, de la
joie.
Très concrètement et pédagogiquement, de manière globale et précise à la fois,
toute pratique du Yoga doit se faire avec un maximum de confort : c'est ainsi
que se traduit habituellement cette idée inscrite dans le texte le plus ancien
du Yoga traditionnel.
"Sukhasana"
Ce confort, cette facilité dans la pratique ne sont pas … faciles à
trouver. D'ailleurs la posture de Yoga nommée ˝Sukhasana˝,
c’est-à-dire "Posture facile˝, est la
position en tailleur, jambes croisées, genoux plus hauts que les pieds.
Pour nombre de pratiquants débutants, cette attitude corporelle est très loin
d’être agréable et de les rendre heureux au point de les faire devenir "Sukhasvabhava",
c’est-à-dire de nature joyeuse ("Sva"
veut dire : soi et "Bhava" : nature)
car la joie est inscrite dans les textes du Yoga. De ce fait et heureusement, la
souffrance et la douleur devant être exclues de la pratique, il suffit de peu de
chose pour la rendre agréable à tenir : il suffit d'être vigilant.
Quel confort ?
Il est rappelé en début de séance les trois domaines dans lesquels le confort
doit être établi.
Si j'utilise ce verbe, c'est bien que l'aisance doit être recherchée et mise en
place car on n'arrive pas, ou bien c'est rare, à la séance de Yoga dans un état
de tranquillité et de calme absolus. Le confort va donc être mis en place au
plan physique, respiratoire et mental.
Le lecteur se demande peut-être si cet ordre est important … En effet, ne
faudrait-il pas d'abord calmer le mental ou la respiration avant le corps ?
Cette question aurait tout à fait sa raison d'être puisque les textes du Yoga,
aussi bien les Yoga-Sutra-s de Patanjali que d'autres encore qui sont plus
récents, posent comme principe très important dans la pratique du Yoga et aussi
dans la tradition dans son ensemble, que lorsque le souffle est agité, le mental
est agité et réciproquement, ce qui veut dire que l'on pourrait d'abord agir sur
l'une ou l'autre de ces composantes avant de tranquilliser le corps. Cette
logique joue aussi au plan inverse : lorsque le mental est agité, la respiration
aussi et encore une fois, cette observation est à lire réciproquement.
Notre corps constituant notre matière, c'est l'élément le plus palpable, le plus
concret et c'est donc par lui qu'il vaut mieux commencer, d'autant que dans sa
densité tangible, il recèle dans ses structures les plus subtiles, les moyens
d'agir sur les autres niveaux.
Confort ?
Nos piliers
Le confort physique
Dès la sortie du vestiaire, on se pose sur son tapis : là débute la séance bien
qu'en réalité elle ait démarré dès que l'on a pris la décision de quitter son
activité et se rendre à l'Institut pour se consacrer à sa séance habituelle. La
posture assise est choisie et on s'y installe en veillant à ce que les pieds,
les jambes, les cuisses, le bassin, la colonne vertébrale, les épaules, la tête
soient placés confortablement.
Pour cela, il importe de s'aider éventuellement de matériel : supports,
coussinets, cales pour placer le corps dans une position un peu plus haute ou
soulager les chevilles, etc. Le confort signifie que l'on ne doit ressentir
aucune douleur et même plus encore, on ne doit percevoir aucune gêne : l'une
comme l'autre sont contraires à l'esprit de "Sukha"
défini plus haut.
Mais au fait, pourquoi ? Pourquoi rechercher le confort physique alors que le
Yoga est une discipline ?… Le mot "discipline"
ayant pour origine étymologique le sens de punition et de châtiment ainsi que
d'instrument de flagellation, ce que l'on retrouve dans l'idée de "discipliner",
il vaut mieux s'en tenir à l'essence étymologique plus ancienne. Le grec à
l'origine de ce beau mot lorsqu'il reste respectueux, est "Dok"
qui a aussi donné les mots "docte" et
"didactique".
"Dok" désigne l'action de
s'instruire, l'enseignement, l'éducation … On est loin de la rudesse et de
l'austérité que l'on associe à ce mot si souvent redouté alors qu'il est la clé
d'une vie heureuse.
Ascèse respectueuse
La discipline du Yoga est une ascèse au sens très large du terme avec là aussi,
une évolution que ce mot a suivie au cours des siècles. L'ascèse a longtemps été
entendue au sens d'ascétisme, mais c'est la racine grecque beaucoup plus
ancienne qui lui donne toute sa valeur et son accessibilité pour nous,
Occidentaux qui décidons de nous mettre à cette pratique orientale si belle,
riche et puissante. Pour les Grecs, l'ascèse était le travail que s'imposait
l'athlète en vue des compétitions …
C'est plus tard que le mot "ascèse" est devenu synonyme de souffrance. On devine
que pour les champions grecs, l'engagement du corps dans le but de participer à
une épreuve sportive ne pouvait se faire convenablement et avec profit que si le
respect de soi présidait à cette préparation.S'il n'y a pas de compétition, même
pas avec soi-même, le Yoga est un entraînement corporel et mental régulier dans
lequel le souffle joue un rôle très important. Le respect de toutes les
dimensions de notre être est fondamental.
Leur
confort est important
De la colonne vertébrale aux fémurs
Trapèze
Il ne vous a pas échappé qu'avant de parcourir le corps tout entier pour en
détendre toutes ses parties au tout début de la séance, lors de la prise de
conscience, on vérifie le confort des segments corporels. Cette vérification
simple permet de s'assurer que rien ne va s'opposer à l'état de quiétude que
l'on va trouver peu à peu, que notre énergie ne se perd pas dans des inconforts
dont on n'est pas nécessairement conscient lorsqu'on se place sur son tapis et
enfin, de faciliter la détente que l'on va installer dès que l'on aura achevé ce
contrôle de l'absence de douleurs.
Confort, oui mais … où ?
Donc, on parcourt le corps mentalement afin de
vérifier si le confort est bien là.
Mais où doit-on centrer son attention ?
Où doit-on vérifier la présence du confort ?
La prise de conscience se faisant le plus fréquemment en position assise, on
parcourt le corps depuis le bas et on s'assure d'être à l'aise au niveau des
articulations, muscles, fonctions. Mais il est des zones sur lesquelles cette
attention va porter de façon plus précise. Pour commencer, c'est l'aisance du
pied que l'on va vérifier : comme nous le verrons dans quelques semaines, il est
le support du corps et même en posture assise, il est en contact avec le sol.
Les jambes pèsent sur lui et les chevilles ont, parfois, une position peu
agréable. On doit veiller à ce qu'elles ne subissent pas une torsion inutile et
même nuisible. A peine plus haut, on doit veiller au confort des genoux qui,
comme les chevilles, subissent parfois le manque de souplesse du bassin : un
simple support sous les fesses permet de pallier ce manque.
Nos piliers …
Le confort des cuisses et du bassin va conditionner complètement celui du dos,
ce qui signifie que si durant la prise de conscience, on ressent une gêne ou une
douleur dans l'arrière du corps, le responsable n'est pas le dos lui-même, mais
l'étage en dessous. Il est une loi fondamentale parmi d'autres que l'on doit
considérer et respecter : le corps se construit depuis ses appuis. Aussi,
lorsqu'on est assis, ce sont eux qui vont permettre le positionnement des étages
supérieurs. S'ils sont déficients, ce sont alors ces mêmes étages qui vont être
en souffrance.
Le confort du dos est essentiel et dépend de la partie inférieure du corps comme
nous venons de le voir, mais pas seulement.
En effet, la forme du thorax, la mobilité des articulations costovertébrales, le
tonus du dos, la position des épaules et de la tête elle-même jouent un rôle
important dans ce confort.
C'est la raison pour laquelle le sommet de la tête est maintenu poussé vers le
haut.
Cette logique régulièrement reprise lors des stages, avait été décrite il y
longtemps dans une série d'articles parus dans Drish 31 à 38, nommés "Le
Yoga nouveau est arrivé", dans lesquels je décrivais et expliquais en quoi
cette prise en considération de la structure corporelle pouvait nous aider
amplement à mieux vivre le Yoga et avec plus de sécurité. C'était dans les
années 95-96.
Le confort du bassin est lié à celui des cuisses et à leur possibilité de
souplesse musculaire et aussi à sa propre mobilité. Nos hanches travaillent peu
et il serait bon que, régulièrement, on les mobilise car elles sont très
robustes et donc, plus difficiles à faire travailler.
C'est par elles que le poids du tronc se transmet aux membres inférieurs, c'est
par elles que le mouvement des membres inférieurs permet à tout notre corps de
se déplacer, sauter, bouger, danser, marcher, jouer, courir, monter, se baisser,
lever, descendre, porter …
Aïe! … le dos …
Des membres inférieurs et de la position du bassin va dépendre le confort du dos
que l'on doit vérifier et mettre en place. L'utilisation d'un coussinet sous les
fesses permet très souvent de régler cette question. Le confort des côtés et de
l'avant ne se pose généralement pas : ces parties du tronc ne connaissent pas de
problème. Par contre, on doit veiller aux épaules et leur positionnement : c'est
encore une fois le dos qui est à considérer. Le très beau muscle Trapèze si
vaste et si étalé en forme de losange descendant de la base du crâne jusqu'à la
dernière vertèbre dorsale et allant d'une épaule à l'autre, est précieux pour
les mouvements du dos, de la tête et des omoplates. Il l'est aussi pour les
positions de protection qu'il assure en se contractant pour faire remonter les
épaules …
Mais sa particularité est d'être un muscle superficiel.
A priori, cela n'a rien de gênant sinon que tous nos muscles superficiels sont
moins oxygénés que ceux profonds. De ce fait anatomique et physiologique, ils
sont faits pour une action rapide et brève et non pour un maintien en longue
durée, ce qui est contraire à leur fonction. Si on leur impose de rester
contractés longtemps, ils deviennent sensibles et même douloureux si la tension
subsiste. Or, la région des épaules au cou connaît particulièrement des moments
douloureux. La cause est là : les situations du quotidien amènent un réflexe de
mise en position d'autoprotection, ce qui se traduit par le soulèvement des
épaules.
Un muscle génial et si complexe
Ce grand muscle assure plusieurs mouvements selon la partie qui en est
contractée : on voit sur le dessin ci-contre le sens des fibres musculaires et
on peut facilement déduire que la contraction de sa partie basse va abaisser les
épaules, celle du milieu les rapprocher, celle du haut, les soulever ou aussi,
faire bouger la tête. Il est relié au septum nucal dont j'ai déjà parlé dans
Drish 134 et ci-dessus dans l'article consacré à la posture inversée "Sarvangasana".
Il s'agit d'une véritable cloison sur laquelle vont se faire les connections
musculaires du Trapèze. On peut voir sur le schéma ci-contre, le long ligament
qui va de l'occiput à la 7ème vertèbre cervicale et toute la ramification qui la
relie à la terminaison apophysaire des 6 premières cervicales.
Lorsque le confort est établi à tous ces niveaux, de bas en haut, en commençant
par les pieds et en finissant par la position de la tête en veillant à ce que
les cervicales et le cou soient bien positionnés, à ce que les membres
supérieurs aient une posture agréable, on peut alors poursuivre et penser au
confort du souffle.
Le confort … du souffle … ?
On peut se demander ce que peut bien vouloir dire cette drôle d'expression,
quand on s'y arrête un instant. Qu'est-ce que cela peut bien vouloir dire que le
"confort du souffle" ? Jusqu'ici, nous avons établi l'aisance de tout le corps :
elle est immédiatement perceptible dès qu'il n'y a plus ni douleur ni gêne.
Mais pour le souffle …
Le confort respiratoire dépend de plusieurs choses.La première est
l'installation du corps tout entier telle qu'elle vient d'être effectuée.
Ensuite, le deuxième point à voir est l'absence de toute gêne respiratoire : une
respiration correcte se fait sans aucun bruit : je vais revenir sur ce point
dans un instant. Le troisième élément à considérer est l'oxygénation : est-on
suffisamment énergisé par le souffle, est-ce qu'il apporte suffisamment
d'oxygène à l'organisme ? Si la réponse est non, il faut alors faire un travail
sur l'appareil respiratoire tout entier (Cf. été 2019). C'est la condition pour
retrouver une respiration correcte qui allie à la fois la lenteur et la
profondeur, lesquelles ne se commandent pas et ne s'apprennent pas,
contrairement à ce que l'on entend dire abusivement parfois. On doit redonner au
corps, les moyens de bien respirer, c'est tout, de la même façon qu'il faut
savoir marcher avant de penser à courir.
L'expansion du thorax.
La nuque de profil et le Septum nucal
Revenons un instant sur le bruit du souffle.
Nous en reparlerons bientôt : une bonne respiration ne doit émettre aucun bruit.
Dans le cas contraire, elle est la marque d'une tension inutile ou d'un état de
trouble ou pathologique. La présence d'un son lors de la respiration est très
souvent lié à un manque de contrôle mental. Il existe des exercices de Yoga dans
lesquels la respiration est très audible, mais ce n'est pas le moment dans les
postures. Nous reviendrons plus en détail sur ce sujet très prochainement.
Confort mental
Il vient en dernier dans l'élaboration du confort d'ensemble pour une raison
très simple : il dépend des deux autres. En effet, le bien-être corporel l'amène
de même que l'aisance de la fonction respiratoire joue un rôle important sur
lui. C'est pourquoi, encore une fois, il importe de vraiment insister sur ce
point, on ne doit tolérer aucune douleur ni aucune gêne dans la posture et dans
le souffle.
Au-delà de ces aspects, il y a bien sûr, la possibilité, dès le début de la
séance, de laisser à l'entrée de l'Institut, les soucis, problème et tracas afin
de ne se consacrer qu'à soi-même et à rien d'autre. Pour cela, il importe de
bien s'ancrer dans son corps et dans sa respiration : la matérialité de notre
être est indispensable à l'évolution. Il serait hasardeux de croire qu'en se
coupant de son corps, de son souffle, ou puisse accéder à des états élevés. Ce
ne serait là que des fantasmes inutiles et improductifs que la pratique
intégrant toutes les dimensions de ce que nous sommes, permet d'oublier très
vite en nous amenant à nous rendre à cette évidence de notre unité fondamentale.
Je ne puis que vous encourager à rechercher le confort dans tout effort : vous y
gagnerez beaucoup.
Bonne pratique … en douceur.
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