INSTITUT LEININGER
YOGA - YOGAthérapie - Thérapie holistique Centre de Recherche Indépendant de Yoga Adapté Ecole de Yoga - Pour votre équilibre et votre bien-être |
- Un bon mental, une bonne philosophie de vie, un corps souple et fort pour mieux vivre sa vie -
Verticalité, souffle, mental : une méthode holistique
Réflexion et action sont les deux composantes de l'esprit dans lequel se déroulent mes stages depuis 1979, mes cours depuis 1977 et la formation des futurs professeurs depuis 1984. Quant à la revue de Yoga qui paraît depuis 1988, elle est conçue et produite de la même façon : travail d'observation, d'abord, suivi de celui de compréhension
avant d'agir dans les
meilleures conditions, lesquelles sont à la fois adaptées et ajustées aux
besoins et attentes des unes et des autres. Les trois séminaires de l'été dernier nous ont permis de mettre en pratique ce principe élémentaire d'un penseur qui disait qu'il faut : "Bien voir, bien comprendre, bien agir". Suivant ce principe-là, nous nous sommes appliqués à saisir le sens de chaque thème proposé, avec, en plus, une étude approfondie du fonctionnement du dos et de la colonne vertébrale ainsi que de la fonction respiratoire, tous deux si importants dans la pratique du Yoga, sans oublier leur influence essentielle sur la santé. Esprit … d'escalier En les évoquant et en travaillant sur ces deux sujets fondamentaux, nous avons pu observer qu'à la lumière d'explications précises, il devenait évident de savoir agir convenablement, tant vis-à-vis de son propre dos que de son propre souffle, |
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sachant que de la mobilité du premier dépend le bon placement de
l'autre et que ce même autre peut avoir une action bénéfique sur le premier,
plus particulièrement sur la "zone ingrate"
dont parlait De Sambucy à propos de la colonne vertébrale thoracique.
Illustr. : L'évolution a
modifié la colonne
Dans cette même optique, il était important de considérer la manière très
concrète de gravir quelques marches : ce travail avait déjà été abordé quelques
mois auparavant, dans le cadre d'une journée d'étude à l'Institut et plus loin
dans le temps, lors d'un stage au CREPS de Toulouse. Ce simple geste pourtant
quotidien, consistant à passer un escalier, devrait se faire en tenant compte de
la verticalité et de l'usage correct à faire de son propre dos et des muscles
des membres inférieurs. On ne se rend pas toujours compte des répercussions de
la manière de monter les étages ni de l'aide naturelle que notre corps apporte
si on sait l'utiliser.
… et la marche ? …
C'est un constat similaire qui a été fait, un matin, lorsque nous avons
tenté de voir et comprendre comment déambuler "naturellement" : la sédentarité
nous en a fait perdre le côté complètement spontané et par là-même, nous en a
fait perdre l'efficacité.
Illustr. : Une simple vertèbre …
Nous avons revu et ressenti la nécessité de bien prendre conscience
de la poussée des orteils, nécessaire au mouvement de la marche, geste de
propulsion que notre inactivité, notre précipitation habituelle et nos
chaussures nous ont fait oublier. Ces automatismes ont été remplacés par
d'autres qui sont dictés par nos cadences habituelles, tant physiques que
mentales dont les effets se font inévitablement sentir, pas seulement sur nos
pieds et la façon d'en user, mais aussi sur l'utilisation du dos et du poumon,
celui-là même que De Sambucy nommait "le
sculpteur caché" du fait de son énorme influence sur les côtes et sur la
colonne, à condition de savoir s'en servir.
Merveilleuse vertèbre
Chaque semaine, avec régularité, le Mardi matin, après avoir observé combien
la sensation de poids peut être très relative pour notre dos et combien la
perception visuelle d'un objet à soulever, a une importance dans cette
appréciation et l'engagement musculaire qui la suit, le travail didactique est
parti d'une vertèbre, une toute petite vertèbre, si simple, qui permet
finalement, dès que l'on observe son immense simplicité, de comprendre les
éléments avec lesquels elle est en relation directe, que ce soit en dessous et
en dessus d'elle, en avant et en arrière, sur les côtés.
Dans le même temps, cette composante élémentaire et fondamentale du squelette
nous a rappelé le lien ineffable du Yoga à la Vie et aussi à la mort : celle
symbolique d'abord, et réelle aussi, puisque toute sa dimension philosophique se
situe dans une préparation heureuse et consciente à ce qui sera notre ultime
expérience. C'est le même message que ce que disait Montaigne et qu'enseignaient
les anciens Stoïciens.
Illustr. : Deux maîtres : Epictète et Montaigne
De plus, dans sa dimension symbolique, cette mort est celle à nos mauvaises
habitudes, nos préjugés, la dispersion mentale, le gaspillage de notre énergie,
le bavardage inutile, l'absence de contrôle du mouvement, de la pensée et du
souffle.
C'est tout un dispositif complet, que le Yoga propose.
Colonne et respiration
C'est aussi dans ce rapport particulier du Yoga au souffle, que nous avons
aussi étudié les liens évidents de la colonne vertébrale avec la fonction
respiratoire, compte tenu de la position naturelle de chaque côte sur deux
éléments vertébraux, qui explique l'efficacité du Yoga pratique, lors de
certaines postures.
Illustr. : Les côtes font levier sur la colonne
Ces considérations prises dans leur plénitude ont assuré la compréhension
des fonctions par rapport auxquelles souffle et verticalité peuvent avoir une
action directe, aux plans musculaire, articulaire, psychologique,
comportemental, statique, sans oublier celui émotionnel puisque lorsqu'on en a
"plein le dos", l'expression exprime bien ce qui se dit dans ces mots précis qui
la composent, que la colonne qui constitue notre axe corporel et fait le lien
entre les forces telluriques et celles célestes, se charge dramatiquement.
Cette conséquence n'est pas isolée puisque, la ventilation elle-même, subit les
conséquences des états de stress, d'abord du fait de la position même de l'axe
rachidien, puis du fait de l'attitude corporelle différente et des tensions du
diaphragme lui-même, ainsi qu'au sein même de la chaîne musculaire qu'il
constitue avec le psoas-iliaque qui est un muscle-clé.
Nous pouvons, au quotidien, devenir conscients du souffle qui se modifie selon
les moments de l'existence, ce que Patanjali avait décrit il y a 2.400 ans,
suivant l'expérience des yogis de l'Inde, remontant à au moins 5.000 ans avant
nous.
Une architecture complexe.
Par leur positionnement, le bassin, la tête, les épaules, ainsi que la
musculature profonde de l'abdomen, jouent un rôle fondamental, aussi bien sur le
maintien de l'axe humain que sur le fonctionnement de notre diaphragme et ses
quelques 21.600 mouvements quotidiens, selon une moyenne reprise par les textes
sacrés anciens de l'Inde.
Illustr. : Patanjali
L'inconvénient est que la conscience que nous possédons, de notre corps, est
si incomplète que la perception et le travail du transverse sont impossibles, la
première fois, lorsqu'il est question d'agir sur lui : pour plus de 70% des
personnes, le seul résultat possible est la contraction des grands droits qui,
par cette action-même, vont empêcher la couche la plus profonde, si important,
de travailler correctement.
Considérant que, comme le disait Patanjali, 4 siècles avant notre ère, la
souffrance est cause de dispersion mentale, nous pouvons déduire, par
conséquent, qu'une mauvaise respiration et un positionnement incorrect de notre
corps, en particulier au niveau du dos, peuvent entraîner quelque gêne
quotidienne, voire quelque douleur, l'une et l'autre pouvant entraîner, à leur
tour, une attitude corporelle inadéquate, une sous-ventilation, une respiration
accélérée, une moins bonne oxygénation, tout cet ensemble de choses amenant une
diminution notoire de la capacité à faire face au stress, à se recentrer, à se
concentrer et par la même, à méditer.
Illustr. : Notre relation au monde
Ainsi, c'est toute la relation à nous-mêmes et au monde, qui est complètement
modifiée. De même que notre capacité réelle à pratiquer le Yoga correctement,
comme l'illustre cet extrait du texte sacré la Bhagavad Gîtâ (VI, 13) :
"… Tenant fermement en équilibre
son corps,
sa tête et son cou, immobile, le
regard en avant,
ne le portant d’aucun autre côté"
…
Mal respirer … ?!
J'écrivais, quelques lignes au-dessus de celle-ci, l'expression "mauvaise
respiration".
Mais qu'est-ce donc qu'une "mauvaise
respiration" ?
De la même façon qu'on ne peut pas (et ne doit pas) forcer le dos à maintenir
une position dans laquelle l'inconfort va vite se faire sentir, on ne peut
s'imposer une manière de respirer, sous prétexte de contrôler sa respiration.
Contrôler n'est pas contraindre.
L'un comme l'autre, traduisez le maintien du corps dans une verticale correcte
et une respiration de type Yoga tout aussi correcte, ne s'apprennent pas, ne
s'exigent pas de la part du corps. Le support pédagogique de cet été -Mémorandum
n°188- et aussi le n°153 de 2013, et, plus loin dans le temps, le n°7 de 1982,
présentaient les "Considérations sur la
respiration", texte rédigé la même année, avec cette phrase qui
correspondait déjà, à cette époque, à un de mes constats :
"… on ne lutte pas contre une tension par la violence
mais par la douceur et la
patience."
Cette logique tout orientale, n'est pas aisée à entendre ni à mettre en
pratique pour les Occidentaux qui pensent que la souffrance est une nécessité
pour avancer.
Il en est de même de la douleur, parfois valorisée, à tort.
Yoga et libération
Nous ne devons pas perdre de vue que le Yoga propose une démarche pour se
libérer de la condition humaine.
On doit impérativement associer force et douceur, sachant que la première est
dureté ou violence et brutalité si elle est seule, et la seconde est mollesse ou
inconsistance, si elle n'est pas accompagnée de la force.
Illustr. : muscles de la respiration
Patanjali est clair par rapport à la souffrance qui est un obstacle sur la
pratique (Yoga-Sutra II, 16) :
"La souffrance à venir doit être
évitée".
Il s'agit ici de la souffrance d'ordre métaphysique, celle qui a permis aux
philosophies de l'Inde, de se développer, et qui permet aussi de trouver tant
d'intérêt encore aujourd'hui, du fait que la souffrance reste initialement et
durablement, vissée à la vie humaine.
Une des premières choses à faire en Yoga consiste à ne pas faire, mais à laisser
faire : c'est le cas pour le travail sur la respiration, les articulations, les
muscles …
Même l'image mentale n'échappe pas à cette logique et l'on doit ne pas lutter
contre les pensées qui surgissent sans qu'on les veuille, mais tranquillement ne
pas s'y opposer, laisser émerger le contraire et laisser ces perturbations
mentales, s'épuiser d'elles-mêmes.
Le dire ainsi ne signifie pas que ce soit facile, mais la voie est là et il
suffit … de s'y mettre.
Agir et non-agir …
Illustr :
L'harmonie gouverne le geste
C'est l'esprit du Tantra de laisser advenir et aussi de ce que les
Chinois nomment "Wei wou wei" qui est
l'agir dans le non-agir dont nous reparlerons en été 2017.
Alors qu'elle constitue un énorme avantage, l'inconvénient est dans la capacité
de notre être tout entier, animé par cette vie vieille de 3 milliards d'années,
à résister, à supporter, à subir des situations difficiles, entre autres celle
corporelle, lorsque certaines fonctions sont moins efficientes.
Nous ne devons pas oublier cette réalité exprimée dans la méditation de fin de
stage, selon laquelle la vie a été transmise par des êtres vivants et qu'elle a,
ainsi, évolué de générations en générations, jusqu'à nous.
Illustr. : La star de l'été 2016
La confrontation du phénomène de la vie avec l'existence moderne a pour
conséquence qu'il nous arrive de faire face et de gaspiller, pour cela, une
énergie énorme, sans nous en rendre compte.
Or, si nos capacités sont immenses, elles ne sont pas inépuisables.
C'est pourquoi, avant de chercher à atteindre un résultat rapidement, il importe
de comprendre d'abord, afin de se donner, dans un second temps, les moyens de
parvenir à l'objectif fixé. Cette démarche est conforme à cette pensée de
Francis Bacon :
"On ne vainc la nature qu'en lui
obéissant".
Par des pratiques issues d'une tradition plusieurs fois millénaire, nous
avons accompli, cet été, un travail sur nous-mêmes, passant par des exercices
parfois redoutables, dont l'efficacité est énorme, tant ils visent à nous
libérer de pesanteurs diverses enfouies au plus profond de nous-mêmes.
Leur exécution passe obligatoirement par le respect de notre nature, tout en
l'amenant à être au service de notre avancée personnelle et de notre liberté qui
ne peut se gagner véritablement qu'à ce prix, celui de laisser et lâcher tout ce
qui nous encombre et ne fait qu'empêcher l'émergence de l'être.
Effets concrets et insoupçonnés du Yoga
C'est en cela que le Yoga nous apporte des réponses très concrètes qui ont
une autre dimension et une autre portée que les "comprimés révolutionnaires" que
j'évoquais au début d'une session. En effet, peu avant le début de l'été, mes
yeux se sont posés sur un article publicitaire, vantant les mérites d'une pilule
"magique", dont les vertus consistaient à rendre à son consommateur, la mémoire
et la concentration.
… Le rêve !? …
Si l'on peut prêter, parfois, à la pratique du Yoga quelque pouvoir mystérieux,
c'est par le travail et rien que par lui, que les fruits viennent : ils sont à
la fois délicieux en ce qu'on se les gagne soi-même, et aussi, agréables du fait
qu'ils apportent un bien-être que, dans certains cas, on n'avait jamais connu et
dont on n'aurait jamais pensé qu'il pût exister.
La clé est, seule, dans l'engagement, l'engagement dans un travail lent comme il
l'est pour les voies orientales de façon classique, travail qu'il faut envisager
comme n'étant pas que physique, mais dans tous les domaines de ce qui constitue
notre être dans son entier.
C'est en cela que l'efficacité du Yoga traditionnel est grande. C'est par cette
voie qui n'est ni fuite, ni laisser-aller, ni abandon, que nous pouvons alors,
accéder à notre réalisation : ce n'est pas qu'une visée indienne puisque le
psychologue américain Abraham Maslow l'avait aussi intégrée dans sa pyramide des
besoins.
Verticalité
Cet engagement rappelle ce que j'ai évoqué plus haut, concernant la mort
symbolique qui est le refus de se laisser vivre comme on pouvait le faire avant,
mais de définir ou redéfinir un sens à sa propre vie. Ce point de vue n'est pas
sans rappeler la pensée du philosophe Erasme (XVème-XVIème siècle) qui
disait-que :
"On ne naît pas homme, on le
devient"
Nous pourrions aussi évoquer Diogène se promenant en plein jour, avec une
lampe allumée à la main
'''''.
C'est aussi et encore cette idée qui prétend que nous avons deux vies : la
deuxième débute le jour où l'on se rend compte qu'on n'en a qu'une.
Nous sommes, chacune, chacun, à la recherche de notre verticalité, celle-là même
qui nous place entre terre et ciel, une position par rapport au vertex qui est
le sommet du crâne : il sert régulièrement de repère lors de la pratique des
postures de Yoga au cours des séances habituelles. Cette verticalité est garante
d'une véritable économie d'énergie sur plusieurs plans : nerveux, musculaire,
articulaire …
"Nouvel homme"
Illustr. : Théodore Monod
C'est aussi, pour l'humain, la voie du redressement, celui qui le
distingue de l'animal, sachant que comme le pensait le sage indien Aurobindo,
l'humanité est en devenir, ce qui n'est pas éloigné de la pensée de Nietzsche à
propos du dépassement de l'humain, ou encore de Théodore Monod qui écrivait :
"J'espère en un nouvel homme,
je ne dis pas un homme du futur.
Nouvel homme implique pour moi une
renaissance,
un être affranchi de beaucoup
d'inutilités.
Nous compliquons trop nos
existences"
Notre condition humaine, considérant son architecture et son énergie liée au
souffle, pose cette liberté de choix et d'action dont nous jouissons et dont
nous devons nous saisir.
La verticalité influence directement notre respiration, où l'on voit bien le
lien à établir entre le maintien du corps et le souffle, ce qui a constitué le
fondement de notre pratique lors de nos trois semaines estivales de Yoga.
D'autre part, et complémentairement, l'importance de la respiration dans son
lien à l'activité mentale est évidente : les textes anciens le disent,
l'agitation de la vie moderne le montre, la pratique le confirme.
Connaissance de soi
C'est en cela que le Tantra associé au Yoga, considère le corps comme un
outil et estime que le pratiquant doit avoir une connaissance aussi complète que
possible de son propre fonctionnement physiologique, psychologique, énergétique,
mental … S'ajoutent la connaissance nécessaire des cinq éléments qui nous
composent et des différentes enveloppes, de la plus grossière à la plus subtile,
qui nous constituent, des trois qualités qui nous animent : inertie, action,
perfection- …
Illustr. : yogi de l'Inde
C'est par cette connaissance de tout notre être manifesté, aussi précise et
poussée que possible, que nous pouvons transcender notre propre condition.
Pour nous, Occidentaux n'ayant pas le même style de vie que les yogis hindous,
c'est cette même connaissance qui peut nous donner les moyens de résister aux
assauts du stress, sans oublier que nous avons tendance à en générer beaucoup.
Cela signifie que, pour nous recentrer et pour, ensuite, méditer, il ne suffit
pas de résister à ce qui est extérieur, mais il faut aussi contenir ce qui est
intérieur : ce n'est pas le plus facile, car en effet nous avons pu voir que les
émotions que nous avons pu nommer, identifier, reconnaître, constituent ce que
les philosophes d'Occident aussi bien que la Bhagavad Gîtâ, ont nommé des
"passions".
Descartes a écrit son "Traité des passions"
dont le nombre dépasse de loin, les quatre fondamentales –peur, colère,
tristesse, joie- que nous avons vues dans leur rapport à ce que l'Inde enseigne.
Nous devons être conscients que les passions, prises dans leur ensemble, peuvent
avoir leur utilité, ce que de nombreux penseurs ont remarqué, comme Hegel disant
:
˝Rien de grand ne s’est accompli,
dans le monde, sans passion˝
Yoga et liberté
On comprend mieux, alors, la nécessité, où que l'on soit sur la planète, de
tenter d'utiliser les passions sans les laisser nous gouverner. C'est la raison
pour laquelle, en Occident comme en Orient, il s'agit de pouvoir les contrôler,
d'autant qu'elles sont partout les mêmes, puisque, quelle que soit la contrée
sur la planète, l'humain qui s'y trouve est semblable aux autres et connaît les
mêmes états d'âme, les mêmes fluctuations mentales, les fameux "chittavritti"
nommés par Patanjali et dont le Yoga permet de se libérer.
Selon Rousseau, l'être humain est né libre et ses fers sont partout : cependant,
ils ne sont pas qu'à l'extérieur car, comme l'enseigne la tradition du Yoga qui
y remédie, une grande partie de nos limitations humaines se trouve dans
l'incapacité de contrôler son mental, de se libérer des automatismes et des
préjugés ainsi que de revoir nos "filtres" personnels.
Illustr. : Le sage Shivananda
On distingue clairement, à partir de là, à quel point il est essentiel de
contrôler ces éléments psychiques et/ou émotionnels, avant de prétendre passer à
la pratique méditative.
Ceci explique que le Yoga demande à être pratiqué avec persévérance, régularité,
patience, vigilance et dans la durée, ce qui ne signifie pas se contenter d'une
pratique physique mais inclure toutes les dimensions du Yoga, en particulier
celles qui correspondent à des valeurs que l'on retrouve aussi dans notre
système philosophique et spirituel qui fonde notre culture.
Cela peut se faire à la manière de ce que disait le sage indien Shivananda :
"Un petit peu de tout, tous les
jours"
Pour accéder au contrôle de soi, il importe d'associer à la pratique,
les principes du Yoga traditionnel, ce qui doit se faire aux
plans de la pensée, de la parole et des actes.
L'écueil majeur pour y parvenir, est toujours le même : le mental, sachant qu'il
ne faut surtout pas le considérer comme un adversaire ni comme un ennemi, mais
comme un allié particulièrement utile sur le chemin de l'évolution.
Mais pour le contrôler, il s'agit d'abord, de le connaître.
Connaître son mental.
Le travail commence par l'expansion du champ de la conscience qui permet
d'observer son propre mental, et progressivement, de l'apprivoiser en faisant
peu à peu, sa connaissance et en l'amenant à accepter, progressivement d'être
dirigé, contrôlé et, plus tard, soumis.
Illustr. : Le mental est comparé à un singe par les yogis hindous
Il est important de bien se rendre compte qu'il n'est pas question de le brimer,
de l'empêcher de fonctionner, de l'interdire ni de se couper de lui.
Il est un instrument indispensable et précieux : nous devons donc, de temps en
temps, lui accorder un petit "Coin de ciel
bleu" et, également, (réapprendre à l'utiliser, l'encourager, le stimuler,
sachant qu'aucun apprentissage n'a réellement été fait dans notre vie, sur ce
plan. Tant le système scolaire que l'évolution progressive dans l'existence ne
permettent aucunement de s'approprier cet outil extraordinaire qu'est notre
mental.
Quand le mental s'enferme lui-même …
Il est même possible, dans certaines situations d'acte créatif, de se rendre
compte qu'il se bloque et qu'il refuse d'avancer, alors qu'on lui ouvre toutes
les possibilités de s'évader, de "gambader", de s'exprimer.
C'est l'ambigüité de notre vie moderne qui fait que notre mental se trouve
incapable de partir quand on lui en laisse la liberté alors qu'il ne demande que
cela et qu'on a du mal à le contenir à certains moments de l'existence,
lorsqu'on essaie de le focaliser et de faire ce que les yogis de l'Inde nomment
"Ekâgratâ", c’est-à-dire, la fixation
sur un point, ce que l'on retrouve dans la concentration.
Ceci tient à deux choses :
1/ le mental ne supporte pas d'être
contraint,
2/ dans le même temps, il n'est plus
habitué à s'exprimer de la manière la plus libérée qui soit, du fait des
interdits, des jugements, de l'éducation, des préjugés, du regard des autres,
des codes imposant insidieusement et autoritairement, ce qu'il faut faire et ce
qu'on ne doit pas faire, ce qui est bien, ce qui est mal …
Illustr. : Le Bouddha : origine étymologique : Buddhi
Cet état imparfait généré par la modernité, a aussi pour conséquence de ne
pas permettre au Préconscient d'effectuer son travail qui est de faire émerger
des pensées et autres contenus, dans le champ conscient.
Or, le Préconscient qui est une instance psychique décrite par Freud à la fin du
XIXème siècle, a une fonction importante dans la santé par rapport à la
dimension psychosomatique (Cf. à ce sujet :
"La santé par la bonne humeur",
chapitre 1, "Topique de la bonne humeur").
L'Inde, dans sa tradition, a déterminé une description et un fonctionnement de
ce qu'elle nomme "l'organe interne" ("antahkarana") qui comporte l'ego en plus du mental.
Ego et mental
es deux structures sont d'une importance capitale dans l'évolution du Yoga :
c'est pourquoi on doit les connaître et leur rendre leur juste capacité d'action
tout en conservant la possibilité de les soumettre à l'intelligence supérieure ("Buddhi")
qui n'est pas à confondre avec l'intellect.
Ego et mental, selon l'usage que l'on en fait, peuvent nous faire dévier de
notre verticalité, de notre équilibre, de notre axe.
Or, les textes sont formels, la souffrance est une cause de dispersion mentale.
D'où cette phrase de la Bhagavad Gîtâ :
"Chaque fois que le mental inquiet
et agité s'échappe,
il faut le dominer et le ramener
à la soumission dans le Moi".
Mais encore une fois, c'est une chose facile à considérer et à dire et il est
moins évident de nous en rendre compte et de savoir quoi faire pour agir dans le
sens d'améliorer les situations difficiles et, préventivement, savoir aussi quoi
faire pour éviter les désagréments de ce qui est devenu banal, systématique et
fatal : les souffrances humaines que nous connaissons tous au cours de
l'existence, immanquablement.
Illustr. : la colonne vertébrale
Tout ceci est en théorie, dans la mesure où ce mal du siècle qu'est le mal de
dos auquel il nous faut jouter le stress, est une composante de plus en plus
régulière et présente dans la vie des Occidentaux, à quoi s'ajoute une autre
constante : le mal-être dû essentiellement à une ventilation de qualité
insuffisante.
Yoga et santé.
L'un des premiers objectifs du Yoga, est d'établir une bonne santé sur tous
les plans, comme nous pourrons l'étudier en 2017. En second, le Yoga permet à
celui qui le pratique, de conserver une position assise durant longtemps afin
d'accéder aux pratiques énergétiques et méditatives.
Illustr. : Le contrôle de l'œil
Le problème que nous connaissons en Occident et qui reste inconnu des
yogis indiens, tient aux causes spécifiques responsables de nombreuses journées
d'arrêt de travail du fait des nombreux problèmes liés à la colonne vertébrale.
La dispersion mentale, l'angoisse, les mauvaises positions du corps, la
sédentarité, le manque d'activité, le stress, les émotions incontrôlées (les
fameuses "passions", lorsqu'elles sont nocives), le manque de tonus et de
souplesse, une mauvaise connaissance de son propre corps, sont autant de causes
de maintien insuffisant et incorrect du dos, générant un mal-être ressenti
parfois quotidiennement.
Mental et œil
Nous pourrions aussi, ajouter à cette liste, le contrôle de l'œil qui influe
directement sur la position du crâne et donc sur l'axe rachidien et sur la prise
de la posture, ainsi que sur la capacité à se recentrer mentalement.
S'y ajoutent une mauvaise respiration qui peut être à la fois cause et
conséquence des problèmes de dos, les deux étant si régulièrement réunis dans
notre monde.
Le problème est que l'on n'en est pas toujours conscient et que la difficulté
est grande lorsqu'il s'agit de décrire sa respiration, comme nous avons tenté de
le faire lors de la deuxième session. Patanjali avait repéré que (Yoga-Sutra I,
31) :
"La souffrance, l'angoisse, la
nervosité,
une respiration accélérée,
sont les compagnons
de cette dispersion mentale."
On voit bien, dans cet extrait, le caractère indispensable d'un bon maintien et
d'un bon souffle, si on désire asseoir son mental.
C'est aussi la condition pour accéder à l'équanimité, celle-là même que les
philosophes antiques prônaient, de même que la Bhagavad Gîtâ, comme j'ai pu le
rappeler dans mon livre, en considérant que l'équanimité est le sommet de la
bonne humeur, puisque c'est la paix de l'âme que Jung voyait comme étant le
décisif.
Souffle et effets
Bien respirer, ce qui, encore une fois, ne s'apprend pas ni ne s'enseigne,
mais se met en place par un travail long et précis comme celui que nous avons
fait cet été et comme il se fait régulièrement lors des séances, présente des
conséquences bénéfiques énormes sur tout l'être. Toutes les grandes fonctions en
bénéficient : circulation, digestion, sommeil, équilibre acidobasique,
récupération, élimination de la fatigue …
Au-delà de ses effets, il y a ceux sur une meilleure oxygénation, une plus
grande amplitude respiratoire qui génère de meilleurs échanges au niveau
pulmonaire, et aussi, une tranquillité mentale impossible à établir si le
souffle est irrégulier. S'y ajoute un meilleur fonctionnement viscéral amené par
le mouvement correct du diaphragme.
Pour le mieux-être, la conscience du maintien corporel et la conscience du
souffle sont les deux points de départ permettant une amélioration de
l'existence.
La pensée de Lily Ehrenfried devient,
alors, plus lumineuse :
"La fonction respiratoire offre un levier à la fois puissant et agréable
à quiconque veut se donner la peine de s’éduquer soi-même".
Il importe de bien remarquer un point très important touchant une croyance
fréquente qui gêne énormément aussi bien la progression que le cheminement sur
la voie : "conscience" ne signifie ni
pensée, ni parole.
Conscience et foi
S'ensuivent la foi dans son propre potentiel, la compréhension de ce que
l'on fait et de comment on le fait, la prise en compte des éléments corporels et
fonctionnels à mettre en action pour un résultat juste, la définition précise de
ce que l'on recherche et du pourquoi, l'observation exacte du fonctionnement
quotidien, l'assimilation du potentiel de moyens que le Yoga met à notre
disposition. On le voit, cela fait beaucoup de choses : normal, encore une fois,
le Yoga s'adresse à tout l'être.
Ainsi, rien ne se fait à la légère, mais obéit plutôt à une logique qui doit
toujours être respectueuse de l'humain dans son intégralité.
Enfin, le résultat recherché doit être durable, sans quoi il ne présente que peu
d'intérêt, si on compte vraiment, par un seul temps de pratique hebdomadaire,
compenser plusieurs dizaines d'heures de positions inadéquates pour lesquelles
l'être humain n'est pas fait, si on considère les millions d'années qu'il a
fallu pour accéder à la verticalité.
Illustr. : Des dizaines d'heures …
Travail ou … travail ?
On le voit, le Yoga demande un travail énorme : pourtant, c'est comme pour
tout, il suffit de s'y mettre et on remarque, quand on décide de s'engager, que
finalement, cette voie n'est plus un travail au sens laborieux du terme, mais
devient une œuvre d'accomplissement de soi.
Il faut remarquer que notre corps est une machine extraordinaire, sachant qu'en
disant cela, je ne ramène pas notre enveloppe charnelle à de simples mécanismes
en place.
L'ensemble qui est remarquable par sa simplicité, sa complexité et son
efficacité, est élaboré et mis en action par
une intelligence organisatrice qui ne demande qu'à reprendre les moyens de
s'exprimer dans les meilleures conditions pour notre bien-être, ce qui faisait
dire à K. Pelletier que l'on devrait se demander comment tout cela fonctionne si
bien (Cf. "La santé par la bonne humeur").
Ehrenfried l'exprimait clairement, sans la nommer ainsi : selon son point de vue
qui me guide depuis 1980, le corps se remet à bien fonctionner dès qu'on lui en
donne les moyens.
Encore une fois, pas question de commander au corps : il sait faire tout seul.
Notre devoir est de lui permettre de bien faire, c'est tout. Nous n'avons rien à
lui enseigner.
Il est à noter qu'il importe que cette intelligence liée à la nature même de
l'organisme tout entier, ne soit pas contrariée par des actions insensées ou
contraires à cette logique de fonctionnement gouvernant le jeu articulaire,
musculaire, respiratoire, statique … Des précautions élémentaires conformes à
une "sagesse" minimale, permettent d'éviter le désastreux "effet
casse-noisette" que De Sambucy nommait "effet
coupe-boulon" ou encore "effet
presse-purée", qui peut sérieusement endommager le dos suite à des pratiques
inconsidérées.
Joie et liberté.
La pratique du Yoga et de sa tradition dégage une joie régulière et
constante mêlée à un sentiment de liberté réelle fondée sur le respect des
principes de la tradition dont la caractéristique commune pourrait porter un nom
simple : bienveillance.
JJJJJ
Certes, le
mental guette : il préfère à une bonne méditation, la mise en place d'une
rêverie, d'un abandon, d'un laisser-aller qui ne mènent à rien et ne sont même
pas constructifs.
Méditer, c'est cultiver, en même temps, la double capacité d'immobilité et
d'action.
Le travail conscient et respectueux accompli sur l'axe du corps et sur le
souffle, permet l'établissement d'une structure physique, énergétique et
psychique essentielle à la pratique des dernières étapes du Yoga, sans compter
le ressenti particulièrement riche lors de la vie de tous les jours.
Tout ce travail doit impérativement s'effectuer en respectant la physiologie des
éléments sollicités
D'autre part, comme cela a déjà été dit, on doit commencer par apprivoiser le
mental en même temps que tenter de comprendre le fonctionnement et la dimension
de notre ego qui n'est ni un obstacle ni un adversaire.
Notre culture enrichie
Les diverses voies du Yoga, permettent de mieux appréhender cette tradition
si riche et d'en retirer le plus grand des bienfaits, sachant qu'elles ne
s'opposent pas à notre culture mais comportent des éléments de réflexion dont on
peut trouver des points communs avec ce que notre culture à pu et su développer
au cours des derniers siècles dans les domaines de la pensée évoluée :
philosophie, anatomie, physiologie, psychologie, épistémologie …
Quant à la dimension spirituelle du Yoga, elle ne pose aucun dogme et laisse une
grande liberté à chacune et à chacun.
Cette liberté est aussi celle de s'étirer, de masser le diaphragme, de soupirer
et de bâiller aussi, afin de provoquer une "profonde aération du sac viscéral", comme le disait le philosophe
Alain : autant de bonnes habitudes à réinstaller dans notre quotidien.
Ainsi, par une action réfléchie et mesurée, aboutir à une expansion thoracique
et à une bonne position de la colonne vertébrale en même temps qu'une bonne
mobilité de l'ensemble, c'est le résultat auquel le Yoga traditionnel peut nous
amener. Nous y reviendrons dans un prochain numéro de la revue.
La seule condition est celle que nous avons scrupuleusement respectée tout au
long des trois semaines et qui préside chacune de nos rencontres : bien voir ce
que nous sommes, bien comprendre ce que nous faisons et pourquoi nous le
faisons, et enfin, bien agir afin d'atteindre l'objectif voulu.
Une voie simple et complète
C'est en suivant cette exigence simple qui est conforme à la première règle
du Yoga, "Ahimsa" ("Ne
pas nuire, ne pas tuer"), que la tradition du Yoga apporte une pleine
satisfaction et nous permet, en particulier, de retrouver la pleine efficience
de nos fonctions naturelles telle celles de la marche et du franchissement d'un
escalier que j'évoquais en commençant mon propos.
Illustr. : Le diaphragme
Cette attitude par rapport à soi et à sa propre évolution, est
conforme à l'esprit de cette phrase du sage indien Shivananda, qui se trouvait
en première page du support de cours de la troisième semaine de Yoga :
"Soyez doux. Soyez modéré. Soyez aimable.
Cultivez la douceur, la modération
et l'amabilité sans cesse"
L'action
menée sur le long terme et conduite avec ces précautions, amènera ce que je
souhaite régulièrement pour tous mes pratiquants : des effets durables.
Bon courage et bonne pratique.
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