INSTITUT LEININGER
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Philosophie du bien-être, Yoga et liberté
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Le texte qui suit correspond au contenu d'une conférence toulousaine que j'ai assurée dans le cadre d'un salon sur la santé dont le thème était : "Yoga et philosophie du bien-être".
La connaissance dont parlent les Yogis, est la disposition à se libérer de
l’Ignorance fondamentale qui fait prendre le monde réel pour la Réalité, alors
que toujours selon la tradition de l’Inde, ce que nous nommons ″réalité″ est
Maya, Illusion.
L'éveil de la Conscience par la
méditation,
est la clé.
La démarche de l’ensemble du Yoga consiste à se rendre compte de cette Ignorance
et de prendre conscience de la Maya, et de la Manifestation (principe différent
de ce que nous nommons Création) dans laquelle nous nous trouvons, afin de ne
pas nous laisser emprisonner par les comportements habituels spontanés qui nous
éloignent de la conscience de nous-mêmes et du contrôle de nous-mêmes.
Si l’on s’en tient à ce que dit la tradition du Yoga, elle a une visée haute :
celle de libérer l’humain de sa condition. Au départ, la souffrance liée à
l’existence, avec ses causes bien identifiées, compte tenu du caractère
universel de la souffrance humaine, l’ignorance, le désir et le rejet, aussi
remarqués par les plus récents bouddhisme et stoïcisme.
La solution envisagée est la recherche de l’autonomie complète, celle par
laquelle l’individu, par une pratique assidue surtout mentale (le physique n’est
pas l’essentiel du Yoga, mais un excellent moyen), va se libérer de ses
automatismes comportementaux et mentaux, afin de tenter de devenir son propre
maître. Il faut convenir que s’il n’est pas possible de vivre le Yoga comme le
font les Hindous qui y consacrent toute leur vie, il n’en reste pas moins qu’une
adaptation permet de retirer le maximum de bienfaits de cette pratique indienne.
Mais comment définir de façon plus précise cette liberté recherchée ?
Est libre celui qui ˝… a chassé
l’attachement …˝ (BG IV, 23), qui est ˝…
dégagé du lien des œuvres …˝ (BG IX,
28) bien qu’il doive agir impérativement et accomplir son œuvre (BG III, 9), et
qui parvient à être ˝… exempt des trois qualités …˝ (BG II, 45) que sont les trois
˝Guna-s˝ (Perfection, action,
inertie).
C’est l’enseignement reçu par Arjuna et aussi que l’âme du Yogi doit rester ˝toujours
ferme˝ et ˝maîtresse d’elle-même˝ (BG II
45).
Les eaux boueuses des fleuves viennent troubler celle des océans en y
pénétrant : Aurobindo utilise cette image dans son commentaire de la Bhagavad
Gita.
En effet, il importe que, de même que les désirs se perdent dans l’océan
de conscience de l’homme qui parvient à les chasser et les vainc ainsi sans en
être prisonnier, allant
˝… sans orgueil, sans désirs, sans cupidité …˝,
ainsi marche-t-il à la paix et l’atteint-il (BG
II, 70-71).
Cette voie consiste à
être dégagé d’attachement et de haine ainsi qu’à parvenir à soumettre sa pensée
et à se connaître soi-même (BG V, 26).
La liberté est celle de l’adepte qui n’a
ni haines ni désirs,
ni égoïsme, ni attachement, ni jalousie, ni tristesse et cela, même dans
l’action : il devient indépendant des dualités et sans lien avec elles. Ce
message est propre à la Bhagavad Gita qui le reprend sans cesse (Bhagavad
Gîtâ XVIII, 49) :
˝L'homme
dont l’esprit s’est dégagé de tous les liens, qui s’est vaincu soi-même
et a chassé les désirs, arrive par
ce renoncement à la suprême perfection du repos.˝
Se délivrer de l’emprise de l'attachement dans l’action menée est la sagesse
même.
Le repos est à voir dans l’action, de même qu’il convient de voir le repos dans
l’action la sagesse consiste, pour l'Inde, à être en état d'union, de Yoga.
L’importance du travail à partir du corps est mentionnée dans les textes
sacrés, quant au contrôle du regard et du souffle.
A partir de là, lorsqu’on a dompté ses sens, dirigé son esprit la délivrance et
qu'on n'a plus attachement, crainte, passions, colère, peur, on y parvient.
On doit également, tendre vers les vertus de courage, persévérance, tempérance,
et droiture, ainsi que cultiver purification de soi méditation,
humeur pacifique, véracité, douceur, renoncement, calme intérieur,
bienveillance, mansuétude e même temps que gravité, force, patience, fermeté,
modestie …
Comme le préconisaient les anciens philosophes, le Yogi sait trouver en lui-même
sa félicité.
Le
premier pas vers la liberté consiste à ne pas céder sa liberté intérieure au nom
d'une prétendue liberté extérieure : celle-ci est, certes, importante, même
essentielle, mais comme nous y invitait Tagore par cette nuance, nous devons
veiller à conserver une écoute profonde et vraie.
Théodore Monod se félicitait de n'avoir
jamais été endoctriné ni "le polichinelle de quelqu'un" :
"… C'est un grand privilège de rester libre sans l'entrave d'un homme
ou d'un dogme, politique,
philosophique, religieux"