INSTITUT LEININGER
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Yoga, énergie et Occident
Le
Yoga agit avec l'énergie, sur elle et par elle. Cette question intéresse tout un
chacun qui se plaint pas d'en manquer ou veut en avoir davantage.
la Yogathérapie permet
de la préserver ; quant à la
thérapie holistique,
elle ajoute des effets par un travail de fond complété par l'approche
philosophique du Yoga et d'autres voies permettant de conserver ce potentiel
énergétique qui fait souvent défaut aux Occidentaux qui pour en avoir plus,
confondent souvent
Yoga et sport.
Mais doit-on écrire : énergie ou énergies
?
Quel rapport existe entre Yoga, énergies,
humeurs et souffles ? Quelle est l'influence du Yoga en tant qu'ascèse
sur l'énergie ?
La
conscience du souffle développée par le Yoga et la Yogathérapie amènent à
respirer
et surtout à
bien
respirer, comme nous y travaillons lors des
stages,
ce qui permet de pratiquer le
Prânâyâma grâce au lien
entre ascèse et énergie.
La question qui reste est : parlons-nous d'énergie
ou d'énergies ?
Et puis, quel regard
l'Occident porte-t-il sur le Yoga et sur l'énergie ?
L'Occident
considère l'énergie dans ses diverses manifestations.
Ainsi, au plan
métabolique, il considère les apports en protéines, glucides, lipides qui sont à
la fois, des constructeurs et des éléments énergétiques. Mais l’apport en
calorie ne fait pas tout. En effet, il semble que le manque de nourriture lors
de la saison froide, permette aux animaux vivant en pays très froid, de
survivre, du fait qu’ils dépensent peu d’énergie pour la digestion, ce qui
contribue à la conservation d'énergie …
Donc, ramener la
question de l’énergie au seul apport d’éléments matériels serait une erreur.
La science de l'effort prend en considération l'énergie de l’ATP ou adénosine
triphosphate, directement liée à l'effort musculaire dans ce que l’on appelle le
Cycle de Krebs qui permet la compréhension du phénomène complexe qu’est
l’explosion musculaire lors de l’effort (Cf. session de Décembre 2013 :
Corps et spiritualité).
80 ans après les toutes premières observations sur ces cellules-moteurs, Krebs
mit au point en 1937 sa découverte du
Cycle d’acide citrique (Cycle de Krebs). Le nom
de Krebs est aussi associé aux découvertes sur la mitochondrie qui
transforme la nourriture reçue, en énergie utilisable par la cellule.
Tout se complique
lorsqu’on voit que l’énergie calorifique est liée à ce cycle : lors de
l’activité physique, l'énergie musculaire se change pour 80 % en énergie
calorifique et pour 20 % seulement en énergie mécanique. Tout ça pour ça ! …
pourrait-on se dire.
Les manifestations
électriques, qui sont une forme d'énergie, informent la médecine des diverses
activités de l'organisme et de sa santé en fonction des courbes enregistrées :
électrocardiogramme, électroencéphalogramme, électromyogramme sont autant de
signes des diverses activités électriques du corps.
L'énergie est aussi
ce qui se traduit par le tonus et le dynamisme : ce sont là deux composantes de
notre nature, tant sur le plan musculaire que sur le plan psychique constituant
de véritables indicateurs de ce qu'est notre nature, de ce que nous en faisons
et de l’état de santé.
L'énergie est
également liée au bon fonctionnement des organes et aussi des grandes fonctions.
Ainsi, l'énergie que l'on peut développer dans une activité physique, dépend non
seulement des organes et des muscles en action, mais est également dépendante
directement des conditions d'apports en oxygène et en nourriture vers les
parties actives. Sans parler de l’énergie de … la motivation.
Nous devons tenir
compte, également, du système hormonal qui régule les grandes fonctions en
apportant des éléments chimiques sur des récepteurs précis, dans le but
d'optimiser les fonctions en question. L'exemple le plus évident, est la
décharge de l'hormone adrénaline produite par les surrénales : elle va produire
un supplément d'énergie dans des situations où l'on va avoir besoin d'un
engagement physique particulièrement important, bref et immédiat.
Bien que les sciences occidentales soient
particulièrement avancées dans la compréhension des phénomènes naturels,
bien qu'elles se soient investies largement dans la recherche pour la
compréhension des phénomènes liés à la vie, elles s'arrêtent au descriptif,
sans pouvoir aller plus loin ni pouvoir remonter jusqu'à l'origine première,
celle de laquelle toutes les formes d'énergie dépendent et découlent.
L'Occident connaît
un inconvénient qui est aussi un avantage certain : la spécialisation des
sciences permet une compréhension de plus en plus poussée, une description de
plus en plus approfondie des manifestations de la vie, avec l'inconvénient
d'effectuer une étude parcellaire ne permettant plus la vision globale de
l'être, laquelle est pourtant la seule façon de le traiter convenablement
lorsque la santé vient à défaillir. Ainsi, certains vieux ouvrages de biologie,
tentaient d’expliquer l'énergie (Cours de
biologie animale, Marcel Abeloos, faculté des sciences, Poitiers) par la
mesure de la dépense énergétique, du volume d'oxygène consommé durant un temps
et de la capacité de l'organisme à produire sa propre chaleur, dans son
métabolisme actif. Cela permettait une bonne compréhension des phénomènes de
vie, sans toutefois apporter une explication satisfaisante à ce que peut être
l'énergie de vie. Le mystère de l’énergie reste entier.
Au XVIIIème siècle, Mesmer concluait que tout être vivant est chargé d’énergie
magnétique et qu’on pouvait soigner avec les mains. Il avait au préalable,
soigné des malades avec des fers aimantés. Sa pratique eut tant de succès qu’il
dut inventer une sorte de baquets d’environ 50 cm de hauteur, rempli d’eau et de
bouteilles magnétisées, de verre pilé, de limaille, permettant de soigner 30
personnes à la fois. Des tiges de fer sortaient de ces baquets, que les patients
plaçaient à l’endroit de leur souffrance.
Nous avons tous du magnétisme : on peut s’en
rendre compte en prenant la posture ci-contre : après quelques instants,
décoller les mains de quelques millimètres, attendre, puis les séparer un
peu plus, etc. Observer et sentir ce qui se passe dans cet espace entre les
deux mains.
Des chercheurs comme Whilelm Reich et son disciple Alexander Lowen (1910-2008),
auteur de La Bioénergie et de
La dépression nerveuse et le corps)
qui travaillèrent ensemble sur
les principes énergétiques et l'analyse caractérielle. Alors qu’on lui demandait
en 2004, ce qui avait donné le plus de sens à sa vie, Lowen aurait répondu : ‘…
éprouver le plaisir et la vitalité du
corps ! …’ : ceci s’explique par le fait que lorsque notre
énergie vitale, la libido, circule librement dans le corps, cela génère une
sensation de bien-être général.
Lowen a pratiqué le Yoga et cherche à
réduire les tensions par une action directe sur les muscles et les tendons afin
de libérer les émotions et les énergies bloquées.
C’est encore Lowen qui, à propos de la question : ‘Qui
suis-je ? …’, répondait : ‘…
Utiliser une façade ou adopter un rôle comme moyen de parvenir à l'identité
dénote une scission entre le moi et le corps …’.
Et cela demande beaucoup d’énergie. Pour Reich et Lowen, l’énergie est
indissociable du corps et de l’esprit, donc, toute thérapie devrait passer par
un travail à la fois psychique et corporel.
Il est évident que l'énergie et les nombreuses
questions qu'elle pose, n'ont pas laissé le monde de la psychologie au tant
ancienne que moderne, insensible. Reich dont je viens de parler, fut un
disciple de Freud. Les premiers travaux à la fin du XIXème siècle se sont
appuyés sur une approche purement scientifique. D'où le rapport à la
psychophysique (étude du lien entre la perception et les stimuli
extérieurs). Le système nerveux était considéré comme un réservoir d'énergie
qui se remplissait selon les excitations, les émotions, les besoins et se
vidait en fonction d’actions motrices, émotionnelles et autres. D’où
l’appellation de 'névrose,
trouble psychique situé, à l'origine, au niveau des nerfs.
Reprenant les mêmes
voies, Freud prit une autre piste et établit son premier schéma dit de la
'première topique', décrivant
l'importance de l'Inconscient. A été conservé par les divers chercheurs, l'idée
d'une régulation allant dans le sens de l'équilibre passant par une tendance à
une limitation des tensions psychiques ainsi que la considération d’aspects
mécaniques et énergétiques. En 1920, Freud ajouta à son système revu et modifié,
les notions de pulsion de vie et de pulsion de mort toujours à l'action, aussi
bien au niveau individuel qu'à celui collectif.
De grands courants
Il est remarquable à quel point les grands noms de la
psychanalyse, dans cette même période de déploiement de connaissances à partir
des découvertes de l’énergie du psychisme humain autour de 1900, ont décrit la
structure et le fonctionnement psychique de façon différente. C'est dire la part
inconsciente de nous-mêmes, qui reste encore pleine d'incompréhension et à
laquelle les yogis indiens ont aussi laissé une place importante.
L'avantage de
l’impossibilité d’un accord total, réside dans ce que les divers courants
existants, permettent à chacun, une approche complète de ce que peut être
l'énorme fonctionnement de notre psyché, à partir des divergences de points de
vue. On doit distinguer
énergie psychique
et force psychique, la première étant
potentielle.
Il est vrai enfin
que, les pulsions gouvernées par nos sens physiologiques profonds,
l'hypothalamus par exemple, sont aussi de grands pourvoyeurs d'énergie vitale,
puisqu'ils ont pour visée, la conservation de l'espèce …
On le voit, le travail
corps-mental est plus complexe qu’on ne le pense habituellement.