INSTITUT LEININGER    
YOGA   -   YOGAthérapie   -   Thérapie holistique
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     Ascèse et gentillesse
                          

    
Yoga et gentillesse sont liés car le Yoga est une gentille discipline étroitement liée à la bienveillance. La page du site Yoga et psychologie de la bienveillance pose des explications nécessaires et insiste sur le fait que la gentillesse d'Orient est nécessaire pour comprendre le rapport entre Yoga, indépendance et liberté.
Cela passe forcément par un choix présenté dans la page : Yoga et bienveillance : la décision de la gentillesse.
    
Bien sûr, les deux articles précédents correspondaient à un événement particulier et sympathique : celui de la Journée mondiale de la gentillesse du 13 Novembre dernier. Bien sûr, la gentillesse reste un sujet dont on parle peu tant cette vertu se pratique parfois ou est considérée comme une faiblesse dont on peut profiter … D’autant que comme nous avons pu le voir dans DRISH 104, le monde moderne ne semble pas encourager ce type de comportement (bien que … Mais nous y reviendrons). Les événements, d’abord : récemment, la crise, le virus de la grippe A (qui, à l’heure où j’écris ces lignes a connu un drôle de virage), les taxes, le pouvoir d’achat, la menace du chômage, les erreurs politiques, etc. sont autant de sources d’inquiétude potentielle dont la première qualité à faire les frais peut être la gentillesse.

                  ñ   ü  É bruit, planète menacée, contacts …
                +  »    … climat, médias, survie, finances …
                               
J  -->   L … autant de risques pour la gentillesse

Les médias sont là aussi pour laisser penser qu’il y a plus urgent ou plus important que sourire ou de penser aux autres.

Indulgence
Une décision pas toujours simple  J
Le lecteur, je l’espère trouvera les moyens d’excuser mes propos peu sympathiques, mais il m’arrive comme tout un chacun, de regarder intégralement le 20 heures, le JT, appelez-le comme vous le voulez.
Il m’arrive régulièrement, et c’est là que j’ai besoin de votre indulgence, de conclure que d’abord je n’en retiens que peu de choses, et en second, que cela n’a aucun intérêt en ce sens que cela n’apporte rien de positif, de constructif ou que cela ne concerne qu’une minorité d’entre nous qui pourrait être informée directement et plus efficacement par d’autres moyens ciblés.
 Mais au-delà de ces images et mots relatant des situations dans le monde, il nous appartient de choisir notre humeur et le comportement en accord avec elle. Le conte moderne proposé dans DRISH 105 est la démonstration de ce que chacun de nous peut faire, à son échelle, dans ce registre, pour le bien de nos concitoyens.

Court ou long terme ?

Le simple fait que la journée mondiale de la gentillesse soit passée inaperçue est la démonstration que mondialement, il est d’autres soucis à gérer …
Et pourtant …
Quant aux structures plus ou moins importantes qui font l’éloge de comportements contraires à l’attitude bienveillante et gentille, elles sont dépassées du fait que leur vision du monde et des relations qui l’animent, constitue une vision à court terme … celle-là même qui est à l’origine d’événements ou situations que tous les humains rencontrent, quelles que soient leurs situations politiques, sociales, professionnelles, culturelles, géographiques  
Et voilà mon lecteur en train de se dire que le rédacteur de ces pages a décidé de verser dans le pessimisme, dans la plainte généralisée, dans le désespoir, dans la sombre résignation.
Alors je vous dois une explication qui reste inutile pour celles et ceux qui me connaissent bien. Dans les faits et au quotidien, je ne suis pas pour un optimisme béat coupé de la réalité du monde. Au contraire, l’optimisme le plus pur, les valeurs les plus sures concernant l’humain ne peuvent avoir de vrai sens et trouver une véritable assise que si on prend soin de dresser un bilan correct et juste de ce qui est et seulement à cette condition.
Le choix de la gentillesse au quotidien relève de la même logique.
Quant au fait selon lequel les événements nous dicteraient notre comportement, il nous appartient de choisir. C’est en cela que la notion de Karma propre à l’Inde enseigne clairement que face aux situations que l’existence nous amène à vivre, nous avons le choix et les moyens de ces choix, mais aussi la liberté de nous laisser porter, ce qui fait alors courir le risque de faire de nous des victimes.

 Et … le Yoga ?
 Oui, parlons-en du Yoga, car si j’ai décidé d’insérer cet article dans la revue, c’est d’une part parce que la journée de la gentillesse est un excellent prétexte pour se réhabituer à cette attitude simplement humaine, voire humaniste et que le Yoga ne lui est pas étranger.
Le Yoga, dépouillé de toute croyance dogmatique et imposée est avant tout une école d’autonomie. Son rapport à l’humanisme est évident en ce sens déjà et aussi si on reprend la définition de ce terme dont on peut dire qu’il est la position philosophique qui reconnaît l'être humain comme valeur suprême, met au premier plan des préoccupations le développement de ses qualités essentielles, fait le choix de défendre la personne humaine dans ses droits et enfin se fonde sur la possibilité de son développement moral, intellectuel, spirituel, matériel.
Comment peut-on évoquer cette dimension sans gentillesse ou bonté ?
Il peut paraître surprenant que le Yoga prône la gentillesse car on envisage souvent cette discipline comme une pratique physique couplée à une vision philosophique riche et plurielle quelquefois guidée rudement par un guru austère et peu sympathique infligeant à ses adeptes les duretés qu’il s’impose à lui-même.
Ceci est partiellement vrai. Partiellement car le Yoga traditionnel compte deux étapes premières en lien direct avec un comportement se situant exactement dans la logique de ce qui nous intéresse ici, et le terme Yoga désigne aussi l’Union vers laquelle chaque sadhak (= adepte se livrant à la discipline) tend de toute son énergie. Quant au guru, il devrait logiquement faire preuve de bienveillance envers celui qui cherche à s’élever, sans tomber dans le piège de la toute-puissance ou du désir de soumettre l’autre comme cela a pu être évoqué parmi les risques décrits dans DRISH n° 97-98 de 2008.
Ainsi, plusieurs principes sont là pour nous orienter vers ce choix de la gentillesse, justement encore plus inévitable parce que les circonstances extérieures sont défavorables.

Ahimsa
Ahimsa est la première valeur à mettre en pratique dans la première étape du Yoga traditionnel.
Ce terme vient de himsa = tuer, et de a, dont le sens est privatif. Ahimsa traduit intégralement, signifie donc : ne pas tuer. Si ce terme est célèbre, c’est grâce à l’œuvre de Gandhi en étroit rapport avec son comportement non-violent : il avait été influencé fortement par les habitants de Porbandar, ville où se trouvaient de nombreux Jaïns et où il séjourna longtemps.
Les Jaïns sont pour une non-violence absolue poussant très loin le respect de la vie. Un des sens de Ahimsa est : ne pas nuire, ce qui, concrètement se traduit par ne pas nuire à autrui et ne pas se nuire.
Mais allons plus loin et observons que cette attitude ne doit pas être considérée qu’en négatif, c'est-à-dire dans le sens de ce qu’il ne faut pas faire. Il faut y voir aussi la volonté de bienveillance envers soi et envers les autres, aussi bien humains qu’animaux, végétaux … La bienveillance doit se faire envers l’ensemble de la Création ou Manifestation.
Si Ahimsa constitue la première valeur inscrite dans le Yoga traditionnel et aussi celle qui guide les pas du pratiquant sur les voies du Yoga, physique et autres, la quatrième est aussi très intéressante et particulièrement importante. Il s’agit de Brahmacharya qui est la vertu consistant à suivre la voie (acharya) de Brahma, premier dieu de la trimurti (trinité hindoue).
Elle consiste à contrôler ses sens et ses passions. Nos sens, en éveil toujours, nous informent en permanence et intègrent des informations dont nous ne devenons conscients, quelquefois, qu’après coup. Dans le sujet qui nous occupe aujourd’hui, cet aspect du Yoga est un guide important puisqu’il incite à veiller aux passions négatives qui seraient nocives pour soi-même comme pour les autres. En effet, laisser ‘monter’ en soi un sentiment négatif influencera forcément le comportement que l’on aura avec l’environnement.
Donc, cultiver la gentillesse passe par le contrôle des sens et des passions.
 Le principe suivant est Aparigraha, le détachement. Sa présence dans le Yoga est essentielle car l’attachement est une spécificité humaine pouvant mener à des excès dans l’esprit de la possession qui nous possède si on n’y veille pas. Or, certains comportements contraires à la gentillesse sont dus à l’attachement matériel, intellectuel, etc. ne permettant pas à l’autre d’évoluer comme il le souhaiterait dans les limites de ce qui est juste et bon pour lui.
Pourquoi évoquer ici ces 3 valeurs parmi les 5 premières, qui ne se traduisent pas par gentillesse, comme on aurait pu s’y attendre ? Simplement parce que la vertu de gentillesse est sous-tendue par d’autres pouvant s’exprimer indépendamment, mais étant bien présentes lorsque s’exprime la gentillesse. Ne pas nuire à autrui, se contrôler et pratiquer le détachement assurent la sincérité de cette gentillesse et son but pérenne.

5 autres clés 
Les valeurs que nous venons de considérer appartiennent à la première étape du Yoga traditionnel : les Yama. La deuxième étape du Yoga traditionnel nommée Niyama comprend elle aussi cinq règles, dont on va voir que chacune a un lien avec la gentillesse.
Shausha est la pureté. Elle concerne bien sûr l’hygiène du corps mais pas seulement : elle exige aussi de veiller à absorber des aliments purs ( !) et aussi de veiller à conserver une activité mentale saine. En clair, nous ne devons pas avoir de pensées négatives envers nos semblables.
Santosha, le contentement nous dicte d’être contents quoi qu’il arrive : cela se rapporte aussi aux personnes rencontrées. On voit immédiatement le rapport à la gentillesse : opter pour le contentement au quotidien rend la vie douce et permet d’accéder au bonheur, au bonheur durable car celui-ci ne vient pas des événements extérieurs, même s’ils peuvent y contribuer. Le bonheur est avant tout une attitude intérieure faite aussi du choix de considérer la vie autrement que ce que nos passions tendraient à nous la faire voir.

 Savoir se contenter …
Les enfants sur le cliché ci-contre sont-ils malheureux ? Ils vivaient sous des toiles tendues sur les trottoirs indiens.
Ce cliché a été pris en Décembre 1989, en plein Delhi, dans une zone défavorisée, au moment où des couvertures étaient distribuées aux sans-abris à cause du froid intense dû aux chutes de neige en quantité sur les pentes de l’Himalaya.
Dans le prochain DRISH, nous terminerons ce sujet et verrons d’autres concepts et textes appartenant au monde du Yoga permettant d’affirmer encore le lien existant entre sa pratique et la gentillesse.
                                               (
… à suivre …)
                                         (NB : cet article est paru dans la revue Drish 106 de 2010, sous le titre : "Allez ! Soyez gentil !... (3)")

Détail des rencontres
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