INSTITUT LEININGER
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- Un bon mental, une bonne philosophie de vie, un corps souple et fort pour mieux vivre sa vie -
"La leçon de silence" de
Maria Montessori
Lors d'une session de
silence (quel régal de ne pas être obligé de parler durant plus
de 24 heures ! ...) au cours de laquelle nous avons pu
nous régénérer par le
silence, nous avons évoqué Maria Montessori,
pédagogue italienne.
Voici un texte qu’elle a écrit et qui vaut la peine d’être
lu et relu.
J'entrai un jour en classe en tenant dans mes bras une petite enfant de quatre
mois que j'avais prise dans la cour, des mains de sa maman. Le petit bébé était
tout serré dans ses langes, comme il était d'usage dans le peuple ; il ne
pleurait pas : sa figure était joufflue et rose. Le silence de ce petit être me
fit une grande impression et je voulus communiquer mon sentiments aux enfants :
"Elle ne fait aucun bruit", dis-je : et j'ajoutai, en plaisantant : "Aucun de
vous ne saurait être aussi silencieux" (je leur montrai que la petite fille
avait les pieds emmaillotés et serrés). Il y eut une véritable
stupéfaction chez les enfants qui me regardèrent, immobiles. On eût dit qu'ils
étaient suspendus à mes lèvres et que ce que je leur disais répondait
profondément en eux. "Mais comme sa respiration est délicate, continuai-je !
Personne ne pourrait respirer comme elle, sans faire de bruit...." Les enfants,
surpris et immobiles, retinrent leur souffle. On "entendit", à ce moment, un
silence impressionnant. Le tic-tac de l'horloge devint perceptible. Il semblait
que le bébé eût apporté une atmosphère de silence comme il n'en existe pas à
l'ordinaire. Et cela, parce que personne ne faisait le plus petit mouvement. De
là naquit le désir de retrouver ce silence ; ils voulurent le reproduire ; ils
s'empressèrent donc, on ne peut dire avec enthousiasme, parce que l'enthousiasme
a en soi quelque chose d'impulsif qui se manifeste à l'extérieur, et que cette
manifestation correspondait, au contraire, à un désir profond ; mais ils
s'immobilisèrent, contrôlant jusqu'à leur respiration. Et ils restèrent ainsi,
dans une attitude sereine de méditation. C'est de cette façon que naquit notre
exercice du silence.
Il me vint un jour l'idée de profiter du silence pour faire des expériences sur
l'acuité auditive des enfants. Je les appelai par leur nom, à voix basse, et
d'une certaine distance. Ceux qui s'entendaient appeler devaient venir près de
moi, faisant le chemin sans bruit. Avec quarante enfants, cet exercice d'attente
demandait une patience que je croyais impossible : j'apportai des confettis et
des chocolats pour distribuer à chaque enfant qui m'arrivait.
Les enfants refusèrent les bonbons.Ils semblaient dire : "Ne gâte pas notre
belle impression ; notre esprit est encore en train de se délecter ; ne nous
distrais pas".
Je compris ainsi qu'ils étaient sensibles, non seulement au silence, mais encore
à une voix qui, dans le silence, les appelait imperceptiblement. Et ils
arrivaient lentement, en marchant sur la pointe des pieds, avec précaution, pour
ne rien heurter ; et l'on n'entendait point leur pas. Il fut clair, par la
suite, que chaque exercice de mouvement dont l'erreur peut être contrôlée -
comme, dans le cas présent, par le bruit dans le silence - aide l'enfant à se
perfectionner. Et ainsi, la répétition de l'exercice peut apporter une éducation
extérieure telle, qu'il serait impossible d'en obtenir une aussi fine par un
enseignement extérieur.
Nos enfants apprirent donc à se mouvoir à travers les obstacles sans les
heurter, à courir légèrement sans bruit, devenant souples et agiles. Ils
jouissaient de leur perfection. Ce qui les intéressait, c'était de découvrir
eux-mêmes leurs possibilités, et de les pratiquer dans ce monde mystérieux
qu'est la vie qui se déroule.
(Extrait de "L'Enfant" de Maria Montessori