INSTITUT LEININGER
Centre de Recherche Indépendant de Yoga Adapté (KRIYA) Ecole de Yoga du K.R.I.Y.A. Pour votre bien-être |
- Un bon mental, une bonne philosophie de vie, un corps souple et fort pour mieux vivre sa vie -
Respiration, silence, refus de
générer du bruit, vigilance envers les mots prononcés, utilisation du sac à
soucis... Voilà M et Mme L. bien munis : ils disposent d'une panoplie de
pratiques qui, sur le temps, vont amener progressivement le changement voulu :
la possibilité de débrayer mentalement et de ne plus être soumis au rythme et
mouvement impétueux du monde moderne et de son tourbillon.
Encore une étape
Parvenir au débrayage mental n'est qu'une étape, importante, certes, mais
incomplète pour au moins deux raisons : il reste encore du chemin à parcourir
avant d'accéder au contrôle de l'esprit, et, pour les Orientaux, cette aptitude
n'est pas seulement un but : elle est une démarche-clé permettant d'accéder aux
étapes supérieures du Yoga qui vise la libération de la condition humaine. Mais
ce premier objectif de maîtrise mentale est-il aisé à atteindre ?
M et Mme L. pourront-ils y parvenir ?
Ah, la vache!..
Il y a quelques années, j'avais évoqué sur ces colonnes, l'art de garder la
vache qui reprend les étapes de l'activité mentale liée aux pratiques
orientales.
C'est un certain K'uo-an Chih-yuän, moine bouddhiste du Xème ou Xième siècle,
qui en a fait la description, reprenant une série de gravures d'un maître Zen
japonais qui avait dépeint la vache devenant de plus en plus blanche avant de
s'effacer complètement, marquant ainsi l'arrivée à l'état de sérénité.
Les bouddhistes, dont l'activité est essentiellement méditative, ont décrit à
peu près la même chose dans ce qu'ils nomment
le sentier de Samatha, où l'on peut voir aussi cette évolution, peu
aisée dans la recherche du contrôle de l'esprit. L'avantage de ces deux
illustrations imagées est de voir comme la maîtrise du mental n'est pas aisée,
du fait des mécanismes empêchant sa fixation. Il faut surtout reconnaître que
cette activité mentale est essentielle à la vie et qu'elle est de ce fait,
naturelle et normale : la vivacité de notre esprit nous assure d'être en vie et
d'assurer les nombreuses activités que nous connaissons au quotidien.
Il faut se souvenir que le Yoga dans son ensemble est une pratique recherchant
l'arrêt : l'arrêt du mouvement, l'arrêt du souffle, l'arrêt du mental dans sa
course incontrôlée, l'arrêt du comportement du commun des mortels, l'arrêt du
Karma, l'arrêt de la succession des vies et des morts ... Le sentier de Samatha
et l'art de garder la vache ont une valeur pédagogique indiquant le cheminement
et ses difficultés tout en maintenant l'espoir de parvenir au but.
On notera qu'il s'agit d'un sentier ce qui signifie deux choses. La première est
qu'on ne parle pas de route ni de voie, même pas de chemin, mais de sentier,
terme auquel on peut rattacher une série d'éléments : le sentier est moins
connu, moins emprunté, et souvent moins régulier et moins entretenu qu'une voie
plus large et plus fréquemment suivie. Il n'en est que plus difficile.
La seconde remarque tient au fait qu'on parle de démarche spirituelle. Les
hindous utilisent des expressions directement liées à la démarche concrète,
comme si, en effet, ce choix nécessitait une réelle mise en route par ces
propres moyens.
Ainsi, le sentier se dit Pâdahati, en langue sanskrite, où on peut reconnaître
aisément la racine Pâda (équivalent du
podo des Grecs), qui est le pied. Ce
n'est pas un fait isolé : chacun des 4 chapitres des Yoga-sutra se nomme Pâda
(Samadhi Pada, la voie vers l'état ultime du Yoga, Sadhana Pada, la pratique de
la discipline, etc.) et les textes contenant les enseignements du Bouddha se
nomment le Dhammapada. L'utilisation du mot
pada signifie bien qu'il y a une réelle mise en route de l'être tout
entier, avec ses propres moyens, à sa vitesse, et de façon régulière, pour un
cheminement pas à pas.
Bonjour Samatha
On notera que le sentier n'est pas en ligne droite, mais plutôt qu'il
présente un caractère sinueux, ce qui marque bien la difficulté d'un tel
parcours comme je l'indiquais plus haut. Le pratiquant tient en main, deux
outils : la hachette et le crochet. Ce dernier permet le rappel, le souvenir de
la pratique, lié à l'expérience, tandis que le tranchant de la
hachette représente l'acuité de l'attention vigilante.
La noirceur de l'éléphant représente la torpeur de l'esprit, véritable obstacle
sur la voie. Quant au singe, il symbolise l'agitation perpétuelle au niveau
mental : souvenons-nous de cette image indienne comparant le mental à un singe
ivre piqué par un scorpion et habité par un démon. Le lapin qu'on trouve sur
l'éléphant à mi-parcours est une torpeur plus subtile pouvant gêner la
progression ; des efforts restent encore à faire, entre autres au niveau de la
vigilance.
Action !
On notera la présence de flammes sur les bords du sentier, et leur
diminution progressive au fur et à mesure de l'avancée. Elles représentent
l'ardeur nécessaire à l'action, l'énergie indispensable pour s'engager et suivre
cette voie difficile. L'habitude ainsi que la progression du pratiquant font
qu'il y a de moins en moins d'efforts à faire, et qu'ils sont inversement
proportionnels au degré atteint.
Au fur et à mesure de l'avancée du pratiquant, on voit sa progression :
l'éléphant blanchit, de même que son compagnon de singe qui peu à peu, devient
moins agité et laisse sa place au moine, avant de disparaître complètement, tout
comme le lapin.
Le calme s'établit peu à peu tandis que l'activité mentale se réduit et se
soumet au contrôle. Bientôt, il ne reste plus que le moine et l'éléphant, côte à
côte et paisibles.
D'autres moyens...
La voie du sentier de Samatha s'adresse à celles et ceux pouvant consacrer
une bonne partie de leur temps à la pratique méditative. Mais alors, qu'en
est-il pour les autres ? Pour M et Mme L. trop pris par le courant de la vie
moderne ?
Quelques pratiques simples permettent de centrer l'activité mentale. Nous y
reviendrons dans le prochain DRISH.
(à suivre...)
Détail des rencontres
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