Après avoir passé 40 jours en Inde, à aimer ce pays, à rencontrer les
gens, à goûter leur chaleur, leur hospitalité et leur sens des affaires,
après avoir pu voir ce que beaucoup refusent, rencontré des enfants
condamnés en bas âge à rester illettrés et à passer leurs jours du lever
au coucher à travailler sans cesse, j'ai écrit ce gui suit.
Non, rien ne sera jamais plus comme avant comme me le dit alors, après
que j'aie passé pour un travail de recherche, trois semaines dans un
hôpital de Delhi, l'un de mes compagnons de voyage qui m'avaient rejoint
pour un court séjour dans une contrée qui m'était déjà devenue si
familière.
J'ai rédigé ces quatrains formés d'alexandrins aux rimes embrassées,
dans l'avion, entre Delhi, Rome et Paris, pendant le voyage de retour au
pays, alors que dans le ciel nous frôlions les nuages.
Retour d'Inde
(Vraiment rien ne sera jamais plus comme avant.)
Tout
comme le brahmane prend le panier d'osier
Pour que les cendres chaudes de l'immolé défunt
Aillent se disperser et ne plus faire qu'un
Avec le Gange immense, le temps a gaspillé
Nos jours et nos minutes, nos heures et nos secondes
Faisant tourner sa roue délicieuse et terrible
Puisqu'elle assure à l'homme certains moments pénibles
Et d'autres merveilleux, chaque instant en ce monde.
Ainsi nous sommes-nous retrouvés tous les six
Après d'affreuses craintes, l'angoisse et puis l'espoir,
Et nous voici ce jour, tout près de l'au-revoir,
Voulant avant la fin dire et réclamer "bis".
Nous nous sommes trouvés à six, je le disais,
Ce qui n'empêcha pas qu'on se trouvât parfois
Debout ou bien couchés selon que l'on en soit
Au jour ou à la nuit, ce qui change l'effet.
Or 6, c'est 1, 2 , 3 ; 1 ancêtre sans âge,
2 jeunes trottineurs et 3 nymphes célestes.
Le 1, tout moustachu, revêtu de sa veste
Noire comme Kali, c'est Tony-bavardage
Nommé ainsi depuis notre séjour en Inde
Par tous les dieux qui ne pouvaient en placer une,
Surya, Brahma, Vishnu, et puis Chandra la lune
Qui quand ils voulaient tous chanter OM afin de
Chanter leur déité et contenir le monde,
Se trouvaient bien gênés parc' que Tony parlait;
Celui-ci brouillait les circuits tout perturbés
De son verbe incessant et du flot de ses ondes.
Les 2 émerveillés aux yeux tout grand 'ouverts,
Tous leurs sens en éveil pour découvrir Delhi,
Khajuraho, Jaipur et puis Varanasi,
Ont plongé leurs regards dans foules et déserts,
Dans la vie et la mort, dans l'eau et dans le ciel,
Dans la pierre et le thé; combien de changements
Dans leur vie respective, se feront dans le temps,
Le cœur en éveil et, les yeux vers l'éternel.
Nos compagnes enfin, au nombre symbolique,
Le trio des 3 Grâces ou de la Trimurti,
La class' quarante et un; c'est mieux que tout ceci :
Une classe infernale aux tendances ludiques,
Une classe sans maître, ni cahier ni école,
Mais ô combien charmante, sympathique et vivante.
Etait-ce un bon choix, toi, à l'allure pimpante,
Que de bien trop manger, pensant qu'à l'autre pôle
L'on perdrait des kilos? Pour trouver un turban?
Et toi dont l'oeil se ferme, visant ton objectif,
Tu nous as bien soignés, des pieds jusques aux tifs;
Tes conseils ont aidé pour aller de l'avant.
Le penseur philosophe, cherchant la vérité,
C'est à toi que je cause, toi dont les mots si vrais
Nous ont souvent forcés à revoir nos pensées,
Et permis des échanges de haute qualité.
Atcha! Ainsi le tour s'achève! Atcha! Atcha!!*
Quand remangerons-nous des "chapati" dorés?
Et quand reverrons-nous les rickshaws décorés?
Seuls Dieu ou bien Shiva le savent bien déjà.
Et quand nous reviendrons, surtout n'oublions pas :
"Rien ne sera jamais plus comme avant". Atcha!!!
Sa 200190. Gill-Eric LEININGER.
* "Atcha" : interjection typiquement hindoue signifiant "O.K., d'accord"
|
|